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SON & TECHNIQUE


LE BALADEUR PONO DÉCLARE LA GUERRE AU FORMAT MP3

Le musicien de country Neil Young lancera pour la fin de l’année 2014 un nouveau baladeur, le Pono. Cet outil nomade offrira une qualité de son exceptionnel, bien supérieur au désormais classique MP3. L’engouement suscité par le projet et les fonds déjà recueillis laissent entrevoir quelques espoirs de réussites…


NEIL YOUNG ET LE PROJET 'PONOMUSIC'

Pour Neil Young, le projet du Pono (qui signifie ‘droit’ en langue hawaïenne) a été longuement mûri. Il est légitime pour un chanteur ou un musicien de voir ses œuvres fidèlement reproduites. Pour bâtir un tel projet, le site participatif Kirkstarter a été mis à contribution et a permis de réunir à ce jour plus de 6 millions de dollars auprès de 18.000 internautes. Un record qui dépasse de loin la somme espérée (800 000 dollars). Le surplus doit permettre un développement plus rapide du site en ligne (un catalogue conséquent est prévu) et la fabrication d’un nombre plus important de lecteurs.

L’objectif du projet ‘Ponomusic’ est d’associer conjointement à un baladeur numérique high tech, l’achat de chansons enregistrées en qualité ‘studio master’. Neil Young le proclame : « Avec Pono, vous écouterez exactement ce qu’on a entendu. Cela ressemble au moment où l’on s’expose aux vifs premiers rayons de soleil après avoir passé la journée enfermée dans un cinéma ». Mais attention, pour que ce vœu se réalise, il sera nécessaire que le fichier lu reproduise fidèlement la source d’origine, mais aussi que les transducteurs soient au top, ce qui nécessitera un investissement financier supplémentaire.

Côté catalogue, plusieurs millions de titres sont déjà prévus. Pour des raisons de disponibilités, c’est la qualité CD (44,1 kHz) qui sera pour le moment majoritaire. Les concepteurs du projet espèrent inciter la plupart des labels à masteriser les enregistrements avec la qualité ‘studio master’. La musique sera vendue au format Flac (le Free Losseless Audio Codec ne compresse pas les sons et offre six fois plus d'espace pour les informations musicales). Ce format est déjà compatible avec de nombreux outils nomades. Enfin, pour le moment, et contrairement à l’iTunes d’Apple, il n’est pas prévu de protection DRM.


QUI PEUT LE PLUS, PEUT-IL LE MOINS ?

Le projet est ambitieux, cependant, ce n’est pas parce qu’on s’appelle Neil Young que forcément un projet musical, ou comme ici un outil de haute technologique, saurait être synonyme de réussite commerciale. Rien n’est moins sûr. D’ailleurs le MP3, que l’artiste critique ouvertement, a été conçu pour réduire la taille des fichiers et non pour détruire farouchement le signal sonore. Le MP3 a ses priorités et il ne peut être critiqué pour les avoir suivies (consulter l’article Le code MP3, le format de compression populaire). Le MP3 est un format tellement couru qu’il ne sera certainement pas détrôné d’aussitôt, en déplaise à M. Neil Young !


© meilleure-innovation.com - Le Pono au design élégant tient dans la main

Pour des raisons d’implémentation électronique qui contribuent à la qualité de sa restitution sonore, le Pono ne peut être miniaturisé davantage. L’appareil se classe d’emblée à part. Si sa forme triangulaire peut conforter sa singularité et même séduire des mélomanes, il n’en sera peut-être pas de même pour ce qui suit…

Les constats amers…

Son prix de lancement (autour de 300 €) le destine prioritairement à une clientèle fortunée. Ensuite, les albums coûteront plus cher que le classique MP3. Comparativement au format compressé, il faut s’attendre à une majoration d’environ 30 à 80 %. Bien évidemment, comme les données ne sont pas compressées, les capacités de stockage subissent une forte déflation. Avec les 128 gigas que propose le Pono, force est de constater que la qualité Flac est gourmande : approximativement 800 chansons contre 32 000 pour du MP3 (un fichier Pono contient environ 6 fois plus d’informations qu’un MP3 moyen et sa résolution, qui est de 192 kHz/24 bit, est 10 fois supérieure au MP3).

Vous me direz, tout est une question de choix, et vous avez certainement raison : il faut parfois apprendre à se limiter pour mieux apprécier. C’est d’ailleurs ce qu’a écrit Neil Young dans son message de remerciements aux investisseurs : « Les mélomanes devront se restreindre volontairement pour "préserver l'histoire de la musique" ». Espérons que les artistes qui soutiennent le projet (Norah Jones, Pearl Jam et bien d’autres) sont à l’écoute de leur fan et du marasme économique. Personnellement j’en doute… Seul l’avenir nous le dira !

Par Elian Jougla (Cadence Info - 04/2014)


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