UN INSTRUMENT CHARGÉ D'HISTOIRE
Dans l'histoire de la guitare, il y a eu un avant et un après. L'instrument que nous connaissons aujourd'hui n'est pas devenu populaire par hasard. Nous pourrions déjà remonter dans le temps, à la Renaissance, et même bien avant, pour y voir un lien de « parenté » avec ses prédécesseurs à cordes pincées comme le luth, la guiterne, le théorbe ou encore la vihuela ; des instruments qui valorisaient déjà une certaine tradition, celui d'un jeu sensible inscrit dans le temps, avec un son chantant, rond et velouté.
Toutefois, quand on cite l'instrument, on l'imagine entre les mains d'un talentueux joueur de flamenco, puisque la musique espagnole n'est pas étrangère au succès de la « six cordes ». Dans la « cour des grands », la question de sa présence s'annoncera un peu plus tard, d'abord en commençant par des transcriptions d'œuvres classiques populaires et par des adaptations de musiques traditionnelles, avant de s'octroyer une place de soliste et de se montrer à l'égal du violon et du piano.
Malgré toute cette reconnaissance, l'instrument avait encore du mal à s'imposer. D'un côté, la guitare justifiait l'engagement de « compositeurs sérieux » avec des concertos pour guitare et orchestre, des romances, des études, et de l'autre, elle séduisait les musiciens autodidactes, les « gratteux » ; ces guitaristes qui ne connaissent sur le manche que quelques accords. Vous en connaissez certainement autour de vous. Moi aussi ! Il suffit alors de quelques chansons, d'un morceau de blues bien cadencé, pour que le guitariste en question se mette à rêver au grand soir.
© Pixabay (pexels.com).
Du point de vue populaire, sa présence la plus authentique va s'abord se marier avec les menestrels, ces chanteurs ambulant de blues rural qui exprimeront avec leur guitare les tourments de leur âme. Ce détour par les États-Unis nous conduit directement au jazz et à évoquer l'influence que cette musique va avoir sur sa visibilité.
Le premier tournant de cette aventure survient dans les années 40, quand les guitaristes de jazz, fatigués de ne pouvoir s'entendre et d'être reconnus à leur juste valeur, réclameront que leur « six cordes » devienne électrique. Les contrebassistes, qui traverseront la même galère, en viendront à réclamer justice à leur tour quelques années plus tard avec la basse électrique.
Alors que l'amplification allait de soi et se répandait sur scène à coup de décibels, les possibilités sonores offertes par la guitare électrique devaient titiller les neurones de quelques guitaristes audacieux et les projeter sur le devant de la scène avec un « jeu sauvage » réclamant une énergie sans faille : le rock'n'roll.
À cause de cette musique, une scission définitive venait de s'opérer entre le modèle électrique et son homologue acoustique, indiquant, à qui veut bien l'entendre, que le rock'n'roll sans une guitare électrique, n'est pas vraiment du rock'n'roll. Ce style, apparu dans les années 1950, est le premier à avoir su fédérer autour de lui les « teenagers » en blouson de cuir par l'emploi éhonté de l'instrument. La façon de tenir la guitare en bandoulière, à des années-lumière de la position classique, ouvrait la voie à un jeu incisif, rageur, frisant l'interdit et la « bonne éducation » parentale. En d'autres termes : « Auparavant, la guitare se faisait discrète. Depuis, elle brille sous les projos ! » Cependant, il existe et existera éternellement des guitaristes désireux de s'affranchir de quelques accords qui tournent en boucle, ne serait-ce que pour donner à l'instrument une autre dignité.
La suite, prenant appui sur le rock'n'roll ou en prenant des distances avec lui, ne sera qu'une succession de défis. Pour certains guitaristes, le son de l'instrument de plus en plus ample et généreux conduira au développement de nouvelles performances techniques et à d'autres rapports avec l'instrument, notamment grâce à l'utilisation d'effets externes : distorsion, écho, phaser, etc..
LA GUITARE EST POURTANT UN INSTRUMENT DIFFICILE !
Quand on observe jouer un guitariste, il suffit de quelques secondes pour convenir du niveau qu'il détient. Son habileté à tenir l'instrument, académique ou non, et de déplacer ses doigts sur le manche suffisent généralement. Mais concernant la charge émotionnelle, c'est souvent le son allié à la personnalité de son jeu qui l'emporte le plus souvent.
L'instrument a certes évolué, au point qu'une bonne partie de son répertoire reste difficile d'accès dès que son utilisateur ne se contente plus de gratter quelques accords. Sans souhaiter réaliser de comparaison hâtive avec un instrument comme le piano, la guitare réunit bien des difficultés. Outre ses propres problèmes d'indépendances et de rythmes, le guitariste débutant comprend soudainement que la pratique du toucher et du délier compte autant, sinon plus, qu'une leçon apprise par cœur sans autre imagination.
Côté enseignement, plusieurs techniques se présentent, chacune reflétant un jeu particulier. Ainsi, jouer parfaitement une bossa nova ne fera pas de vous un jazzman et interpréter un blues avec feeling, un rocker d'envergure. En fait, chaque style a pour particularité de n'être nullement complémentaire. C'est certainement là, une des grandes singularités de l'instrument, car il permet à chaque utilisateur de trouver sa propre voie grâce à une technique ciblée.
© Joseph Humphrey (pexels.com).
UN INSTRUMENT POLYVALENT PAR EXCELLENCE
Entendre une guitare à travers une chanson sentimentale ou dans un rock enflammé, personne ne sera surpris. La « six cordes » parvient à s'illustrer musicalement dans pratiquement tous les registres. Rares sont les terrains sonores dans lesquels elle ne se soit pas exprimée. Répertoire traditionnel, classique, folk, jazz, rock... Tout y passe, même l'électro avec lequel elle parvient à se glisser avec des résultats souvent étonnants.
Le jeu sur ses cordes est particulièrement riche. Fabriquées généralement en acier ou en nylon, elles sont grattées, pincées, tirées et même tapées, jouées avec les doigts quand ce n'est pas avec un plectre. Conjointement à ces divers modes d'expression, des modèles dédiés sont nés : électroacoustique, demi-caisse, solid body, dobro, double-manche, 12 cordes, etc., eux-mêmes accompagnés de techniques distinctes qui ont consolidé l'intérêt et l'usage de l'instrument au cœur des formations.
Grâce à ces différents usages, la « six cordes » a finalement répondu « présent ! » en toute occasion. En outre, sa capacité à réagir au « feeling » de chaque guitariste démontre sa capacité à pouvoir faire chanter les mélodies ou à exprimer sa fureur sur scène quand la musique s'y prête.
AU COURS DU VOYAGE ET DES OCCASIONS
Comme la flûte, si légère, la guitare est vouée à voyager. Dans son étui, elle prend place dans le coffre d'une voiture, bien à l'abri. C'est le compagnon de route idéal que l'on sort par exemple au cours d'une soirée. Le « gratteux » de service ouvre alors le bal et apporte avec elle la bonne ambiance autour de quelques refrains chantés.
Chez soi, la guitare se loge facilement dans une armoire ou sur une étagère, mais sur un présentoir, elle flatte l'œil des invités au point de se faire désirer et d'être caressée. Surtout, elle pose moins de soucis que le piano, dont l'encombrement peut devenir parfois un problème, ou que la batterie, à cause du bruit.
La sonorité de la guitare acoustique est particulièrement réservée. Sa vive sensibilité oblige leurs possesseurs à choisir un environnement adéquat, comme un couloir ou une chambre, un lieu dans lequel l'instrument « décollera », là où les réflexions naturelles mettront en évidence la richesse de ses transitoires et de ses sons soutenus. Le résultat n'en sera que plus beau.
© Kindel Media (pexels.com).
Sa popularité, transmise en premier à travers la chanson, incite à l'essayer, d'autant que les modèles d'apprentissage ne sont pas onéreux. Sauf gros problèmes qui nécessitent l'intervention d'un luthier (table fendue, manche déformé, problèmes avec les frettes...), l'entretien d'une guitare demande peu de compétences techniques. Savoir changer les cordes et les accorder est le « b. a.-ba » du guitariste. Mais ça, vous vous en doutiez déjà !
En conclusion, ce petit tour de l'usage de la guitare permet d'affirmer que si vous prenez un jour la décision d'en jouer, elle se fera un plaisir d'être votre confident par les émotions et sensations qu'elle vous transmettra. Sentir vibrer la guitare contre soi, c'est déjà magique ! Alors qu'attendez-vous pour franchir le pas ?
Par Elian Jougla (Cadence Info - 05/2024)
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