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SON & TECHNIQUE

DEVENIR INGÉNIEUR DU SON, LA PROFESSION EN QUESTION

Qu’il travaille en équipe à la réalisation d’un film ou qu’il s’isole dans une cabine de studio d’enregistrement, l’ingénieur du son est un maillon indispensable dès qu’il s’agit d’embellir la voix d’un chanteur, de créer des effets sonores, de mixer ou tout simplement d’enregistrer des dialogues. C’est toujours l’ingénieur du son qui crée le lien entre l’idée sonore, sa mise en forme et sa réalisation.


INGÉNIEUR DU SON DANS L'AUDIOVISUEL OU DANS LE MONDE MUSICAL ?

Franchir l’aventure du son peut conduire à capter la personnalité d’une voix d’acteur, comme à réparer les ‘couacs’ malencontreux d’un instrumentiste. Ce grand écart oblige la plupart des ingénieurs du son à se spécialiser dans un domaine, soit dans l’audiovisuel (cinéma, télévision…), soit dans le monde musical (enregistrement d’albums en studio, sonorisation de spectacles…). En plus d’être un technicien formé à manier du matériel de haute technologie, il doit être en mesure d’affronter les nombreuses exigences d’un artiste ou celles d’un metteur en scène sur le lieu de tournage.

Dans ce métier, la routine est absente. Quand l’ingénieur du son travaille dans un studio d’enregistrement, il doit se rapprocher de l’artiste en déployant si possible certaines connaissances musicales. En lien avec l’arrangeur, il doit connaître l’effectif et les moyens techniques qui devront être déployés.

Dans le domaine de l’audiovisuel, l’activité est toute différente. Il arrive parfois que la prise de son se transforme en aventure dès que les conditions du direct deviennent drastiques… Lors d’un tournage en plein air, les aléas sont multiples et conduisent à faire des choix parfois aléatoires. Le vent, la pluie, l’inintelligibilité des dialogues et autres interférences conduisent à ‘salir’ le son. Dans ce cas, les techniques apprises en studio ou en formation dans les écoles ne suffisent généralement pas. Face à de tels défis, l’ingénieur du son doit faire preuve d’imagination et d’audace : position et nombre de micros, type d’enregistreur, perche ou pas, etc. De la tonalité des dialogues jusqu’à la réalisation du montage final, il est le seul responsable de l’identité sonore du film, comme nous l’explique Jean-Jacques Ferran, ingénieur du son.


JEAN-JACQUES FERRAN, INGENIEUR DU SON

Frère de la cinéaste Pascale Ferran, Jean-Jacques Ferran, 59 ans, a travaillé sur une trentaine de longs métrages. Il a été sélectionné aux César pour son travail sur le film Des hommes et des Dieux.

Comment êtes-vous devenu ingénieur du son ?

Une sœur cinéaste, une autre comédienne, un frère metteur en scène… J’étais naturellement attiré par les domaines artistiques. Après un bac scientifique et des hésitations sur mon orientation, je suis entré à l’école Louis-Lumière, en filière son. J’écoutais et je jouais du jazz toute la journée, cette voie me paraissait la plus évidente. Mais c’est en devenant l’assistant de l’ingénieur du son Dominique Dalmasso que je me suis vraiment formé. Car on a beau avoir de bonnes connaissances théoriques, on doit tous commencer par tenir une perche et trimbaler des micros.

Au cinéma, l’ingénieur du son a-t-il un rôle créatif ?

Je ne pense pas. À 90 %, le rôle de l’ingénieur du son est de se débrouiller avec les contraintes techniques pour rendre les dialogues audibles et compréhensibles. Mais certains réalisateurs, comme Xavier Beauvois, m’ont permis de prendre des risques. Dans Selon Mathieu, par exemple, il y avait cette scène autour d’une table où des personnages parlaient fort et en même temps, la caméra allant de l’un à l’autre. Mes deux perches tentaient d’attraper des bribes. Expérience formidable, mais terriblement stressante ! L’autre grand plaisir est d’être, sous son casque, le premier auditeur privilégié des comédiens. Quelques cinéastes sollicitent d’ailleurs mon avis sur leur jeu.

Après trente-cinq ans de carrière, connaissez-vous une forme de routine ?

Pas du tout, je suis toujours aussi angoissé quand j’attaque un nouveau film. Mais le plus pénible est qu’aujourd’hui encore je n’ai aucune certitude quant au volume de travail qui m’attend. En 2010, si j’ai travaillé sur quatre longs métrages, j’ai dû me contenter d’un seul téléfilm en 2011… Quatre semaines insuffisantes pour ouvrir mes droits à l’intermittence ! J’ai toujours été choisi par les réalisateurs, il me manque sans doute cette capacité à entretenir des relations avec les sociétés de production.

QUELQUES FORMATIONS EN RAPPORT AVEC LE SON

Pour devenir ingénieur du son, généralement un BTS dans les métiers de l’audiovisuel, option métiers du son, est souhaitable. Si cette ‘palme académique’ sert de carte de visite, elle n’est pas forcément obligatoire, car d’autres solutions existent…


CONSERVATOIRE ET FAC

Le conservatoire national de musique recrute chaque année une dizaine d’étudiants à bac + 2 (cursus scientifique) pour une formation en quatre ans qui mène au diplôme de musicien-ingénieur du son. Consulter la fiche DFS spécialité : musicien ingénieur du son.

Il existe aussi des formations conduites dans les facultés :

- La filière SATIS (Sciences et technologies de l’image et du son) à l’université d'Aix-en-Provence propose une UE option LACL02 "Introduction aux sciences et techniques pour les arts de l'image et du son" à l'attention de tout étudiant de Licence 2 de l'UFR "Arts, Lettres, Langues et Sciences Humaines" (SATIS.univ-provence).

- Le Master pro image et son à Brest propose une formation aux métiers techniques de l'image et du son qui se déroule en 3 ans (Univ-Brest).


L’ITEMM

Pour être technicien spécialisé, facteur ou réparateur d’instruments, l’Institut technologique européen des métiers de la musique s’impose. Créée en 1992, cette école permet de passer un CAP, un BMA et/ou un DMA, et de se spécialiser en piano, guitare, accordéon ou instrument à vent.

Si le bac n’est pas nécessaire, il faut absolument être musicien (sans diplôme obligatoire) et obtenir un contrat d’apprentissage pour pouvoir s’y inscrire. Situé au Mans, l’école accueille 160 élèves chaque année.

Tél : 02-43-39-39-00
Site : ITEMM.


L’ESRA-ISTS

Grâce à l’ESRA-ISTS, les oreilles aiguisées peuvent obtenir un BTS dans le domaine de l’audiovisuel, options métiers du son, un cursus universitaire en cinéma, sciences de l’ingénieur, musicologie, ou bien encore une formation privée, par exemple en trois ans.

Sites : ESRA - ISTS.


LA FEMIS

École de référence, la Fémis ou Ecole nationale supérieure des métiers de l’image et du son propose sept sections (scénario, réalisation…), dont une consacrée au son. Les études durent quatre ans, avec un tronc commun à tous les élèves, deux années de spécialisation et une dernière de recherche personnelle.

Récemment mise en cause par ses élèves, désireux d’un enseignement plus concret, l’école reste toutefois une référence, à égalité avec l’ENS Louis-Lumière, qui propose également une option son.

Tél : 01-53-41-21-20
Site : LA FEMIS.


L’ENS LOUIS LUMIÈRE

Site : Ens-Louis-Lumière.

Par Patrick Martial (Cadence Info - 05/2013)


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