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MUSIQUE & SOCIÉTÉ


LES CHANTEURS D'UN SEUL TUBE : NOSTALGIE ET CARRIÈRE ÉCLAIR

Ils ont produit juste un tube et puis ont disparu… Pour ces artistes, le temps de la gloire n’aura hélas duré que le temps d’une chanson. Heureusement, nous sommes sauvés, car il existe la radio et Internet pour les dépoussiérer. Entre chanson nostalgique et chanson bide, nous n'avons que l’embarras du choix !


UN TUBE À LA GLOIRE DU CHANTEUR

Ils sont jeunes (ou moins jeunes) et sont à la recherche du succès. Pour eux, cela doit passer par la chanson, d’abord parce qu’ils aiment chanter, et qu’ensuite leurs talents en valent bien d’autres. Peut-on les blâmer ? Certainement pas, surtout quand les efforts se couronnent par un tube qui les place d’emblée dans les starting-blocks. Dès lors, tout va très vite : interviews promotionnelles, séances photographiques, reportages… De quoi perdre la tête dans un temps tout aussi record ! L’émotion submerge et il est temps de se rendre à la raison… Était-ce un rêve chimérique ? Non. En vérité, c’était trop beau pour que la « magie » n’opère plus. Alors il faut insister pour que l’aventure se poursuive…

De tout temps, depuis finalement que le marché du disque a fleuri, les chanteurs et chanteuses sont devenus des produits de marketing qu’on lance pour que leurs titres deviennent des hits. Si le spectacle qui en découle est parfois affligeant, l’interprète n’est pas toujours la petite oie blanche innocente ou l’insecte fragile qu’on peut écraser. Ceux d'aujourd’hui ne sont pas ceux d'hier. La réussite d’une chanson ne repose plus sur les mêmes recettes. L’argent est le moteur, et dans certains milieux de la chanson cela tient même plus du domaine des finances que de l’artistique. Évidemment, quand les deux parties se conjuguent, alors c’est le top, puisqu’un l’un a toutes les raisons d’excuser l’autre !

Le sentiment d’avoir créé un produit unique et qui « cartonne » a de quoi vous retourner la tête. À coup de « pub » et de mots gratifiants (génial, trop cool, c’est le top, formidable…), l’image qui est renvoyée par médias interposés place l'interprète dans une case à part tout en stimulant son ego. Tout semble si propre, pourtant le calcul n'est jamais loin. Déjà, dans les années 60, l’industrie musicale avait intronisé le yéyé autour de quelques danses comme le twist, le madison ou le hully-gully. Puis, à la décennie suivante, comme le yéyé n’étant plus « in », l’industrie avait rapidement trouvé – grâce à quelques musiciens bûcherons – un nouveau rythme qui allait déferler telle une vague… le Disco !

De cette période, un nom retient l’attention : Patrick Hernandez et sa chanson Born To Be Alive. Avec son rythme entraînant, le titre devient rapidement l’un des meilleurs tubes dansants du Disco en France, mais aussi à l'export. Quelques jours après son lancement, des milliers de disques s'écouleront tous les jours. Par la suite, le chanteur aura beau chercher une suite à ce météore musical : « Voyons… réfléchissons un peu… », son deuxième 45 tours Back to Boogie (1979) ne sera pas à la hauteur de ses espérances. Born To Be Alive restera l’unique tube de sa carrière. Mais Patrick Hernandez est loin d’être un cas isolé. D’ailleurs, il est étonnant de constater que certains artistes retiennent l’attention des spécialistes pour n’avoir produit justement qu’un seul tube. Cherchez l'erreur !


LES CARRIÈRES ÉCLAIRS DES ANNÉES 80

Les années 80 ont eu la particularité de produire un nombre impressionnant de carrière éclair : À caus’ des garçons (À caus’ des garçons), Agathe (J’veux pas rentrer chez moi seule), Luna Parker (Tes états d’âme Eric), Caroline Loeb (C’est la ouate), Images (Les démons de minuit), Kaoma (Lambada), etc. Des titres uniques, parfois exotiques, parfois pop, mais dont l’originalité allait de pair avec le retour en force du 45 tours.

Tous ces artistes lancés à la va vite portent le témoignage d’une industrie discographique qui, à l’époque, se porte plutôt bien, d’où occasionnellement une prise de risque plus volontairement acceptée pour des chansons dont le sens nous échappe encore aujourd’hui avec le recul : « Elle déchire les pages de tous les dictionnaires / Elle n'a que quelques mots à son vocabulaire / Amour par terre et somnifères / En d'autres mots elle se laisse faire. » (C’est la ouate). À partir de là, le tube devient aussi une mode, un moyen de dire à son entourage : « Ça y est, je viens de sortir mon premier 45 tours ! ». La petite galette est un « flash » accepté de part et d’autre, et qu’importe si rien n’y fait suite, car ce n’est pas l’artiste qui conduit le « bal » mais bel et bien l‘industrie du disque qui accepte ou qui refuse, sans autres commentaires.

Cependant, dans cette histoire, tout le monde n’est pas perdant. Certaines radios FM naîtront à partir de ce catalogue de chansons plus ou moins célèbres, usées ou dépassées : ‘Radio Nostalgie’, ‘Chérie FM’, ‘Rires et chansons’… mais aussi sur le Net, où le site ‘Bides & musique’ s’est imposé avec succès. Toutes ses sources sonores permettent d’écouter avec tendresse et amusement les succès d’autrefois, aussi bien du Patrick Topaloff, Bernard Menez ou du Charlotte Julian, côté humour, que du Peter & Sloane ou Elsa pour le côté sentimental.


À CAUS' DES GARCONS

Quelques "chansons bides" à déguster entre amis

Dans les flops célèbres, je pourrais vous citer Squallor et son Bla, bla, bla, puisqu’il n’y a que du "bla, bla, bla" dans le texte. À ce stade de la déraison, il faut signaler aussi les chansons destinées aux bals, aux mariages, véritables lieux de culte pour chansons « débiles » où les gens finissent toujours par se poursuivre à la queue leu leu. Oui, Tomber la chemise (Zebda), parue à la fin des années 90, appartient à cette catégorie. Mais il y a encore mieux ou pire…

Dans le registre « J’aime l’accordéon », instrument qui renaît de ses cendres à chaque fois que la soirée devient plus animé ou « chaude », c’est comme vous préférez…. Là également, de nombreux chanteurs téméraires ont tenté leur chance en misant sur la popularité de l’instrument à bretelles. Certains ont utilisé la marche, d’autre la valse. Vous souvenez-vous d’Ubalda et de sa Valse des boulangers ? Non ? C’est pourtant bien de rendre hommage à une noble profession… C’est vrai, j’ironise, mais parfois le flop est tout de même prévisible. Dans le même registre, il y a eu toutefois quelques réussites commerciales, comme avec Jean-Jacques Blairon. Le nom ne vous dit rien ? Et pourtant… si je vous dis : La Danse des canards… Souvenez-vous, quand les gens en rang imitait le battement des ailes des canards. Un sacré spectacle !

Hélas, encore aujourd’hui, ce genre de « chansons à boire » modernisé et qui appartient au patrimoine culturel français, existe toujours. La preuve avec Patrick Sébastien qui, pour chaque slogan trouvé, crée un titre. Hier, il y a eu Les Cornichons de Nino Ferrer, et aujourd’hui Les sardines de Sébastien. Bon appétit ! Mais arrêtons là ces stupides comparaisons qui ne peuvent certes pas être mises sur un même plan !

Quoi, je continue ! Faisons vite, car ce chapitre commence à être long… À l’intention de nos amis Martiens qui viendraient nous rendre visite un jour, Clémentine Duran a chanté Do You Speak English où comment apprendre l’anglais en chantant. Un must ! Le tam tam des gorilles par un Marcel Amont vieillissant. Ça c’est quand le come-back et le service après-vente ne sont plus assurés ! Remarquez, quand c’est la comédienne Denise Grey (la grand-mère du film La Boum) qui chante Devenir vieux, vous avez la larme à l’œil et vous consultez le mode d'emploi pour savoir d'où vient l’erreur. Et pour conclure en apothéose… Suite à l’attentat du 11 septembre, la chanson America par Daphniele qui, malgré des intentions louables, se retournera finalement contre la chanteuse. Musique ringarde, mal jouée, mais surtout, et c’est peut-être ça le plus remarquable dans un certain sens, le chant est si faux qu’il en devient un cas d’école. Tous ces titres sont, bien sûr, à découvrir de toute urgence !


LES « ONE HIT WONDER »

Pour relancer des carrières à la dérive, l’adage selon lequel « l’union fait la force » trouve à partir des années 90 son point d’ancrage avec les tournées « revival » qui font le bonheur des nostalgiques, et qui saluent avec ferveur le retour des « anciens » et des « one hit wonder » (comme disent les Anglais) sur le devant de la scène. C’est l’occasion de réentendre des chansons oubliées, parfois des « bides », mais c'est surtout un bon moyen de leur offrir une seconde chance.

© pixabay.com

Ces chanteurs, qui sont passés de la célébrité à l’oubli en un éclair, continuent pourtant de chanter plus ou moins « clandestinement » dans de petites discothèques, dans de petites salles, des années après leur unique succès. Si médiatiquement ils sont en sommeil, ils continuent de se produire avec le secret espoir, qu’un jour, le coup de fil d’un producteur célèbre vienne relancer leur carrière.

Lors de ces tours de chant, le public répond présent, et pas uniquement dans la tranche des 40/60 ans, les jeunes viennent aussi pour « humer » l’ambiance, peut-être pour savourer quelques mélodies et quelques rythmes oubliés. La nostalgie n’attend pas le nombre des années, n’est-ce pas ? Au fond, tout le monde y trouve son compte et c’est sûrement ça le plus important.

Par Elian Jougla (Cadence Info - 12/2014)

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