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CHANSON


HISTOIRE DES BOYS BAND, ORIGINES ET TUBES SUR MESURE

Que sont devenus tous ces fameux boys band des années 90, avec ces garçons tantôt minets tantôt gros bras, qui partageaient leur temps entre séances d’abdos, chant et danse ? Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ils n’ont pas tous disparu. Certains ont même réussi leur come-back comme "Take That" ou "News Kid On The Block", au point de provoquer l'arrivée de nouveaux groupes. Vingt ans après, le même phénomène se reproduit, mais avec quelques nuances...


LES ORIGINES DES BOYS BAND

Les origines des boys band remontent aux années 60 aux États-Unis. À cette époque, les boys band sont synonymes de clan familial. The Osmonds, composé de cinq frères, produisait déjà dans un esprit collectif des chansons gaies et romantiques. Précurseur, ce groupe eut une carrière populaire auprès des ados en participant à des shows télévisés célèbres. Dans les années 70, ils seront le seul groupe de Blancs à concurrencer les Jackson Five, alias les Jackson Brothers. Dans une certaine mesure, les premiers pas de la carrière des Beach Boys et de leur surf music pourraient aussi s’apparenter à ce club fermé : trois frères, un cousin et un ami, l’omniprésence de voix chantées en chœur, une attitude très policée et des chansons pouvant grandement séduire les jeunes filles.

Pour Berry Gordy, fondateur du 'label Motown', les boys band des années 60 seront le fer de lance de la musique noire. The Foor Tops et The Jackson 5 constitueront le socle de cette nouvelle approche musicale. Un pur produit commercial certes, mais pas seulement. Les artistes constituant ces boys band ne sont pas des produits fabriqués de toutes pièces. Jeunes ou pas, ils ont une culture musicale et savent jouer le plus souvent d’un instrument. Un mur sépare ces groupes des années 60 avec ceux qui viendront plus tard, et dont le management n’aura pas les mêmes objectifs.

Ce constat nous conduit aussi en Angleterre, du côté des Beatles. Doit-on les considérer comme un boys band ? Si l’on s’en tient seulement à l’énorme popularité des quatre de Liverpool, de l’effervescence et des cris qu’ils suscitaient, alors oui, c’était bien un boys band. C’est d'ailleurs en observant leur incendiaire popularité, absolument incontrôlable, que les maisons de disque vont avoir des idées.

Ce groupe de rock a montré la voix en n’étant pas seulement un phénomène artistique, mais aussi un produit de marketing qui faisait bouger les repères de la société de consommation, notamment en raison du nombre important de produits dérivés qu’ils ont indirectement engrangés : services de table, vêtements, films, etc.

Très rapidement, une stratégie se met en place. Des groupes surgissent très rapidement. The Monkees sera le premier à être fabriqué de toutes pièces en 1966. À la télévision, ils jouent d’un instrument alors qu’en réalité aucun d’eux n’est vraiment musicien. Ils apprendront à se perfectionner au fil du temps, à chanter juste, à se déplacer en rythme... Séries télévisées et produits dérivés les devanceront comme des produits prêts à l'exportation. The Monkees répondent à une demande, celle d’un jeune public en quête de nouveautés et de légèretés. Pour beaucoup de spécialistes, le premier boys band manufacturé, ce sont eux.

L’appellation « boys band », on la doit avant tout à la demande d’un imprésario ou d’un manager qui a décidé de sélectionner des garçons en vue de plaire principalement aux filles. C’est durant la décennie 80 qu’apparaîtront les premiers jeunes garçons qui chanteront et danseront dans un cadre prédéterminé et calculé pour que « cris » et « ventes » riment ensemble.

Parmi les pionniers citons les New Edition où chante un certain Bobby Brown, le futur mari de Whitney Houston, et les Menudo, groupe porto-ricain adulé comptant dans ses rangs un tout jeune bambin, Ricky Martin. Le phénomène devient rapidement planétaire ; même les Russes s’y mettent en produisant les Steklovata, dont le style est presque un copier/coller de ce qui se fait aux Etats-Unis, mais avec des moyens plus limités.

Au milieu des années 90, un autre boys band américain va marquer les esprits : les New Kids On The Block. Ils n’ont que 15 ou 17 ans, mais déjà, dans les interviews, ils ne manquent pas d’aplomb : « Nous sommes jeunes, dynamiques, nous présentons bien et nous aimons les filles. ». Apparemment, rien ne dérange dans cette imagerie bon enfant. Tout est pourtant surfait, fabriqué, et on serait bien en peine de savoir pourquoi ce qui a toute l’apparence du « toc » fonctionne aussi bien ? Quelle est la part d’intox dans tout cet artifice ? Dans les interviews, les réponses de leur incroyable rencontre comme de leur réussite semblent être cousues de fil blanc : une osmose magique qui produit une superbe entente et des projets en commun… alors que tout se passe dès le départ par un casting imposé, scientifiquement réfléchi.


LES BOYS BAND, UNE QUESTION DE CHIFFRES ?

Au nombre de cinq, les Jackson 5, les Osmonds ou les New Kids On The Block, ont en commun ce chiffre porte-bonheur. Si, par la suite, quelques boys band existeront à trois, cinq parais être un bon chiffre. Cela permet d’aligner des physiques différents, des voix différentes, mais aussi des types d’hommes significatifs : le lover ou playboy, le costaud, l’intello, le timide ou réservé, et enfin celui qui doit créer la surprise ou l’étonnement en ayant soit une couleur de peau différente, soit un look à part. Ce micro-panel artistique, qui vise à toucher un public le plus large possible, doit être toutefois scéniquement homogène. Il n’est donc pas facile de constituer un boys band sans avoir accompli en amont un casting sévère.

Sur scène ou dans les shows télévisés, le spectacle doit être très bien rodé. La mise en scène de chaque membre du groupe joue un rôle capital. Le physique étant un élément important dans les boys band, les « plus beaux » seront mis en avant durant les chorégraphies, tandis qu’à d’autres moments, pour donner le change, ceux qui étaient derrière passeront devant pour un chorus de guitare ou un pas de danse solo. Tout se passe dans un esprit démocratique à la manière d’un vase communicant. Cette attitude est d’autant plus importante qu’elle préserve l’équilibre et l’entente entre les différents membres du groupe.


LE PLUS IMPORTANT : FABRIQUER UN TUBE SUR MESURE

Une fois le casting réalisé et après quelques réunions pour mettre au point les derniers détails, encore faut-il avoir une musique "ad hoc" qui soit en mesure de produire le tube de demain ! Comme chacun sait ou devrait savoir, chanter est une profession. Ce n’est pas en appuyant sur un bouton magique que l’on saura chanter juste, créer des harmonies, poser sa voix ou contrôler sa respiration. Mais, mais et encore mais, bien souvent dans le domaine du son, la supercherie est souvent là (par exemple, les harmoniseurs qui facilitent grandement la fabrication de chœurs). Il règne un fossé énorme entre ce que l’on entend et ce qui est réellement produit par les artistes depuis que le tout numérique a franchi le seuil de studios.

En ce sens, les groupes préfabriqués comme les boys band répondent toujours présent quand il s’agit de s'entourer d’artifices. Si vous éliminez les clips et les passages télévisés où le play-back est toujours présent, que reste-t-il ? La scène. Et la scène, que propose-t-elle au jeune public ? Un grand spectacle avec un tour de chant impeccable, avec un boys band qui continue de danser et de sauter avec le sourire aux lèvres. Autant le dire tout de suite, la supercherie relève de l’exploit. Malgré leurs faiblesses artistiques, de nombreux boys band produiront un spectacle d’un niveau supérieur à n’importe quelle comédie musicale rodée !

TEXTES ET CLIPS

Ensuite viennent les chansons. Le principal sujet abordé est l’amour, toujours l’amour. C’est le maître mot. Les textes possèdent un contenu hautement symbolique qui ne fait aucun doute quant au public visé : les adolescentes. « Baby, I Love You, Je t’aime, Je t’en prie reviens. » pourrait bien devenir les paroles du refrain. Un vocabulaire volontairement restreint qui doit toucher le cœur des jeunes filles. Un appel qui montre la fragilité du garçon et qui place la jeune fille dans une position de consolation. Le beau jeune homme est libre, célibataire, mais malheureux. Il doit faire rêver la jeune fille même si, finalement, le garçon est un tombeur qui lance des mots désespérés accompagnés de quelques signes de la main pour tromper son monde. À la fin, il doit exister chez lui une once de potentialité indiquant à la jeune fille que son cœur est toujours à prendre.

Plantons à présent le décor. Pour renforcer la crédibilité du texte de la chanson, la mise en scène des clips place très souvent le boys band dans un espace où règne un profond sentiment de solitude. Le groupe doit être montré sans aucune fille à l’horizon. Une plage désertique, une cave sombre ou un hangar désaffecté fera l’affaire. Le lieu doit être aussi misérable que possible, mais sans que l’image, le look du groupe n’en soient vraiment altérés. Dans aucun clip, vous ne verrez un des membres apparaître en haillons. Dans toutes les circonstances, ils conservent tous leur élégance. Après tout, ce n’est qu’un chagrin d’amour, et ce chagrin d’amour ne doit jamais montrer la véritable misère. Elle n’attire pas la sympathie, la misère, c’est bien connu ! Le chagrin d’amour, c’est OK, mais avec des réserves.




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