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MUSIQUE & SOCIÉTÉ


CHANSONS D’AMOUR, TUBES, MODES ET RECETTES

Quel point en commun existe-t-il entre les chansons La vie en rose (Piaf), My Heart Will Go On (Céline Dion), Voilà c’est fini (Jean-Louis Aubert), Il venait d’avoir 18 ans (Dalida), Juste une photo de toi (M Pokora), Pourquoi battait mon cœur (Alex Beaupain) ou encore Vous les femmes (Julio Iglesias) ? Ce sont toutes des chansons d’amour. Quelles soient sucrées, acidulées ou tristes, les chansons d’amour s’expriment dans toutes les tonalités. C’est vrai, elles s’écrivent au temps présent et se conjuguent le plus souvent à l’imparfait, mais on les aime parce qu’elles s’adressent à chacun de nous, et que c’est souvent avec ce genre de chansons que nous communions le plus efficacement nos sentiments intimes.


LA CHANSON D’AMOUR : ÉTAT CLINIQUE

Si les chansons d’amour sont tellement présentes, c’est que leurs messages sont capables de nous toucher directement. Dans nos têtes, sous la pluie ou en plein soleil, de jours comme de nuit, elles évoquent des moments liés à nos intimités. En fait, il existe autant de chansons d’amour que de façon d’aimer. « Le truc génial avec les chansons d’amour, c’est qu’on peut en entendre une toute sa vie sans jamais la comprendre et se dire "oh non, cette chanson est trop nulle", et puis un jour, vous vivez une expérience et cette chanson devient profonde. » (1)

Avec la joie d’être deux, d’un bonheur sans nuages et de passion fiévreuse, la chanson d’amour nous vend le plus souvent le versant idyllique de l’amour, celui qui ne se pose pas de questions. Bref, l’amour heureux ! Sous sa forme « classique », c’est la flamme des sentiments que l’on déclare, avec des mots appuyés du genre « je t’aime » ou « mon amour », des mots qui seront, bien sûr, répétés un grand nombre de fois.

Le « trip » amoureux revêt de multiples apparences. Il peut être animal, à en crever : « Moi je n'étais rien / Et voilà qu'aujourd'hui / Je suis le gardien / Du sommeil de ses nuits / Je l'aime à mourir / Vous pouvez détruire / Tout ce qu'il vous plaira / Elle n'a qu'à ouvrir / L'espace de ses bras / Pour tout reconstruire / Pour tout reconstruire / Je l'aime à mourir. » (Je l’aime à mourir - Françis Cabrel), voire obsédant : « Toi mon amour, toi qui as le cœur lourd mon amour / Est-ce que tu m'aimes toujours, pour toujours / Moi je suis fait pour toi mon amour / Je ne pense que ça tous les jours. » (Mon amour - Marc Lavoine) et même exclusif : « Mais si demain que l'on s'éloigne / Que tu t'en ailles - trop loin - / Si je ne reviens pas alors jure le moi / Tu me tueras. » (Juste Toi & Moi - Indochine).

Mais parfois l’amour frappe à la porte, sans qu’au fond nous prenions conscience qu’il est là, en nous, ou qu’il vit déjà à nos côtés. C’est même souvent lors de l’émotion d’une déclaration d’amour que notre pudeur s’étale au grand jour : « Juste deux ou trois mots d'amour / Pour te parler de nous / Deux ou trois mots de tous les jours / C'est tout / Je ne pourrais jamais te dire tout ça / Je voudrais tant, mais je n'oserais pas / J'aime mieux mettre dans ma chanson / Une déclaration, ma déclaration. » (La déclaration d’amourFrance Gall)

Bien sûr, la chanson d’amour se chantant dans toutes les langues, il arrive qu’on soit prisonnier d’une chanson uniquement par sa mélodie, son rythme et par la beauté de la voix du chanteur ou de la chanteuse. De nombreux succès anglo-saxons reposent sur ce constat : Only You (The Platters), Cry Me a River (Julie London), I Want You (Marvin Gaye), You are the sunshine of My Life (Stevie Wonder), Nights in White Satin (The Moody Blues), The Look of Love (Diana Krall), I Will Always Love You (Whitney Houston), My All (Mariah Carey)… la liste serait encore très longue.

Pour un compositeur et un auteur, il est certainement plus facile d’écrire une chanson d’amour quand celle-ci se réfugie dans la mélancolie plutôt que dans la gaieté. L’amour chanté serait-il alors plus beau quand il est entouré de tristesse ? Certainement pas, diront certains. Et pourtant, les interprétations qui s’inspirent de "papillons noirs" sont légion. Quand on écoute Le petit bal perdu chanté par Bourvil, on est saisi par le talent de l’acteur qui rejoint celui de l’interprète. Le comédien devient le spectateur d’un amour romantique qui ne lui appartient pas ; celui d'un jeune couple qui danse sur une valse triste et qui ne peut se séparer  : « Non, je ne me souviens plus du nom du bal perdu. / Ce dont je me souviens ce sont ces amoureux / Qui ne regardaient rien autour d'eux. / Y'avait tant d'insouciance / Dans leurs gestes émus, / Alors quelle importance / Le nom du bal perdu ? »


LA CHANSON D’AMOUR ENLACÉ

Bien évidemment, le fait d’évoquer la chanson d’amour nous entraîne directement au slow, genre aujourd’hui passé de mode (mais qui continue à exister à l’abri des regards indiscrets ou lors de soirées pour âmes nostalgiques). Dans ce registre, ce qui compte dans un premier temps, c’est justement le tempo. La musique slow est une musique qui doit être calibrée et volontairement sirupeuse, même quand elle est mise à la sauce rock par des groupes plus habitués à faire rugir leurs guitares : Still Loving You par Scorpions, Dream On, par Aerosmith…


Le slow sur grand écran

La musique de cinéma a également bien servi le slow. On pense tout de suite à la musique du film La boum, dont la chanson Réality interprétée par Richard Sanderson aura enflammé le cœur de nombreux adolescents et adolescentes. C’est le genre de musique qu’il faut déguster au premier degré, sans trop se poser de questions sur ce qui se passe ou se passera dans les instants suivants. Le slow devient alors le compagnon de la séduction, un jeu pour amoureux. Quant à la comédie musicale, elle aura tout de même eu quelques réussites ; même si ce genre de spectacle n’est pas spécialement prévu pour glorifier un tel genre. Saluons ainsi la comédie musicale française à travers ces deux succès : Les uns contre les autres dans Starmania ou L’envie d’aimer dans Les 10 commandements.


Aujourd’hui, pour entendre un slow récent, il faut partir à sa recherche, car il ne viendra pas à vos oreilles comme par le passé… Dans les albums, au détour de quelques titres aux rythmes branchés, en cherchant bien, il se glisse parfois un slow très authentique, un brin « revival » ou parfois « folklo ». Paru en 2012, Still du groupe Revolver, appartient à cette dernière catégorie. Il suffit de l'écouter pour nous plonger aussitôt dans l'ambiance typique des années 60.



LE MODE D'EMPLOI DES CHANSONS D'AMOUR
Trois artistes de la nouvelle génération (Benjamin Biolay, Pomme et Rose) évoquent dans ce reportage les sources de leur inspiration. (source France 2 : Julie Darde, Frédérique Prigent - 12/2020)

LA CHANSON D’AMOUR VIRGINAL

Sans rapport avec le slow, ce genre de chansons se déclame sur le ton de la puérilité. C’est l‘effervescence de l’émotion quand on tombe amoureux, synonyme du coup de foudre incontrôlable, de l’extrême impétuosité des sentiments : « J'arrive à me glisser / Juste avant que les portes ne se referment / Elle me dit "quel étage" / Et sa voix me fait quitter la terre ferme / Alors / Les chiffres dansent / Tout se mélange / Je suis en tête-à-tête avec un ange / En apesanteur / Pourvu que les secondes soient des heures / En apesanteur / Pourvu qu'on soit les seuls / Dans cet ascenseur. » (En apesanteur - Calogero). À ce stade, le baiser ou le premier baiser impose le rapprochement des corps et des regards : « Elle s'est avancée / Rien n'avait été organisé / Autour de moi elle a mis ses bras croisés / Et ses yeux se sont fermés, fermés / Jugez ma fortune. » (Le baiser – Alain Souchon). Le sentiment amoureux nous tient et nous donne cette envie d’avancer, là, peut-être à cet instant.

Chanter l’adolescence et les premiers émois, quelques interprètes nous ont servi, parfois à travers des récits autobiographiques ou laissés supposés comme tel, de très jolis textes : « Tu avais à peine quinze ans / Tes cheveux portaient des rubans / Tu habitais tout près / Du Grand Palais / Je t´appelais le matin / Et ensemble on prenait le train / Pour aller, au lycée. / Michèle, assis près de toi / Moi j´attendais la récré / Pour aller au café / Boire un chocolat / Et puis t´embrasser. » (Michelle – Gérard Lenorman). D’une description simple, le texte de la chanson s’inscrit dans la réalité : la récré, le lycée, le café... C’est ça sa force première. C’est le genre de chansons intimes que l’on finit par mettre de côté, mais qui vous procure un terrible flashback le jour où vous les réécoutez. D’ailleurs, comment oublier ces moments où vous vous demandez « Mais qu’est-ce qui m’arrive ! ». Le temps, comme suspendu, vous susurre que la vie est belle et que rien ne peut briser ce sourire que vous avez face à vous… Et si, à cet instant-là, une musique traîne, alors celle-ci prendra une tout autre importance en se fixant dans votre mémoire. C'est ça qui donne parfois à la chanson d'amour son côté magique et ensorcelant.



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