Les amoureux de la bossa nova savent que le genre rime souvent avec tristesse. Presque toutes les bossas ont en elles cette couleur raffinée, ce sens de l'économie dans le tempo, dans l'instrumentation. Ce n'est certainement pas le répertoire de Carlos Jobim, le plus illustre compositeur avec Chico Buarque qui ira à l'encontre de ce constat.
Pour Pauline Croze l'enjeu était d'arriver à interpréter ses chansons mondialement connues que sont La Fille d'Ipanema, Voce Abasou, Les eaux de Mars, Manha de Carnaval ou Tu verras en y injectant une dose de sonorités actuelles sans trahir les fondamentaux : sa pulsion, ses harmonies, bref son esprit. Pour réaliser son album Bossa Nova, la chanteuse et guitariste s'est entourée de quelques invités prestigieux tels Flavia Coelho, Vinicius Cantuaria et Bruno Ferreira.
Quatre ans après son dernier album Le Prix d'Eden, la voici reprenant un répertoire connu de tous et pour lequel il est bien difficile de faire oublier les originaux, un pari, un défi que la chanteuse Pauline Croze a voulu relever.
Avec ces samples de kora, ces ajustements rythmiques légers comme une plume, ces échos sonores propre à l'électro, Pauline Croze a soigné ces trésors venus du Brésil ; elle que l'on avait un peu trop vite cataloguée chanteuse de folk prouve qu'elle peut aussi élever ses intentions musicales dans le domaine des musiques métissées en leur apportant une nouvelle jeunesse.
La bossa nova, musique qui repose sur un rapport entre l’harmonie et le rythme, ne fait jamais oublier la sensibilité qui l'habite et qui est pour une bonne part à la source de son succès. La signature musicale de Pauline Croze repose essentiellement sur l'utilisation de sa guitare et sa voix légèrement voilée. Des qualités naturelles qui permettent à la chanteuse d'imposer sa vision, sans donner le sentiment de forcer ou d'être dans l'imitation pure.
Quatre ans après la parution de son troisième album, Le prix d’Eden et onze ans après le disque éponyme qui la révéla aux oreilles du public, Pauline Croze n'est ni à contre-courant, ni hors des modes, elle suit simplement sa pulsation intérieure, son instinct, quitte à nous surprendre, quitte à bousculer les habitudes dans un répertoire maintes fois adaptés et interprétés.