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CLASSIQUE / TRADITIONNEL

DAVID KADOUCH INTERVIEW DU PIANISTE CONCERTISTE

Jeune pianiste niçois, David Kadouch possède un parcours remarquable. Dès l'adolescence, il se produit sur de prestigieuses scènes internationales : Metropolitan Hall de New York, Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, Carnegie Hall de New York, et sera invité par Pierre Boulez, Jean-Claude Casadesus, entre autres. David Kadouch a été sacré « Révélation Jeune Talent » aux Victoires de la musique 2010 et « Young Artist of the Year » aux Classical Music Awards 2011.


DAVID KADOUCH : LAISSONS LE TEMPS À L'ÉTERNITÉ !

David Kadouch, comment a commencé pour vous l'aventure du piano ?

David Kadoucht : très simplement : ma grande sœur faisait du piano. J'ai souhaité en faire à mon tour, j'ai aimé, j'ai continué. D'abord à Nice, puis au Conservatoire National Supérieur de Paris, dans la classe de Jacques Rouvier, où je suis entré à l'âge de quatorze ans. J'ai eu la chance, par la suite, de rencontrer Dimitri Bashkirov et d'être admis en septembre 2003 dans sa classe de l'école Reine Sofia de Madrid. C'était l'occasion, outre de travailler avec un grand maître, de changer d'atmosphère.

© Leeds Piano Competition 2015 - David Kadouch (2009)

Certes, on apprend toujours, quel que soit l'âge qu'on a et le métier qu'on exerce. Mais que peut apprendre dans une autre école un diplômé du CNSM de Paris ?

J'ai envie de vous répondre que le diplôme du Conservatoire marque un début plutôt qu'un aboutissement. D'une manière générale, je cherche des professeurs avec lesquels je puisse avoir un contact privilégié. Il y a aussi ce que vous apportent les interprètes lorsque eux-mêmes sont sur la scène : aller écouter au concert un grand pianiste, c'est presque assister à un cours.

N'êtes-vous pas effrayé par le grand nombre de jeunes pianistes talentueux qui, passez-moi l'expression, arrivent chaque année sur le marché ?

Je ne veux pas m'effrayer, sinon il ne serait plus possible de faire quoi que ce soit !

Quels sont vos répertoires de prédilection, si vous en avez ? Pratiquez-vous volontiers la musique contemporaine ?

J'aborde tous les répertoires, par goût et par curiosité, aussi bien Mozart et Beethoven que les Russes du XXe siècle (Prokofiev, Chostakovitch). Aucun musicien vivant n'a composé pour moi, mais je joue les grandes œuvres contemporaines, comme le Trio pour violon, cor et piano de György Ligeti. De toute manière, la musique contemporaine ne suffit pas pour se distinguer. À quatorze ans, j'ai eu la chance de jouer devant Berio lors d'un concert privé, par l'intermédiaire du peintre Valerio Adami. En 2004, je me suis présenté au Festival de Lucerne où j'ai eu la chance de jouer sous la direction de Pierre Boulez des pages de George Benjamin, Harrison Birtwistle et Hanspeter Kyburz. J'ai aussi interprété sous la direction de Boulez le concerto de Schoenberg ; c'était dans le cadre des répétitions d'un concert, mais travailler avec Boulez, même en se limitant aux répétitions, c'est déjà très formateur !

Que pensez-vous du fait que très peu d'œuvres composées depuis cinquante ans, pour piano seul ou pour d'autres formations, se soient imposées au répertoire ?

Il y a sans doute un manque d'éducation chez le public, alors que les arts plastiques ont toujours été fêtés par le public, qui a toujours su apprendre à les connaître et à les aimer. Mais une sonate de Boulez est un grand moment d'histoire !

C'est peut-être la différence entre une certaine musique contemporaine et les œuvres qui ont su traverser les siècles : Boulez nous donne un grand moment d'histoire alors que Beethoven incarne un grand moment d'éternité...

Peut-être. Laissons le temps à l'éternité !

Êtes-vous prêt à jouer sur des instruments historiques ?

Oui, j'ai d'ailleurs donné à Nice, il y a quelques années, un concert consacré à Mozart sur un pianoforte. Un tel instrument exige un temps d'adaptation, mais l'expérience est excellente pour l'oreille interne. Cela étant, je ne suis pas du tout gêné de jouer Mozart sur un piano moderne : le but du jeu est de se rapprocher du sens de la musique, l'instrument est un outil au service de cette recherche.

Propos recueillis par Ch. Wasselin (Cadence Info - 07/2014)


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