UNE SYMPHONIE AVEC DES CHŒURS SUR UN POÈME DE FRIEDRICH VON SCHILLER
L'Hymne à la joie appartient au dernier mouvement de la Neuvième symphonie du maître allemand. Elle parachève une carrière artistique riche d'œuvres éternelles jusqu'aux derniers témoignages que sont sa Missa Solemnis, la Variation Diabelli, les derniers Quatuors à cordes et les ultimes Sonates pour piano.
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À la fin de sa vie, Beethoven s’est totalement affranchi des conventions classiques et propose de nouvelles perspectives dans le traitement de l’orchestre. La Fantaisie pour piano, chœur et orchestre op. 80 de 1808 peut être considérée comme un travail préparatoire à la Neuvième symphonie, surtout par la très grande proximité des thèmes principaux et par l'emploi d'un chœur (et d'un orchestre) dans le dernier mouvement.
Durant plus d’une heure, les quatre parties de l'œuvre triomphale font exploser littéralement les structures classiques illustrées par Haydn et Mozart. Le compositeur est admiratif des idées de la Révolution française, mais pour lui, cette ultime symphonie traduit avant tout le message du poème de Friedrich von Schiller, une ode de fraternité entre les hommes sous les yeux d'un Dieu bienveillant.
Cette intention à la fois humaniste et universelle pour laquelle, visiblement, Beethoven a commencé à s'intéresser dès 1792, prend forme à travers l'introduction et les quatre grandes parties du thème « de la joie » faisant entendre les strophes du poème de Schiller. Sur une tonalité majeure, de récitatif instrumental en pseudo scherzo et pseudo mouvement lent, le renfort des voix apporte un sentiment de puissance et de droiture, en particulier dans le final qui offre une grandiose superposition – textes et musique – des premières et cinquième strophes sous le couvert d'une conclusion orchestrale.
HYMNE À LA JOIE (final)
Orchestre et le Chœur de Radio France.
UNE ŒUVRE SYMBOLIQUE
L'Ode à la joie du poète Schiller, traduit dans sa version musicale sous l'intitulé Hymne à la joie, est devenu l'un des symboles de l'Europe en 1972, puis l'hymne officiel de l'Union Européenne en 1985, dans des arrangements réalisée par le chef d'orchestre autrichien Herbert von Karajan, avant que la partition ne soit incorporée dans le patrimoine mondial de l’Unesco en 2001. Par ailleurs, c'est tout aussi symboliquement qu'elle fut choisie comme message de paix et de fraternité après la Seconde Guerre mondiale, lors de la réouverture du festival de Bayreuth, pour redonner de l'espoir au peuple suite à la chute du nazisme.
Tout comme la Sonate au Clair de Lune et la Lettre à Elise, le cinéma ne pouvait également demeurer insensible à cette page célèbre. Plusieurs films en témoignent : Help!, de Richard Lester (1965), Piège de cristal, de John McTiernan (1988), Le Cercle des poètes disparus, de Peter Weir (1989), Ludwig van B., de Bernard Rose (1994) ou encore Sexy boys, de Stéphane Kazandjian (2001) et L'Élève de Beethoven, d'Agnieszka Holland (2006). Le réalisateur Stanley Kubrick, en particulier, fera usage du thème dans un contexte en total décalage dans son film Orange Mécanique, en 1971.
Par Patrick Martial (Cadence Info - 06/2024)
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