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CHANSON


GEORGES BRASSENS, SES POÈMES SONT TOUJOURS VIVANTS

L’ambiance est moustache, pipe et guitare quand on pense à Georges Brassens. L’artiste icône sétois a mis dans sa poche de conteur de nombreux textes de chansons qui sont devenus autant de messages cultes auprès des jeunes et des moins jeunes. Du simple sujet à l’érudit jeu de mots, de la fine observation à l’image grivoise, comment l’ami Brassens travaillait-il ses vers ? C’est à cette question que répondent ses carnets et agendas publiés en 2014 sous le titre ‘Georges Brassens, journal et autres carnets inédits’.


BRASSENS EN LETTRES CAPITALES

Plus de trente ans après sa mort, Georges Brassens est toujours à l’image de cet horizon indépassable que transfigure le chansonnier poète. Pour revenir sur cette légende, il est aisé de souligner la magie des mots de celui qui fut le seul chanteur populaire à avoir reçu le grand prix de poésie de l’Académie Française. Jean-Paul Liègois, son éditeur, publie des écrits inédits suite à de précieuses archives personnelles qui ont refait surface en 2010.

L’ouvrage Journal et autres carnets inédits réunit un choix de manuscrits inédits de Georges Brassens avec des moments forts comme ce 9 octobre 1978 où le poète note cette simple phrase : « Brel est mort. ». Il l'écrit en lettres capitales et ce sera la seule fois de son journal. Textes hors normes, parfois atypique et hétéroclite, cela tient tout à la fois de l’éphéméride, du journal intime et de l’outil de travail où il note tel un écolier discipliné tout ce qui lui passe par la tête. Ces écrits recouvrent une large période allant de 1963 à 1981. Des mots, réflexions, vers ou projets s’entrecroisent quand ce ne n’est pas un long travail qui le conduit par petites touches à l’élaboration d’une chanson.


GEORGES BRASSENS, UN AMOUREUX DE L’ALEXANDRIN

Brassens aimait l’alexandrin sauf que cette forme-là est difficile à mettre en musique, surtout si la césure est à sa place habituelle. Brassens dira : « Je me sers toujours des mêmes vers. C’est ce qui donne à l’ensemble de mes chansons une apparente monotonie. » Octosyllabe, alexandrin, pas courant d’user de ces mots-là pour parler chanson. Pourtant, l’auteur de Chanson pour l’Auvergnat, c’était ça : une langue débordant de tradition poétique.

« C’est le poète qui a nourri le parolier. C’est-à-dire que Brassens est un homme qui, pour des raisons accidentelles, d’une bêtise qu’il a commise lors de sa jeunesse avec des copains à Sète, s’est retrouvé avec un cursus d’études interrompues. De fait, la bibliothèque est devenue son université, ce qui lui a permis d’apprendre l’écriture à travers les poètes. » raconte l’éditeur Jean-Paul Liègois.

À son domicile, Brassens conservait des dizaines de livres de poésie où était notée une succession d’analyses les concernant. Sa connaissance n’est pas encyclopédique. Elle est ponctuée d’une histoire poétique en point de suspension prenant pour date de départ François Villon au 13e siècle et s’arrêtant au début de 20e siècle, car Brassens n’était passionné ni par les surréalistes ni par les vers libres.

Poète autodidacte, mais poète reconnu, la très sélective revue ‘Poètes d’aujourd’hui’ lui consacrera un numéro spécial en 1963. Grand amateur de Hugo, Villon ou de La Fontaine, Brassens c’est bien sûr la rime, la fable, mais aussi une belle liberté de style. Louis-Jean Calvet : « Brassens avait un talent extraordinaire pour faire monter les syllabes et les mettre en valeur. 'La mauvaise réputation', il l’explique tout au long de la chanson quand le personnage ne marche pas à la queue leu leu de façon moutonnière. Lorsqu'on écoute le refrain, le fil à la rime est ce « que » qui, en poétique, est absolument interdit. Mais on entend le mot « que » dans une chanson qui parle des gens qui marchent à la queue leu leu. Il existe alors une sorte de sens supplémentaire que l’on ne verra pas très bien en lisant le texte, mais que l’on découvrira en écoutant la chanson… »

Autre exemple avec « J’ai l’honneur de ne pas te demander ta main / Ne gravons pas nos noms au bas du parchemin.’ (La non demande en mariage). Deux alexandrins parfaits… Si je les tapais à la machine, j’aurais deux lignes, alors que le premier vers est coupé en trois par la mélodie, ce qui donne ‘J’ai l’honneur de’, 'ne pas te de-‘, mander ta main’. On entend alors le chiffre ‘2’ dans une chanson tout entière qui parle du couple, et ça devient extraordinaire en ayant un sens second, encore une fois subliminal qui n’apparaît pas à la lecture du texte, mais qui parle à l’oreille et donc à l’inconscient. »


GEORGES BRASSENS, HOMMAGE À L'ENFANT DE SÈTE
(reportage France 2 - 10/2021)

BRASSENS ENCORE ET TOUJOURS

Aujourd’hui très étudié, Brassens est avant tout un artiste populaire. Brassens et ses quatorze albums depuis La mauvaise réputation en 52 à Trompe la mort en 76 est encore dans toutes les mémoires. Nombre d’artistes reconnaissent son influence, de Arthur H à Juliette. Le pouvoir des chansons de Brassens est de s’adresser à tout le monde, aux gens simples comme à l’intellectuel qui s’ignore. Certains vers de Brassens appartiennent si bien au patrimoine de la chanson française qu’ils pourraient être chantés comme s’il s’agissait d’une chanson enfantine, de Sur le pont d’Avignon à Au clair à la Lune. Ce côté exceptionnel place Brassens à part chez les chansonniers. Aujourd'hui, si l’on peut estimer qu’il existe sans nul doute des héritiers à Georges, les successeurs brillent encore par leur absence.

Pour info : Georges Brassens, en dehors d’avoir enregistré 136 chansons, est aussi l’auteur de deux romans, d’une pièce de théâtre, de nombreux poèmes et d’articles pamphlétaires.

Outre Georges Brassens, journal et autres carnets inédits, les éditions 'Le cherche midi' ont déjà publié ses Œuvres complètes, Les chemins qui ne mènent pas à Rome et Brassens par Brassens.

par L. Sabbatini (Cadence Info - 04/2015)
Source : Entrée Libre magazine

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