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MUSIQUE & SOCIÉTÉ

LA CULTURE NUMÉRIQUE, RÉVOLUTION DU 21e SIÈCLE

Voici quelques réflexions sur un rapport provenant du ministère de la Culture (les pratiques culturelles des Français) ; une sorte de radiographie des goûts et tendances, toutes générations confondues, concernant les différentes formes artistiques et les nouvelles technologies Quelles sont les disciplines artistiques les plus courues ? Quel est l'impact du numérique ? Quelle est la musique préférée des Français ? Etc. Ce rapport coédité par La Découverte et le Ministère de la Culture date de 2008, mais n'a été rendu officiel que bien plus tard, en décembre 2009, date de la mise en ligne de cet article. L'analyse et les observations présentées ici cherchent à mettre en lumière les différents risques courus dans le domaine de la culture vis-à-vis du numérique et de l'utilisation de ses outils (Internet, réseaux sociaux, etc.)


LA PLACE DU NUMÉRIQUE ET D'INTERNET FACE À LA TÉLÉVISION ET AUX AUTRES MÉDIAS

Le numérique, ce nouvel accès à la culture, a bouleversé les habitudes des consommateurs. Alors qu'en 1997, l'ordinateur et l'Internet étaient encore en sommeil (un ménage sur cinq possédait un ordinateur et 1 % des Français surfaient sur Internet), aujourd'hui c'est le grand "boum", l'explosion : deux tiers des familles sont équipés d'un ordinateur et plus de 50 % possèdent déjà une connexion Internet haut-débit. Comme tout nouveau support pénétrant au cœur des foyers, celui-ci entraîne de nouvelles habitudes comme le temps passé devant l'écran : 31 heures par semaine, tous écrans confondus !

© pixabay.com

À la maison, c'est la radio et la télévision qui cèdent le pas face à leur concurrent direct… l'ordinateur. En revanche, à l'extérieur, concernant la fréquentation du cinéma, du théâtre, des concerts ou des musées, rien ne semble vouloir déstabiliser les habitudes des Français. C'est dans la jeune génération (- 35 ans) que les changements sont les plus importants :

  • En baisse : les livres et les journaux, mais également les musées et les concerts de musique classique.
  • En hausse : les musiques et les films anglo-saxons.

Dans les années 1960, l'arrivée de la télévision, du tourne-disque, des radios à transistor, de la parution du premier magazine populaire pour les ados "Salut les copains" comme de l'arrivée de la mini-jupe marque un premier tournant de la révolution culturelle et des débuts de l'émancipation sociale. Encore hésitantes et balbutiantes, les technologies marquantes du 20e siècle vont se répandre à partir des années 1970 avec notamment la multiplication des chaînes télévisées, l'arrivée de la cassette audio, puis plus tard de la vidéo.

Dans les années 1980, en parallèle de la démocratisation de la musique et de son enseignement, les baladeurs voient le jour et les premiers ordinateurs de bureau commencent à trôner un peu partout. Tout ce déploiement de possibilités technologiques, tous ces nouveaux moyens de communication mis en place depuis 30/40 ans ne sont rien par rapport au puissant coup d'accélérateur provoqué par l'arrivée du numérique et de l'Internet haut débit au début des années 2000. Certes, pour la génération des plus de 40/50 ans, cette nouvelle "possession technologique" a provoqué un tel changement, qu'il faut soit s'adapter, soit prendre le risque de se retrouver complètement dépassé.

Internet n'évite pas les effets de mode. Allons-nous découvrir d'ici à quelques années de nouveaux rapports avec la culture... encore plus révolutionnaire ?


LA CULTURE VIA LE NUMÉRIQUE, UNE HISTOIRE DE GÉNÉRATIONS

La révolution numérique ne concerne pas ceux qui sont nés avant la seconde guerre mondiale. Habitués très tôt à la lecture et à l'utilisation du papier, presque toute la connaissance culturelle disponible chez eux s'appuie sur ce dernier support. Pour trouver d'autres moyens de se cultiver, le cinéma, le théâtre, les lieux de spectacles et les musées leur tendent les bras. À cette époque, tous les centres culturels sont très populaires. Cette génération qui a grandi avec la TSF, n'a découvert la télévision qu'à l'âge adulte. Pour les ados, la musique rock n'est pas encore née et celles qui sont en vogue, comme la java, la valse ou le tango, sont très éloignés de la révolution musicale qui va succéder dans les années 1950/1960 et qui va changer bien des habitudes !

La génération du baby-boom est la première à véritablement profiter de la révolution culturelle des années 60. En France, celle qui a vu le printemps 68 vit un tournant majeur. La musique pop porte en elle des messages de contre-culture auxquels s'identifient de nombreux ados. Le livre et les journaux restent encore un moyen de communication essentiel, un moteur culturel continuant à orienter et à conseiller.

Ceux qui ont aujourd'hui 40/50 ans ont vécu les transformations du paysage audiovisuel des années 1980, celui des programmes télévisés enregistrés sur magnétoscope ou celui de l'indépendance musicale avec baladeur et casque sur la tête. Les prix en forte baisse ont contribué à cet engouement pour les nouvelles technologies. Après la voiture, elles deviennent le nouvel enjeu économique et social de la fin du 20e siècle. Les années 1960 proclament l'ère de la télévision, celles des années 1970, la chaîne Hi-Fi, quant aux années 1980, elles encensent le magnétoscope et la vidéo à domicile. Bien que surfaits et parfois inutiles, ces biens matériels participent directement ou indirectement à la révolution culturelle, précédant celle du numérique. En musique, le matériel se démocratise également. Grâce aux importations made in USA ou made in Japan, s'acheter une guitare de marque n'est plus réservée aux plus fortunés. Le synthétiseur, qui hier encore était d'un prix inabordable, devient un instrument populaire qui est propulsé au centre de nombreuses productions musicales à la mode.

La dernière génération, celle des moins de 30 ans, a grandi avec la toute puissance du numérique. Les nombreux objets/outils qui envahissent les chambres (ordinateur, console de jeux, téléphone portable, etc.) deviennent incontournables au même titre que la poupée ou le gros nounours ! Aujourd'hui le courriel remplace progressivement l'usage des lettres (sauf celles administratives), seule la carte postale des vacances résiste, mais pour combien de temps !

Et la télévision ? Elle n'a plus la cote auprès des ados. La durée moyenne d'écoute est passée de 18 à 16 heures par semaine au profit des nouvelles technologies. Quant à la lecture des livres, elle diminue proportionnellement avec le nombre d'heures passées devant l'écran.


ET UN TÉLÉPHONE DE PLUS… UN !

Les appareils nomades, qui hier permettait seulement d'écouter la radio ou sa musique préférée, sont aujourd'hui capables d'aller bien au-delà et de répondre à de nombreuses attentes : la multiplication des supports culturels, la communication interpersonnelle et même le commerce en ligne ! Presque tous les enfants et adolescents ont été conquis par ces nouveaux supports pratiques et si légers que l'on oublie souvent leur toute-puissance et parfois leur danger.

"Qui est "In", Qui est "Out" ?" chantait déjà Gainsbourg dans les années 1960. La ringardise n'a pas attendu l'arrivée du numérique ! Chez les ados, toute nouvelle technologie entraîne des comportements. Ces comportements devenant à leur tour une norme, un langage avec ses propres codes et leurs propres pratiques rituelles. Le commerce, jamais en retard sur les événements, reprend à son compte et à coup d'arguments savamment calculés la bonne façon de récupérer un maximum de client ados. Ces arguments sont tellement orientés "jeunes", qu'ils donnent le sentiment aux anciennes générations d'avoir été mis sur la touche !

Ne pouvant plus se passer de ces outils dans le quotidien, la nouvelle génération serait-elle en perdition ? À défaut de se trouver dans le cartable ou dans sa poche, le téléphone portable se colle à l'oreille, dans la rue, dans le bus ou chez soi. De même, face à l'ordinateur, le visage collé devant l'écran durant des heures, l'addiction, les problèmes de vues guettent, car la dépendance n'est pas loin. La console de jeux avec ses joysticks crée des experts en maniement de boutons… mais dans quel but ou pourquoi faire ?

Si tous les ados ont grandi avec ces objets, quel regard portent-ils sur cette technologie ? Un regard critique, j'en doute… un regard objectif… pas le temps d'y penser ! Alors, qui doit élever leur esprit critique ?… L'éducation nationale ? Pourquoi pas ! Encore faudrait-il qu'elle soit apte à vivre avec son époque, ce qui, pour le moment, reste à démontrer.

L'Internet ?… une solution, mais pas dans l'immédiat. Il faudra encore beaucoup de temps pour qu'un ménage naturel s'opère entre les sites communautaires, les sites d'information et les sites de commerce. La nuance a ici toute son importance, car pour le moment la majorité des internautes s'intéresse davantage à la forme qu'au fond. C'est le côté pratique qui l'emporte, pas nécessairement le côté pédagogique et instructif. Pour stimuler un processus de réflexions auprès des ados, voire des adultes, il serait nécessaire qu'un plus grand nombre de spécialistes s'impliquent, répondent et conseillent la nouvelle génération dans des domaines qui leur sont proches : musique, mode, sport, philosophie… Si l'on observe la direction prise actuellement par ce nouvel outil, on s'aperçoit qu'il est commandé plutôt par le profit et l'appât du gain que par l'élévation de l'esprit et de la réflexion (sans pour autant que cela devienne ennuyeux). Ne serait-il pas plus judicieux d'imaginer plusieurs "Internet spécialisés" plutôt que d'assister à une foire d'empoigne où le plus malin, le plus puissant s'impose et en impose ! Les moteurs font la loi et tous ceux qui les alimentent suivent ou subissent. Le danger à ce cheminement technologique, c'est qu'il n'existe pas pour le moment d'autres alternatives.



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