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MUSIQUE DE FILMS

LES CONCERTS DE MUSIQUE DE FILMS ET SES GÉNÉRIQUES

La musique de cinéma cherche aujourd’hui une autre vie en dehors de l’écran. Pour donner suite à un succès cinématographique, à l’occasion d’un festival consacré au 7e art ou en hommage à un compositeur, des concerts de musique de films sont organisés et rencontrent un certain succès…


LE COMPOSITEUR À L’AMENDE

Sortie de son contexte, la musique de cinéma a longtemps été considérée comme une musique ennuyeuse autant par les gens du métier que par le public. À l’écoute, beaucoup de personnes vous diront que sans l’appui d’images, de nombreuses bandes sonores perdent de leur charme, de leur puissance évocatrice ou pire encore, qu'elles deviennent des suites de lignes mélodiques et harmoniques sans queue ni tête.

Il est évident que pour le compositeur, la musique de films ne repose pas sur une totale liberté d’écriture. Son imagination, hormis les génériques, est bridée par la toute puissante image dont il est le fidèle serviteur. Contraint par un minutage précis, la construction musicale est d’autant plus difficile qu’au moment où pourrait naître une suite logique à une mélodie, le plan suivant impose l’arrêt de celle-ci quand ce n’est pas un changement brutal de ton, passant du son sirupeux des cordes à des percussions très agressives.

Tous ceux qui ont écouté - non pas les génériques -, mais les musiques de « second plan » conviendront que les changements de climat dans la musique de films sont fréquents. C’est même à cause de ces traits de caractères si particuliers que l’on est en mesure de saisir toute la personnalité de certains compositeurs : Jerry Goldsmith, Ennio Morricone, Jerry Fielding, par exemple.

Pour construire son fil d’Ariane, la musique de films a façonné depuis ses origines tout un catalogue de clichés sonores reconnaissables et que les compositeurs utilisent de temps en temps pour habiller le cœur de leurs orchestrations. Péplum, western, science-fiction, guerre, polar, comédie, tous les styles de cinéma utilisent des musiques d'emprunt. Des repères sonores évidents qui facilitent le travail de recherche ; d'un côté les musiques traditionnelles, ethniques et classiques, et de l'autre l'utilisation d'instruments que la situation ou l’époque exigent. Ces clichés, rarement à contre-courant, aident aussi à conforter et à baigner les oreilles du spectateur dans un univers immédiatement identifiable. Tout le monde y trouve son compte sauf la musique de films qui reste ainsi au rang d’illustration sonore, n’ayant jamais droit à une tout autre position dans l’échelle des valeurs artistiques.


LES GÉNÉRIQUES FONT LEUR ENTRÉE

Pour que la musique de cinéma vive dans une autre dimension, pour qu’elle existe en tant que musique de concert et qu’elle attire un public, les programmes font généralement la part belle aux thèmes populaires. Lors des concerts de musique de films, ce sont souvent les génériques qui sont utilisés. Ce choix n'a rien d'étonnant, car c’est à travers ces quelques minutes servant d’introduction ou de conclusion au film que le compositeur s’exprime pleinement, avec la plus grande liberté. Revenant en leitmotiv, la mélodie du générique a aussi son utilité dans le reste de la bande son. Habillée de différente façon, elle sert de fil conducteur tout au long du film et permet d’asseoir avec plus de force la personnalité du compositeur et ses dispositions en écriture.

Dans ces nouveaux types de concert qui mettent à l’honneur la musique de cinéma, on constate fréquemment que la popularité d’une musique coïncide avec celle du film qu’elle illustre, cependant, dans les faits, cette perspective liée au succès du box-office dessert plus qu’elle ne sert le compositeur qui, pour des dizaines de musiques écrites, se voit récompenser ou remarqué que pour une ou deux. L’extrait du concert qui suit illustre parfaitement mon propos. Chaque année à Munich, la Radio-Télévision bavaroise termine sa journée « Film Ton Art » par un gala de musiques de film.

Filmé en juin 2012, ce concert s’est déroulé au Circus Krone dont la piste avait été transformée en salle de concert et de cinéma. Placé sous la direction de son chef principal Ulf Schirmer, le "Münchner Rundfunkorchester" a enchaîné une suite de tubes immortels accompagnés d’arrangements revus pour l’occasion.


ELMER BERNSTEIN : LES SEPT MERCENAIRES (générique)

Pour renforcer le dialogue musical et plonger le spectateur dans l’ambiance, des écrans panoramiques étaient présents derrière l’orchestre. Le fil conducteur de cette édition avait été les « héros », une thématique intemporelle du septième art. Le programme, malheureusement conventionnel, laisse peu de surprises : Henry Mancini pour La Panthère rose, Lalo Schifrin pour Mission impossible ou Ron Goodwin pour Miss Marple. Ensuite le thème des James Bond, la chanson de Paul McCartney Live and Let Die et la musique de John Williams pour Harry Potter.

Seule attraction originale, la présence de la compositrice britannique Rachel Portman, première femme à avoir remporté un Oscar de la meilleure musique de film, et récompensée en juin 2012 par un « Look and Listen » décerné conjointement par la Télévision bavaroise et le distributeur Telepool.

Par Elian Jougla (Cadence Info - 02/2016)


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