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CLASSIQUE / TRADITIONNEL

DÉCOUVRIR L’OPÉRA VIA LE DISQUE ET LE DVD

Le DVD ferait-il de l’ombre à l'opéra ? Combien sont-ils à vouloir accéder au moins une fois dans l’année au sacro-saint rendez-vous d’un festival réputé ? Sont-ils nombreux à tenter leur chance ? Peut-être un sur mille ? L’opéra est devenu une chasse, car la place est chère, au sens propre comme au sens figuré. Mais depuis que le DVD fait régulièrement son marché et qu’il sélectionne pour vous le meilleur, assister à une représentation d’un opéra semble appartenir au passé…


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Bayreuth, Salzbourg, le Châtelet ou Orange offrent aux festivaliers de quoi se réjouir chaque année. Le jeu est excitant, la halte quasi obligatoire pour celui ou celle qui voue une passion sans borne à l'opéra. Le mélomane se nourrirait-il que de fantasmes ? Car, il faut bien l'avouer, tous ces lieux célèbres ne justifient pas toujours la dévotion et l’extase qu’on leur accorde. Cette réflexion, sûrement médisante, provient de l’observation d’un art que l’on porte souvent très haut, mais que le spectateur lambda observe souvent de loin sans trop comprendre l’engouement ou la dévotion qu’on lui accorde.

Il fut un temps où il n’était que le rêve des rois, qu'il n’existait que pour la pérennité et le prestige de quelques palais. Les castrats lançaient leurs vocalises dont chaque note résonnait en pesant d’or. C’était l’époque des fastes de Versailles, du Théâtre de la Reine, qui est devenu aujourd’hui un lieu de visite dans lequel on pénètre sur la pointe des pieds. La disparition des monarques verra la fin de toute cette profusion décorative et d'une certaine folie.

© Nacho - flickr.com


L'OPÉRA ET LES TEMPS MODERNES

Pour s’adapter aux temps modernes, de vieux métiers, toujours nécessaires, doivent s’adapter : costumier, décorateur, accessoiriste… Quant au régisseur, face à ses diverses responsabilités, il essaye du mieux qu'il peut de maintenir l'opéra au sommet de la hiérarchie.

Dans les années 60, au moment où l’art « pop » se consommait sans modération, l’argent faisait partie de plus en plus du spectacle. L’opéra qui observait cela de loin entra d'abord par la petite porte. Il existait un désir, celui de le voir sur le devant de la scène, en étant grand public, accessible au plus grand nombre. En France, le mécénat avait le vent en poupe et la république, qui croulait sous les demandes, devenait le mécène idéal.

De New York à Paris en passant par Milan ou Vienne, les artistes d’opéras succombaient au « plein emploi »... via d’incessants voyages en avion. Omniprésent, ils l’étaient. Mais cette génération, qui avait attendu les années 60 pour éclater, entrait à la décennie suivante dans le crépuscule. Les carrières n’avaient plus le temps de mûrir. La construction des grands rôles, leur longévité était nécessairement soumise à une plénitude, à celle du temps.

Le vivier était formidable, mais la lente ascension qui conduise aux cimes d’une Elisabeth Schwarzkopf ou d’un Kirsten Flagstad a toujours frôlé les vingt années de dévotion. Face à l'essor d'une société de consommation omniprésente, le métier de chanteur d’opéra a aujourd'hui bien du mal à s’accorder aux exigences du marché, à trouver son accord dans l'immédiateté. Avides de nouvelles têtes d’affiche, promotionnellement fabriqués en deux ou trois ans, grand maximum, le disque génère des têtes qui, le temps qu’on les affiche, sont déjà ternis. Les orchestres, dont la tâche immense est de porter l’opéra, ont aussi leur responsabilité en ayant trop vécu sur des avantages acquis. À l’aube du troisième millénaire, un paradoxe voit le jour : l’opéra, alors réduit à quelques maisons, voit son public revenir de partout, et pourtant…


OPÉRA, DISQUE ET DVD

L’expansion du disque, à partir des années 50/60, donnait la nette impression que celui-ci, à terme, provoquerait l’absence du public dans les théâtres. Or, ce nouveau moyen, qui permet à une salle de spectacle d'avoir son nom sur la pochette et à des artistes de faire entendre leur voix dans de bonnes conditions, inventait une autre attitude : celle de revenir en toute liberté, de réécouter et d’approfondir. D’abord hésitant, le film d’opéra suivra ce chemin-là, avant d’y adhérer sans retenu dans les années 80.

Dans ce cadre, le disque joue très bien son rôle. Il permet de prolonger le rayonnement médiatique des grands chanteurs et chanteuses d’opéra tels Boris Christoff, Maria Callas, Mario Del Monaco, Tito Gobbi… Un temps béni, peuplé d’artistes de valeurs. L’opéra semblait réservé à une élite, pourtant il se démocratisait. Karajan dirigeait et Schwarzkopf chantait, mais ils s'invitaient chez vous simplement, librement.

En cinquante ans, le catalogue n’a fait que croître. Il a tracé un historique précis, avec des faits concis, des images qui hantent la mémoire du mélomane. Le spectacle n’est plus éphémère, il conserve une fiable traçabilité grâce au disque. Et si aujourd’hui, il est difficile de trouver sur sa route une Callas de choc ou une Schwarzkopf de charme, le microsillon, puis le DVD sont arrivés à point nommé pour maintenir leur présence d’une façon éternelle.

De nos jours, avec l’arrivée des techniques modernes, la manière de filmer l’opéra en scène a considérablement évolué. Souvent, le DVD permet d’assister au spectacle sous des angles de vue impossible pour un spectateur, même pour celui assis au premier rang. De plus, pour une ou deux surprises à couper le souffle, le spectacle de l’opéra inflige forcément ses arbitraires, si bien qu’on est tenté de rester chez soi pour ne pas courir le risque d’être déçus.

Faut-il alors seulement rêver de l’opéra, de peur de le chasser de notre imaginaire ? Certes, nous ne ferons plus partie du lot de pèlerins en goguette, de ces festivaliers qui semblent avoir perdu la foi quand le spectacle promis n’est pas au rendez-vous. Qu’importe s'ils ont raison ou tord, si le vrai spectacle prend racine chez soi, dans nos murs, à la fraîcheur d'une soirée d'été.

Par M. Beaufort (Cadence Info - 04/2015)

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