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MUSIQUE DE FILMS

"BARDOT", LA MUSIQUE DE LA SÉRIE TÉLÉVISÉE COMPOSÉE PAR ARTHUR SIMONINI

La mini-série Bardot représente un événement télévisé et révèle, à travers le physique et le jeu de la comédienne Julia de Nunez, une troublante similitude avec la muse qui bouscula l'image de la femme française de la fin des années cinquante. Alors que les téléspectateurs découvrent le biopic sur France 2, la musique qui l'accompagne est déjà présente sur toutes les plateformes. Tout en se faisant discrète, elle constitue une fidèle déclaration aux musiques et chansons des années 50/60.


UNE MUSIQUE DE CHARME POUR UNE SÉRIE ÉVÉNEMENTIELLE

La série télévisée Bardot, tout en possédant la convenance d'aujourd'hui par l'esthétique apportée à la réalisation et par l'apport de quelques images d'époques, conduit l'homme de la rue à imaginer la vedette de l'écran au double B partagée entre sa destinée d'actrice, ses frasques amoureuses et un star-system qui l'emprisonna malgré sa farouche volonté d'émancipation.

Tout au long de cette fiction basée sur des faits réels, le téléspectateur est transporté dans une période précédant un important changement de société et pour lequel la presse, le cinéma français et les événements, comme la guerre d'Algérie, deviennent des sujets portant crédits à l'histoire vécue par Bardot. Dans ce retour vers le passé, il n'y a certainement aucune véritable surprise à avoir, sauf cette retranscription mise en images d'un passé lointain vécue par une héroïne qui subira l'époque à défaut de la souhaiter.

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© Federation GFilms. Capture écran de deux scènes issues de la série "Bardot" : À gauche, Julia de Nunez (Bardot) avec Victor Belmondo (Vadim), à droite avec Oscar Lesage (Jacques Charrier).

Les gestes de provocation et d'inconvenance dont elle fera preuve envers son entourage sont montrés comme une réponse à un mal de vivre, si ce n'est par ce désir d'exister à tout prix. Le personnage, en révolte contre l'éducation familiale rigide et ses conventions, montre, dès le premier épisode, l'aboutissement d'une autre souffrance : la crainte de se retrouver seule du jour au lendemain. La solitude, cette affliction, émerge comme un défi face aux différentes relations affectives, sans que l'on sache parfaitement si, dans le fond, les résultantes sont dues à un ego surdimensionné ou à une jeune femme manquant de maturité et incapable d'affronter la réalité.

Pour cette série, le compositeur Arthur Simonini retrouve le fils de la scénariste et productrice Danielle Thompson, Christopher, pour une seconde collaboration après Tendre et saignant, réalisé en 2020. Constitué de thèmes originaux et de titres préexistants, la BO de la série Bardot remplit parfaitement son rôle.

En toile de fond, jamais omniprésente ni écrasante pour alimenter la plupart des faits marquants, la musique de Simonini agit en point de suspension dans les phases successives et existentielles de la vie de Bardot, que ce soit lors des scènes sentimentales, de ruptures ou de transitions. Pour le reste, les titres préexistants agissent comme des outils contextuels servant d'intermède en désignant des chansons que le public pouvait entendre à la radio ou à la télévision.


DOUBLE B (générique) - BARDOT (2023)

ARTHUR SIMONINI, UN COMPOSITEUR FORMÉ AUX MÉDIAS

Musicien polyinstrumentiste, Arthur Simonini a amorcé sa carrière en créant des habillages musicaux pour la télévision (TV5 Monde en 2006, "Histoire" et "Arts et Cultures" pour France 5 en 2008...) et pour la radio ("Affaires Sensibles" pour France Inter en 2014). Son nom figure pour la première fois dans le 7e art dans le film Trois Chats de Martin Scali en 2010. Depuis, Arthur Simonini a été appelé pour plusieurs longs-métrages, parmi lesquels il convient de citer la comédie Hibou de Ramzy Bedia en 2016, le film de Céline Sciamma, Portrait de la jeune fille en feu, composé en collaboration avec Para One en 2019, ou encore À l'ombre des filles d'Etienne Comar, en 2022.

Globalement, les musiques écrites par Arthur Simonini assument parfaitement leurs rôles en épousant les scénarios et les mises en images qui lui sont proposés, passant de la majesté à la grâce avec un ensemble à cordes (M.E.P), jusqu'à l'émerveillement (le thème Panda du film Hibou) ou à travers l'emploi de chœurs (Para One : Skin Sekai et Portrait de la jeune fille en fleur). Par ailleurs, le compositeur sait parfaitement changer de « costumes » en soulignant les tensions dramatiques ou la violence contenue tout en mixant, à l'occasion, sonorités acoustiques et set électronique (thème de Diona pour la série Vampires), boîte à rythmes comprise (Fire).

Possédant une solide formation classique associée à l'étude du violon, qu'il commence à pratiquer dès l'âge de cinq ans, Arthur Simonini est également un musicien de scène, une activité qu'il partage avec celles réalisées en studio. Sa biographie révèle qu'il a donné « plus de 300 concerts sur les 6 continents dans des contextes éclectiques allant du jazz au classique en passant par le hip-hop, les musiques du monde et les musiques improvisées. ». D'un autre côté, nous pourrions dire que sa « scolarité classique » s'est échappée du jour où les « musiques vivantes » sont entrées par la grande porte, ce qui, dans le cas des compositeurs à l'image, s'accompagnent désormais d'une pratique accrue dans le domaine des ressources informatiques. Cette parenthèse, qui sur le fond n'en est pas une, lui a notamment permis d'aborder les musiques d'illustration pour la radio, la télévision, le théâtre – sans oublier la pub, formatrice – avec compétences, mais aussi avec ce regard du professionnel qui songe déjà au lendemain et au nouveau projet qui l'attend.

Par Elian Jougla


LA MOSTRA - BARDOT (2023)
Un plongeon stylisé dans les orchestrations des années 60.

LES TITRES DE LA BO "BARDOT"

  • 01. Double B (1:58)
  • 02. Vadim (1:59)
  • 03. Idées noires (3:35)
  • 04. Jean-Louis (3:47)
  • 05. La Mostra (1:08)
  • 06. Rue de la Pompe (2:00)
  • 07. Sacha (1:46)
  • 08. Enzo (1:23)
  • 09. Paparazzi (2:10)
  • 10. Dolce Vita (1:02)
  • 11. Pilou (2:37)
  • 12. Naissance (1:28)
  • 13. Clouzot (1:18)
  • 14. Le boum (2:36)

LES TITRES PRÉEXISTANTS

  • Quand Je Monte Chez Toi, par Henri Salvador (1958) - Scène dans laquelle Bardot monte chez Vadim (premier épisode).
  • My Day Off Is Here par Keith "Soul" Simmons (1973) - Musique entendue dans un club (premier épisode).
  • Mambo Con Puente par Tito Puente (1950) - Une chanson avec percussions et cuivres pour la scène de danse de Bardot (premier épisode).
  • Les quatre saisons : L'été, d'Antonio Vivaldi - (deuxième épisode).
  • Bonjour chérie par Dario Moreno (1959) - (deuxième épisode).
  • Thème de Camille du film Le Mépris, musique du film de Jean-Luc Godard composée par Georges Delerue (1963) - (troisième épisode).
  • Je t'appartiens par Gilbert Bécaud (1955) - (troisième épisode).
  • Adagio de Samuel Barber (1936) - (cinquième épisode).
  • À la fin de l'été par Brigitte Bardot (1964) - (sixième épisode).

LES MUSICIENS

  • Arthur Simonini : claviers, guitare, basse, percussions, violon solo & choeurs
  • Stephanet Sapis : piano
  • Anders Ulrich : contrebasse
  • Adrien Soleiman : saxophone
  • Florent Cardon : trompette
  • David Bahon, Alice Bourlier, Emelyne Chirol, Raphaël Coqblin, Sylvain Favre.Bulle, Anne Le Pape, Thibaut Maudry, Fred Naurel, Stephanie Paddle : violons
  • Satryo Aryobimo Yudomartono, Marie Kuchinski, Julien Lo Pinto, Céline Tison : altos
  • Leo Guiguen, Mathilde Sternat, Marie Ythier : violoncelles
  • Sophie Chauvenet : violoncelle solo
  • Guillaume Girma, Clémence Sarda : contrebasses

Enregistré aux Studio Aeronef, Studio Ferber et Perepolis (mixage : Arthur Simonini)

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Cadence Info (05/2023)

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