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JEAN-JACQUES PERREY, UN AVANT-GARDISTE DU SYNTHÉTISEUR

« Avant les synthétiseurs, avant les sampleurs, avant les ordinateurs, un Français a fait de la musique pop électronique. » Ovation pour Jean-Jacques Perrey dans un amphi plein à craquer de trentenaires rigolards. C'était au festival d'art numérique Transmediale de Berlin, en janvier 2007. L'inventeur de la « happy music » et des « crazy loops » donna une conférence de sa rocambolesque carrière, en compagnie de sa mascotte, DJ Mickey Starr, un éléphant en peluche qu'il consulte régulièrement.


JEAN-JACQUES PERREY, UNE CARRIÈRE INSOLITE

Jean-Jacques Perrey, qui a sorti un album avec l'Américain Dana Countryman en 2007, aime à raconter ses cinquante ans d'expérimentations joyeuses, au rythme de ses hymnes électro pop kitsch : « La meilleure musique est celle qui plaît aux enfants, celle qui rend heureux et qui donne envie de danser », avait-il déclaré lors de la conférence des Transmediale de Berlin devant un public complice.

La vie de l'étudiant en médecine, accordéoniste amateur, bascule en 1953 quand il entend sur Radio France les sons bizarres de l'ondioline, ancêtre du synthétiseur qui permettait de reproduire les sons d'un violon sur un clavier. Fasciné, Jean-Jacques Perrey appelle la radio et obtient le numéro de téléphone de son inventeur, Georges Jenny, qui accepte de lui prêter un instrument. Jean-Jacques Perrey, l'autodidacte, devient alors le démonstrateur de cet instrument inouï qu'il présente dans des foires à travers toute l'Europe.

Jean-Jacques Perrey accompagne le "chanteur fou" Charles Trenet en concerts et se fait repérer par Piaf. La môme de Ménilmontant lui fait enregistrer une démo et, plus tard, il reçoit des billets pour New York, invité par le producteur Carroll Bratman qui le prend sous son aile.

La carrière de Jean-Jacques Perrey décolle. Il multiplie les apparitions à la télé et les Américains s'en entichent. Même Dali le reconnaît dans la rue et s'esbaudit sur son travail. Un soir, Jean-Jacques Perrey lui fait écouter Flight of the Bumblebees, adapté de l'œuvre de Rimski Korsakov à partir de vrais sons de bourdons enregistrés, réalisée à partir de bouts de bande qu'il a collé à la main pendant trois jours. « Il est resté immobile puis a bondi et s'est exclamé :"C'est inconcevable, vous êtes fou" », aime à raconter Perrey.

Ancien élève de Pierre Shaeffer, Jean-Jacques Perrey est le premier à appliquer le cut-up à la musique pop électronique, contre l'avis de l'inventeur de la musique concrète, qui estime que cette technique est réservée aux musiques « sérieuses ». Le conte de fée continue, Perrey rencontre Walt Disney qui l'emmène à Hollywood pour faire les bandes sons de ses dessins animés.

Pubs, ballets... Parallèlement, Jean-Jacques Perrey se met au synthé Moog, devient un proche de Bob. Il sort Mood Indigo sur lequel figure le tube E.V.A., sans doute l'un des morceaux les plus samplés de tous les temps. En 1970, Jean-Jacques Perrey retourne en France et va voir Barclay ses albums sous le bras. Mais personne ne le connaît ici et ne s'intéresse à sa musique. Le musicien recommence à zéro, travaille pour la radio, sonorise des pubs ou des ballets. Il est sorti du placard dans les années 90 par des bricoleurs sonores, comme Air, Luke Vibert ou Chazam... Jean-Jacques Perrey est vraiment un monument à découvrir !

Par M. Lechner

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