ARETHA FRANKLIN, CHANTEUSE DE GOSPEL
Bénéficiant des conseils de son père, le Révérend L. C. Franklin et de personnalités du monde du gospel comme Clara Ward, Mahalia Jackson et James Cleveland – qui lui apprend quelques rudiments de piano – Aretha Franklin (née le 25 mars 1942 à Memphis, Tennessee) chante d’abord dans le chœur de la New Baptist Church à Détroit et lors de tournées d’évangélisation organisées par son père.
À l’âge de quatorze ans, elle grave, pour 'Chess', quelques faces aux intonations blues qui seront par la suite rééditées par 'Vogue', ce qui lui permet d’établir sa réputation d’enfant prodige. Sur les instances de Sam Cooke – l’un des piliers de la musique rhythm and blues des années 50 -, elle abandonne l’univers du gospel et enregistre pour Columbia, sans toutefois obtenir le moindre succès commercial.
© flickr.com - Aretha Franklin
Il faudra attendre l'année 1966 pour que la métamorphose se produise. Aretha signe chez 'Atlantic' et grave I Never Love A Man (The Way I Love You) dont le triomphe est vite renforcé par des titres comme Respect, Baby I Love You, I Say A Little Prayer ou Chain Of Fool (1967) qui surgissent tous à la première place des charts. Sacrée par la critique comme la chanteuse de l’année 1967, sa réussite est également saluée à travers de nombreuses distinctions (Christian Leadership Council Award).
Le succès est là. La chanteuse, arrivée au bon moment, possède de nombreux atouts, dont une voix puissante au pouvoir émotionnel unique qui influencera toutes les chanteuses de 'soul music' à venir. À la fin des années 60, elle bénéficie aussi du concours des meilleurs musiciens que distille le fameux ‘Southern Sound’, sans oublier les conseils avisés de son producteur, Jerry Wexler, qui cherchera à tirer parti de son immense potentiel charismatique.
LA « LADY SOUL » DE L'AMÉRIQUE NOIRE
Devenue l'une des voix qui s'élève avec James Brown pour la lutte des droits civiques, la « Lady Soul » transforme la chanson d'Otis Redding, Respect, en un hymne pour la cause des femmes. La chanteuse qui ne manque pas de répondant échafaudera même un répertoire parfaitement adapté à la mentalité des ghettos.
La « Lady Soul » remplit les auditoriums et salles de concert en transcendant chaque message propulsé avec toute la ferveur de l’église baptiste. En 1968, elle illustre la couverture du magazine 'Time' – une première pour une artiste Noire. Le magazine tient alors un discours élogieux : « Ce qui assure son impact va au-delà de la technique… Elle déploie sa voix riche et tranchante comme on donne un coup de fouet. Elle flagelle ses auditeurs, selon ses propres termes, ‘jusqu’à l’os, en profondeur’. »
La fin des années 60 apporte d’autres hits à la chanteuse. Think (1968) et See Saw (1969) deviennent l’un et l’autre deux autres grands succès qui viennent s'ajouter à une liste qui ne cesse de s'allonger. Puis, en 1972, elle revient au gospel avec Amazing Grace, qui lui vaut un nouveau Grammy Award (son huitième). Cependant, après une tournée européenne, la chanteuse connaît quelques graves ennuis de santé qui l’éloigne de la scène jusqu’en 1974.
LE RETOUR D'ARETHA
Après une reprise de carrière qui évolue en dents de scie, et malgré les directives de producteurs comme Quincy Jones qui la pousse à enregistrer des albums de qualité, Aretha Franklin ne renouera vraiment avec le succès que quand elle signera chez Arista en 1980 ; année où elle chante Think et Respect dans le film de John Landis The Blues Brothers.
Les albums Jump To It (1982), Get It Right (1983) ainsi que Who's Zoomin' Who ? (1985) - qui génère les singles Freeway of Love et Sisters Are Doin' It for Themselves en duo avec Eurythmics – témoignent de l’intérêt porté par la chanteuse à faire bouger les lignes de son répertoire. La suite le confirmera quand elle reprendra en 1986, le fameux tube des Rolling Stones, Jumpin’ Jack Flash avec Keith Richards et I Knew You Were Waiting (For Me) avec George Michael sur l'album Aretha. Par la suite, d'autres duos complices verront le jour, avec Elton John et Whitney Houston, respectivement à travers les chansons Through the Storm et It Isn't, It Wasn't, It Ain't Never Gonna Be.
Durant les années 90, Aretha Franklin fera un détour par la case cinéma en chantant dans quelques BO : Someday We'll All Be Free (Malcolm X – 1992), A Deeper Love (Sister Act 2 – 1993) ou encore It Hurts like Hell (Waiting to Exhale - 1995). Souhaitant toujours moderniser son répertoire, elle publie en 1998 un album aux accents hip-hop avec une certaine réussite (A Rose Is Still a Rose). Puis, la même année, on la retrouve aux côtés de Céline Dion et de Mariah Carey pour un concert caritatif (Divas Live 1998) d’où sortira un DVD.
ARETHA FRANKLIN : JUMPIN' JACK FLASH (1986)
(avec la participation de Keith Richards et de Whoopi Goldberg)
Côté vie privée, quand Aretha n'était pas en tournée, elle venait se reposer à Détroit (Michigan). La "Motor City" illustrée par le peintre Diego Rivera restera son principal lieu de résidence jusqu’à sa mort survenu le 16 août 2018 (causé par un cancer du pancréas). La chanteuse divorcera deux fois et sera mère de quatre enfants, dont l’un deviendra guitariste dans le groupe qui l’accompagnait. Titulaire de vingt Grammy Awards, Aretha Franklin aura conservé durant son existence le statut légendaire qui lui revenait, jusqu’à chanter pour Barack Obama lors de sa cérémonie d’investiture en janvier 2009. Le magazine 'Rolling Stone' ne s'y était pas trompé en lui accordant la première place au classement des meilleurs interprètes de tous les temps !
Par Alain Tomas (Cadence Info - 11/2018)
À CONSULTER
LE RHYTHM AND BLUES ET SON HISTOIRE
Étape décisive dans l'histoire de la musique afro-américaine, le 'Rhythm and Blues' a trouvé sur sa route quelques grands noms comme Fats Domino, Sam Cooke ou Louis Jordan.
LA « MOTOWN », BERRY GORDY ET SON ÉCURIE D’ARTISTES LÉGENDAIRES
Le producteur et compositeur Berry Gordy est le fondateur de la Motown Record Corporation, une des plus influentes entreprises de l'histoire musicale afro-américaine. Grâce au label, de grands artistes noirs seront révélés : Marvin Gaye, Diana Ross, Stevie Wonder, etc.
LES MUSIQUES AFRO-AMÉRICAINES ET SES LÉGENDES
L'histoire des musiques afro-américaines est peuplée de légendes. Elles ont pour nom Louis Armstrong, Miles Davis ou encore Michael Jackson. Autour de ces noms existe un contexte social qui a pour nom la ségrégation...
2e PARTIE : LES INFLUENCES SOUL ET JAZZ. Dans les années 60, l'histoire de la musique afro-américaine se poursuit avec l'ascendant de la musique free jazz et de la soul. Miles Davis pour le jazz et Michael Jackson pour la soul deviennent des références...