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PATTI SMITH : JUST KIDS, LE LIVRE 'AUTOBIOGRAPHIE D'UNE POÉTESSE

Le livre autobiographique de Patti Smith, Just Kids, commence comme une histoire d’amour et se poursuit comme une élégie, rendant hommage au New York des années soixante et soixante-dix, à ses riches et à ses pauvres, ses prostitués et trublions. Une fable qui s’inscrit dans le vrai, un prélude à la gloire des anti-héros. Oubliez pour un moment la chanteuse rock et laissez-vous entraîner par sa poésie…


PATTI SMITH, L’ÉGÉRIE DE LA MUSIQUE ROCK DES ANNÉES 70

Patti Smith est une artiste sensuelle aux multiples talents qui deviendra l’égérie de la musique rock des seventies avec des disques comme Horses ou Radio Ethiopia.

Dix ans plus tôt, quand elle s’installe à New York, elle gravite déjà autour des scènes folk et rock. Son attirance pour la musique est déjà présente et prendra forme lorsqu’elle séjournera à Paris avec sa sœur Linda. Elle chantera dans les couloirs du métro et aux terrasses des cafés des chansons en anglais avec un accent français afin d’attendrir le public. Sa passion pour Rimbaud l’incite à vivre pendant un bref séjour dans sa ville natale, Charleville, et à s’inspirer de son style dans ses poésies.

Couverture du livre 'Patti Smith Just Kids'

Les musiciens commencent à la remarquer quand son écriture s’inscrit au dos des pochettes de disques (elle écrira même des textes de chansons pour la formation Blue Oyster Cult). Dans sa vie, elle va croiser sur sa route de nombreuses personnalités emblématiques du monde artistique, tels Jim Morrison, Janis Joplin, John Cale, Bob Dylan, le comédien Sam Shepard ou le peintre controversé de l’art Pop, Andy Warhol.

Cette fidélité aux artistes qui ont su si bien l’inspirer, Patti Smith va la décrire avec l’âme du poète, transformant au fil des pages son autobiographie en un document chargé d’émotion, peignant de sa plume le monde artistique New-yorkais des années 60/70.

Si l’on retient d’elle ses chansons rock en pleine effervescence punk, auparavant, l’artiste avait effleuré si ce n’est construit son début de carrière autour de disciplines aussi diverses que le dessin, la photographie ou le théâtre. Ce passé aussi riche que mouvementé est également traduit dans son autobiographie à de multiples reprises. Dans Just Kids, les descriptions sont simples, belles et puissantes.


PATTI SMITH ET ROBERT MAPPLETHORPE

Patti Smith s’épanche librement et abondamment sur son amour/amitié éperdu pour Robert Mapplethorpe, artiste plasticien. Au détour des pages, des clichés savamment choisis mettent en lumière cette relation amoureuse. Patti Smith saura saisir ces instants éphémères d’un bonheur noué par des lendemains incertains.

Pourtant, cette libre histoire d’amour aurait pu virer au cauchemar… Lui, toxicomane et homosexuel, se livrait à la déchéance physique dans d’interminables soirées virant au trip. Les expériences autodestructrices du LSD et de l’héroïne faisant leur œuvre, Patti Smith échappera pourtant à leur emprise.

Une seule fois, elle acceptera de partager cet “amour en communion”, ce “Peace and Love” soi-disant éternel. Elle n’en retirera qu’amertume et déception : “La nervosité m’a peu à peu gagnée. Je ne parvenais pas à me détendre…” et de rajouter… “Autour de moi, tout semblait complètement hors de portée, les silhouettes se nimbaient d’auras orange, rose et d’un vert acide. Pas de lune ni d’étoiles, réelles ou imaginaires.“.

Dans les années 60 et au début des années 70, Patti Smith et Robert Mapplethorpe souffriront de la faim, sans trop savoir où dormir. Cette lutte constante pour survivre n’aura pas altéré le désir de vivre leur rêve. C’est même là toute la force de Patti Smith : n’arriver à survivre que pour mieux conquérir.

Patti Smith écrit avec dévotion cette relation, faite d’une amitié complexe, exigeante, toujours en constante évolution. Aujourd’hui, 20 années après la disparition de son ami (le SIDA l’a emporté), elle n’a pas oublié la promesse qu’elle lui avait faite, celle de commémorer avec honnêteté et sincérité leur histoire à travers un livre. Aujourd’hui, c’est chose faite.

Par Patrick Martial (Cadence Info)

PATTI SMITH - JUST KIDS
Traduit de l’américain par Héloïse Esquié.
Éditions Denoël - 330 pages, prix env. 20 euros.


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