L'info culturelle des musiques d'hier et d'aujourd'hui

ROCK, POP, FOLK, ELECTRO...


LES INNOCENTS PORTRAIT COME-BACK : COULEUR MANDARINE

Les innocents est l’un des grands groupes français de musique « pop » apparu dans les années 80. Après quinze d’absence, J. P. Nataf fondateur du groupe et Jean-Christophe Urbain ont décidé de relancer son histoire. L’album Mandarine réalisé en 2015 est le témoin privilégié de ces retrouvailles.


LES INNOCENTS COME-BACK

Élevé au biberon de Gilbert Bécaud et des Beatles, Jean-Philippe Nataf découvre à l’adolescence le rock de Deep Purple. Complexé par son faible niveau musical, l’arrivé de la musique punk et de son anarchie sonore va musicalement le libérer et lui permettre d'aller de l’avant.

Il fonde un premier groupe qu’il baptise Les Privés. Celui-ci change de nom en 1982 pour devenir Les Innocents en hommage au groupe punk The Clash. Outre J-P. Nataf qui écrit la plupart des titres, le groupe comprend alors Bertrand Sansonetti à la guitare, Rico à la basse et Pierre Morin à la batterie. Jean-Christophe Urbain ne rejoindra Les Innocents comme claviériste qu’à l'occasion de leur passage au Palace quand Bertrand Sansonetti quittera le groupe.

Pour eux, le succès arrive à l’occasion de Jodie, une chanson vaguement inspirée de Nightshift des Commodores. Le single parait en 1986 chez Virgin et se voit aussitôt truster par les radios FM. Le titre se hissera dans les hauteurs du Top 50 et se vendra à plus de 150 000 exemplaires.

En 1989, leur premier album Cent mètres au paradis se vend modestement. La tournée qui s’ensuit rapproche Jean-Philippe Nataf et Jean-Christophe Urbain. Les deux hommes ont en point commun de posséder des voix qui s’harmonisent très bien ensemble.

Trois ans plus tard, le groupe confirme sa singularité à travers ses harmonies heureuses et sa façon unique d’assembler les mots de la langue française. L’autre Finistère issu de l’album Fous à lier (1992) leur permet de s’affirmer musicalement et de doper leur vente (500 000 exemplaires seront vendus). « À cette époque, nous avions lâché notre public underground du rock avec le Top 50. On ne faisait pas non plus des chansons qui pouvaient passer sur des radios pour les ménagères. On était un peu nulle part. Finalement, cela s’est retourné et c’est peut-être ça qui a fait la singularité du propos… Chez nous, ce sont nos chansons qui sont les stars. » raconte Jean-Philippe Nataf. Deux ans plus tard, la personnalité du groupe sera récompensée par une Victoire de la musique.

Sans rival direct, leur ligne mélodique « pop » et chic déroule le tapis rouge quand ils publient leur troisième album Post-partum en 1995. Le groupe prend de la hauteur et chante avec ironie Un monde parfait : « C'est un monde parfait / Presque aussi parfait qu'il est plat / C'est un monde parfait / Mais on est bien au-dessus de ça. ».

L’année qui suit la parution de leur quatrième album, Les Innocents en 1999, le groupe décide de se séparer. La lassitude et les crises d’ego ont raison de leur désir de continuer ensemble. Chacun vague ensuite à ses occupations. Jean-Philippe Nataf continue une carrière solo et enregistre deux albums plutôt réussis (Plus de sucre – 2004 et Clair – 2009). Jean-Christophe Urbain collabore avec ce dernier pour l’album Clair, mais compose et produit aussi un album pour sa compagne Jil Caplan.


LES INNOCENTS : HARRY NILSSON

Les deux amis ne se sont jamais vraiment perdus de vue. Leur retrouvaille est officialisée à l’occasion d’une tournée effectuée en 2013. La joie de rejouer ensemble était bien présente. Jean-Philippe Nataf : « Se réunir à nouveau a demandé du temps, mais le désir était là. Toutefois, il fallait faire le point et reconstruire… ». Aujourd’hui, l’inspiration est toujours intacte et la passion des premiers jours retrouvée. Leur album intitulé Mandarine l'atteste assurément.


L'ALBUM COULEUR MANDARINE

Même s’ils ne sont plus que deux, l’âme musicale créatrice et salvatrice est toujours sur orbite. Prédominance des guitares sèches, voix en harmonie sur tous les titres, l’approche instrumentale est nettement acoustique. Mandarine sent bon le folk fait maison, avec ici une pointe d’intonation à la Arlo Guthrie quand ce n’est pas Dick Annegarn ou du Simon & Garfunkel, voire du McCartney.

L’album Mandarine cherche à nous bercer. Les voix des deux amis nous enveloppent de leur douceur et nous emportent. Un titre plus rythmé se détache, Love qui peut. Cependant, l’ensemble du disque ne court pas après les mêmes recettes que par le passé. Les mélodies sont fouillées et ne se livrent pas totalement dès la première écoute. C’est parfois bon signe. Malheureusement, faute de comprendre l'intonation de certains mots, il est regrettable que des textes au sens énigmatiques ne le deviennent encore davantage (Les philharmonies martiennes est l’exemple le plus frappant). Un problème de mix, peut-être une recherche de style dans l’écriture qui rend le discours moins intelligible ? En tout cas, certains textes demeurent bien trop mystérieux pour y adhérer les yeux fermés. Dommage, car le travail de recherche effectué sur les voix y perd au change, et c’est d’autant plus regrettable quand les chansons sont finement arrangées.

L’album a été enregistré dans deux studios situés à Paris, Le Garage et Ferber et édité sur le label Jive Records.


Titres contenus dans l'album Mandarine

  • Les Philharmonies martiennes
  • Love qui peut
  • Les Souvenirs devant nous
  • Harry Nilsson
  • Petite voix
  • Floués du banjo
  • J'ai couru
  • Erretegia
  • Oublier Waterloo
  • Sherpa

Se tenir informé de l'actualité des Innocents


Par Elian Jougla (Cadence Info - 02/2016)


RETOUR SOMMAIRE
FB  TW  YT
CADENCEINFO.COM
le spécialiste de l'info musicale