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CHANSON

ARTHUR H : INTERVIEW AUTOUR DE
SOLEIL DEDANS

Soleil Dedans est le nouvel album du chanteur Arthur H. « Notre vrai pouvoir, c’est la vie intérieure et c’est elle qui apporte l’harmonie dans la vie extérieure. C’est ça le "Soleil Dedans" ». Dès ses premiers disques apparus à la fin des années 80, Arthur H fait souffler un nouveau vent sur la chanson française en la frottant au jazz et à sa liberté. Ses histoires singulières et un peu folle trouvent rapidement un public, ce qui lui vaudra en 1993 une "Victoire de la musique" dans la catégorie « révélation ». À partir des années 2000, sa musique s’oriente vers un créneau musical plus pop. Avec Soleil Dedans, le chanteur propose des mélodies simples avec du soleil dedans, mais aussi du soleil au-dehors.

INTERVIEW ARTHUR H

Étant le fils de Jacques Higelin, vous a-t-il fallu « tuer » le père au sens psychanalytique du terme ?

Arthur H : quand j’étais adolescent et jeune homme, je ne m’identifiais pas du tout au nom d’Higelin. Pour moi, Higelin c’était mon père. Ce qui est assez dur pour les familles de gens connus, c’est qu’un nom c’est collectif, un nom, c’est ton clan, ta famille, c’est une histoire. Et quand quelqu’un est connu, il n’a pas commis de faute, même s’il truste l’énergie du nom. Du coup, le nom n’est plus pour toi. Pour moi, mon nom, c’était Arthur, et puis j’ai mis un « H » pour dire qu’il y avait une filiation… Personnellement, j’ai mis beaucoup de temps à comprendre que j’étais aussi Higelin. Avec Higelin, ce n’était pas que mon père, c’était aussi mon grand-père, ma grand-mère, c’est aussi mes enfants. C’est un lien dans le temps qui n’a, quelque part, pas de début, pas de fin.

© Yeti-Vert - Arthur H (2012 - Festival Chorus)

Navigateur solitaire est l’un des titres de votre dernier album. Je crois savoir que vous êtes parti naviguer pendant trois mois aux Antilles. Vous aviez 16 ans et vous veniez de quitter l’école. Cela a-t-il été un voyage initiatique ?

En fait, j’ai fait une fugue à 15 ans et, du coup, j’ai arrêté l’école l’année suivante au milieu de la seconde. Puis, je me suis retrouvé aux Antilles, du fait que mon père avait loué un bateau. Il était non loin de l’endroit où résidait Coluche. J’habitais à moitié chez lui et à moitié sur le bateau… Et j’y suis resté trois mois.

Vous y avez découvert la vie aussi ?

J’ai rencontré une femme beaucoup plus âgée que moi qui m’a initiée au mystère du sexe, même si, à l’époque, je n’ai pas bien compris grand-chose, il faut l’avouer. Au rhum aussi... J’ai bu un peu de rhum sur la plage à côté d’une grosse « mama ». C’était tellement bon ce rhum ! Bien évidemment, je n’avais jamais bu du rhum dans ma vie, donc en buvant deux rasades, j’étais complètement « perché »…

Vous vous êtes même perché avec d’autres substances, je crois ?

Dans la bande à Coluche ça touchait beaucoup aux drogues. Mais moi, je n’y ai jamais vraiment touché, même si je voulais faire des expériences. Du coup, j’avais goûté aux champignons hallucinogènes. Et c’est aussi ça qui m’avait décidé à rester là-bas… J’avais vu le monde en couleurs et potentiellement magique et pas seulement l’univers noir et blanc auquel j’avais l’impression d’exister.

C’était une vie en accélérée, une formation en accélérée…

C’était le début de ma vie consciente et des premières décisions que j’ai portées tout seul.

Est-ce que vous êtes nostalgique de vos débuts ?

Parfois ça peut m’arriver du fait que j’ai eu plein d’aventures musicales avec des amis, des aventures complètement dingues, des tournées en Afrique, des spectacles rétro-futuristes… En fait, je n’ai pas souvent l’occasion de me pencher dessus parce que je vais toujours de l’avant, et que j’essaye de créer ce qui va me rendre nostalgique plus tard.

Et aujourd’hui, est-ce que vous vous sentez libre ?

Non, j’ai encore beaucoup de travail à faire pour cela. En revanche, j’ai des moments où je me sens libre, et ces moments libres sont plus nombreux qu’avant.


ARTHUR H - NAVIGATEUR SOLITAIRE (LIVE)

À l’écoute du disque, j’ai été surpris car votre voix s’envole dans des contrées jusqu’alors inexplorées…

À moment donné, j’ai compris que l’ablation des testicules n’était pas indispensable…

C’est quand même une bonne nouvelle !

Oui (rires)…. J’ai travaillé ma voix pour qu’elle soit libre. Je n’y suis pas encore, mais j’ai fait des progrès.

(Cadence Info - 03/2015)


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