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CLASSIQUE / TRADITIONNEL

VARÈSE, QUAND SA MUSIQUE S'ACCOMPAGNE DE SCULPTURES VIDÉOS

Quand la musique incantatoire d’Edgard Varèse part à la rencontre des images du plasticien Gary Hill…


VARÈSE, LA RENCONTRE ENTRE SONS ET TECHNOLOGIES

Loin des avant-gardes formalistes, Varèse rêve d’inventer des machines capables de restituer les sonorités de son temps : il veut produire de nouvelles combinaisons, générer des timbres insoupçonnés. Sa musique influencera Xenakis, Nono, Frank Zappa

À l’affût des technologies de pointe, Edgard Varèse inclut les ondes Martenot à Amériques (1928) et se sert, en guise d’instruments, d’une sirène de bateau et d’une corne de troupeau. Dans Déserts (1954), il introduit des sons qu’il a lui-même enregistrés avec un magnétophone. Mais, s’il multiplie les expériences électro-acoustiques, sa curiosité ne se limite pas au futur : le monde primitif l’attire également. Il compose Ecuatorial à partir des textes de Popol Vuh, livre sacré des Indiens guatémaltèques. Il faut dire que l’ami de Picasso et de Satie fréquente aussi bien des scientifiques que des alchimistes, des philosophes ou des architectes.

Son œuvre, dense, diffuse une puissante énergie, remarque Peter Eötvös qui dirige la première intégrale consacrée au compositeur et mise en espace par Pierre Audi et Gary Hill. Sous l’impulsion du chef hongrois, l’orchestre et le cœur diffractent cette musique incantatoire, percussive, zébrée de déflagrations, piquée d’interpolations électroniques, qui se développe en mouvements de plans, de blocs, de volumes.

Certains des dispositifs de spatialisation du son conçus par Varèse annoncent les installations plastiques. En ce sens, la “performance visuelle sculpturale” élaborée ici par l’Américain Gary Hill (né en 1951), un des plus importants artistes vidéo d’aujourd’hui, entre en résonance avec les recherches du musicien.


VARÈSE :DENSITY 21.5
Flûte solo (Jeannette Landré), funambule : Thijs Maartens, mise en espace : Gary Hill. Festival Holland 'Varèse 360° Granbden Rondom' à Amsterdam (2009)

GARY HILL, POSTERITÉ MULTIPLE

Hill commence par réaliser des sculptures avant de se tourner vers la vidéo. Mais, contrairement à ses pairs, il rejette la représentation. Dans ses installations, il explore en effet les rapports entre le corps, le son, l’image et le langage de façon à aiguiser la perception et la conscience : il alterne le net et le flou, la lumière et l’obscurité, l’apparition et la disparition…

Son travail, dernièrement présenté à la fondation Cartier (2007), a reçu le Lion d’Or de la sculpture à la Biennale de Venise en 1995. Pour Edgard Varèse 360°, cet expérimentateur imaginatif mixe et projette en direct, sur trois grands écrans dressés en fond de scène, des photographies et des images créées par ordinateur. Apparaissent des spirales, accumulations de notes qu’il « voit » dans la musique de Varèse.

Au goût du compositeur pour les cultures précolombiennes, le plasticien répond en montrant les visages tatoués d’Indiens Yanomanis qu’il a côtoyés il y a dix ans dans la jungle amazonienne. Ailleurs, il établit un parallèle entre l’interprète qui manie sa flûte devant le public et l’avancée d’un funambule bien vivant sur son fil.

Varèse aurait aimé dialoguer avec Gary Hill !

Par Estelle Weinstein (Cadence Info - 11/2009)


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