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JAZZ ET INFLUENCES

BORIS VIAN, LA VIE JAZZ… AUTOUR D’UN FILM DOCUMENTAIRE

Il n’y a pas que les peintres qui ne sont pas reconnus de leur vivant. Boris Vian, comme écrivain a été mis au ban pour une partie de ses écrits, alors qu’aujourd’hui il est enseigné et traduit dans le monde entier. Il est difficile de décrire cet homme aux multiples visages. Personnage intransigeant et passionné, Boris Vian est un artiste quelque part inclassable.


BORIS VIAN, UNE ÂME DÉLICATE ASSOIFFÉE DE MUSIQUE JAZZ

Le 23 juin 1959, Boris Vian se rend à la projection de J’irai cracher sur vos tombes, le film inspiré de son sulfureux roman. Voilà déjà plusieurs mois qu’il conteste cette mauvaise adaptation et qu’il exige que son nom n’apparaisse plus au générique. Mais la lutte est vaine et a raison de lui : quelques minutes après le début du film, il est pris d’un malaise cardiaque et s’effondre sur son siège. A 39 ans, une vie s’achève, mais la légende, elle, ne fait que commencer.

Dans les années 1960, la jeunesse impatiente s’empare de son œuvre, hymne exalté d’un éternel adolescent épris de liberté qui préfére le rêve, ses chimères et ses fêtes aux tenailles prosaïques du réel. Vivre son rêve d’une manière intense, quitte à s’entourer d’un rideau de fumée, pour brouiller les pistes. Là où d’autres peinent à avoir une existence, Boris Vian mène plusieurs vies en traversant les années d’après-guerre avec la légèreté de ceux que la mort, sournoise, accompagne.

« Boris Vian reste un personnage difficile à cerner, d’abord parce qu’il était multiple et hérissé de défenses – ses poses de dandy, ses gestes provocateurs. Mais surtout parce que depuis sa mort s’est forgée une légende : la mélancolie de "l’Écume des jours", la fièvre des nuits du "Tabou" (célèbre club de Saint-Germain-des-Prés, ndlr), le scandale de "J’irai cracher sur vos tombes" », rappelle Philippe Kohly auteur d’un portrait-roman envoûtant et onirique pour ARTE, Boris Vian, la vie jazz.


“BORIS VIAN, LA VIE JAZZ”… DES ARCHIVES RARES ET SPLENDIDES

Ce film distille une étrange alchimie de joie pulsée et d’insondable nostalgie où l’on retrouve la sensibilité et la grâce qui présidaient déjà aux autres œuvres de ce documentariste exigeant, avec ici, le désir de pénétrer la vérité intime de Boris Vian, révéler la personne secrète derrière le masque désinvolte. La voix caractéristique, le goût pour la vitesse, les rythmes syncopés du jazz et ces pages arrachées de son journal intime donnent à ces images l’étrange impression qui Vian, lui-même, porte son autocritique sur sa vie comme jamais.

Appuyé par un arsenal d’archives splendides et rares, notamment des images de son enfance à Ville-d’Avray rythmée par les jeux et les surprises-parties, ses séjours dans sa maison du Contentin ou à Saint-Tropez, ce portrait comprend de court interludes interprétés par un quintet de jazz et accorde à la musique la place centrale qu’elle occupait dans la vie de Boris Vian. Philippe Kholy : « Pour lui, le jazz, c’était plus qu’une musique, c’était son oxygène, le sang qui coulait dans ses veines, une manière de vivre, de penser, de sentir. Il l’a accompagné toute sa vie, cristallisant son désir de liberté, influençant jusqu’à son écriture. »

Par Elian Jougla (Cadence Info)

Boris Vian, la vie jazz,
Documentaire de Philippe Kohly (France 2009)
Édité en DVD par ARTE VIDÉO, dans la collection Monographie d’écrivains


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