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MUSIQUE & SOCIÉTÉ


LES BEATLES, HÉROS DE LA CONTRE-CULTURE

Le 4 septembre 1962, les Beatles : Paul McCartney, John Lennon, George Harrisson et Ringo Starr entrent dans les studios londoniens de Parlaphone pour enregistrer leur premier disque. Le 5 octobre 1962, Love Me Do est mis en vente en Grande-Bretagne et marque la naissance d’un groupe légendaire…


LES BEATLES, SYNTHÈSE D’UNE HISTOIRE

Pour les historiens, les années 1962/1964 désigne la première époque Beatles, celle qui consacre les réalisations sonores de Please, Please Me, Taste of Honey, Ask Me Why ou encore l’explosif Twist and Shout. C’est leur manager, Brian Epstein, qui les aidera à fabriquer l’image que nous connaissons d’eux. Il changera l’aspect crasseux de ces jeunes gens qui fumaient et buvaient en scène et les obligera à composer des thèmes originaux. C’est grâce à Epstein que les possibilités d’expression du groupe prendra forme.

La suite de l’histoire déroulera son tapis rouge avec le tournage de deux films consacrés à ces héros venus de Liverpool : A Hard Day’s Night et Help, pour aboutir plus tard à l’apogée classique de Revolver et Sgt. Pepper ; disques qui représentent la perfection de leur style, qui touche au baroque et produit une musique déjà sophistiquée. Malheureusement, les deux derniers albums, Abbey’s Road et Let It Be, annoncent l’imminence du déclin et de la séparation qui aura lieu en 1970. Les quatre de Liverpool suivent alors des chemins différents... Et en janvier 1971, la dissolution légale du groupe est prononcée par un tribunal, tous les litiges entre les ex-associés ayant été réglés.


CHANSONS ET MESSAGES

Il reste certain que les Beatles ont été les plus grands représentants de la musique pop et en ont incarné en quelque sorte le mythe. L’extraordinaire succès des Beatles est dû en partie à la diffusion commerciale, à la qualité et la diversité des textes et des musiques, mais aussi par le jeu de leurs attitudes pseudo-politiques et paraphilosophiques.

Au point culminant de la « contre-culture », tandis que les Beatles chantent I Love to Turn You On, les jeunes gens se passionnent pour quelques textes imagés et puérils comme celui de Strawberry Fields Forever : Let me take you too / ‘Cause I’m goin’ down / Strawberry fields / Nothing is real. / There’s nothing to get bung about / Strawberry fields forever. (Viens avec moi, je vais aux champs de fraises, rien n’est réel. Il n’y a rien à craindre, champs de fraise pour toujours.) ; ou encore pour d’autres chansons à l’image de Can’t Buy me Love et All You Need is Love.

Les jeunes avaient envie d’abandonner leur foyer, comme dans She is Leaving Home. Puis, dans Nowhere Man, ils trouvaient un écho à leur solitude où les réduisait, pensaient-ils, la société : He is a real nowhere man / Sitting in his nowhere land / Making all his nowhere plans / For no one. (C’est vraiment un homme de nulle part, assis dans son pays de nulle part, et traçant des plans de nulle part, pour personne.)

© Lula Fernadorels - Arte Digital (flickr.com)

En 1968, les règlements sanitaires, les trafiquants de drogues nocives, les filous, les arrestations, les boutiques de camelotes et les autocars de touristes commencèrent à faire éclater l’univers des hippies. Les Beatles chantaient alors une chanson d’un style très maniéré : I don’t klow why / They never told you / How to unfold your love (Je ne sais pas pourquoi on ne vous dit jamais comment déployer son amour.)

Les temps avaient changé, cependant les Beatles ne redevinrent jamais ce qu’ils avaient tenté d’être ; leur « miracle pop » ne se renouvellera pas. Plus tard, dans Abbey’s Road et Let It Be, le message s’affaiblira encore. Les jeunes qui avaient placé leur espoir dans la « contre-culture » se heurtaient à une ambiance toujours plus défavorable ; ils attendirent des Beatles, en vain, des réponses à leurs questions.

Les problèmes qui se posaient à eux étaient trop éloignés des conditions de vie des Beatles, protégés par les millions qu’ils avaient gagnés entre-temps. La chanson Let It Be apportait un timide conseil : There will be an answer : let it be, let it be (Là-bas, il y aura une réponse : laissez faire, laissez faire.) Ils chantaient ensemble, à plusieurs reprises : Nothing’s gonna change my world (Rien ne changera mon monde), et ils se la mentaient en proclamant : It’s been a long and withing road / That’s leading up to your heart. (Le chemin a été long et sinueux qui m’a conduit jusqu’à ton cœur.)

En 1966, quatre bohémiens aux cheveux longs jouaient pour de jeunes hystériques aux cheveux courts. En 1970, dans un concert rock, la moitié de l’assistance avait un aspect aussi étrange que John Lennon. Le monde du rock, qu’il avait contribué à créer, était devenu une communauté sophistiquée, qui se considérait comme le centre social et esthétique de son temps. Cette musique avait déjà eu un air provincial quand Elvis Presley avait commencé à la chanter à Memphis, avant de devenir cosmopolite avec les Beatles ; à San Francisco, elle sera utilisée pour donner son impulsion à la tentative d’une « nouvelle culture ».

Quand les Beatles abandonneront la scène et que les hippies laisseront tomber les fleurs, on retrouvera ailleurs une expression musicale plus violente, plus percutante ; une insatisfaction caractéristique que l'on retrouve au fond de la sensibilité du rock'n'roll, une profonde frustration unie à un désir de beauté.

Par H. Tissot (cadence info - 08/2015)

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