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MUSIQUE DE FILMS

HANS ZIMMER, BIOGRAPHIE/PORTRAIT DU COMPOSITEUR DE MUSIQUE DE FILMS

Hans Zimmer, vous connaissez ? Sauf à être attentif aux génériques de films, ce nom-là est pourtant à rattacher à de remarquables réussites dans le domaine de la musique de cinéma : Le Roi Lion (1994) et Dune (2021), mais aussi Gladiator, la série Pirates des Caraïbes, la trilogie The Dark Knight, etc. Ses œuvres se distinguent par l'intégration de sons de musique électronique avec des arrangements orchestraux traditionnels.


HANS ZIMMER, UN ENFANT REBELLE

Hans Zimmer est né le 12 septembre 1957 à Francfort, en Allemagne de l'Ouest. Il passe son enfance à Königstein-Falkenstein et apprend le piano. Mais Hans n'aime pas les cours qu'on lui impose. L'enseignement est trop formel à ses yeux. « Ma réelle formation a consisté en deux semaines de cours de piano. J'ai été expulsé de huit écoles... Puis j'ai rejoint un groupe. Je suis autodidacte, mais j'ai toujours entendu de la musique dans ma tête. Je suis un enfant du 20ᵉ siècle et les ordinateurs m'ont été particulièrement utiles. » ("I am Hans Zimmer – Ask Me Anything !" – 06/2017).

© ColliderVideo wikimedia – Hans Zimmer (17/09/2018)

Son père, ingénieur, décède alors qu'il n'a que six ans et Hans se réfugie dans la musique jusqu'à qu'elle devienne pour lui une véritable passion. Au cours de son enfance, le musicien a été fortement influencé par les musiques de films d'Ennio Morricone, citant fréquemment Il était une fois dans l'Ouest comme la partition qui l'a inspiré à devenir compositeur pour le cinéma.

Installé à Berne, à l'adolescence, il entre dans un pensionnat avant de déménager avec sa mère pour l'Angleterre, à Londres, ville dans laquelle il renoue avec un autre internat, l'école Hurtwood House. Dans une interview datant de mai 2014, Zimmer a révélé qu'il avait été délicat de grandir dans l'Allemagne d'après-guerre quand on était juif : « Je pense que mes parents se sont toujours méfiés de ce que je pouvais dire aux voisins... qu'ils étaient juifs. » ("Jewish journal" - 17/06/2014)

Négociant la musique avec la technologie des années 1970, les outils électroniques vont alimenter ses fantasmes de compositeur et, en premier lieu, les synthétiseurs qu'il utilisera d'abord au sein de divers groupes avant de s'en servir pour le 7ᵉ art. En tant que claviériste, Zimmer intégrera notamment The Buggles (composés de Trevor Horn, Geoff Downes et Bruce Woolley) – dont le tube new wave Video Killed the Radio Star, en 1979, demeure la référence –, mais aussi Krisma, un autre groupe de new wave composé de musiciens italiens (Maurizio Arcieri et Christina Moser) ou encore Helden, avec le batteur d'Ultravox.


THE BUGGLES : "VIDEO KILLED THE RADIO STAR (1979)

LES PREMIÈRES RÉALISATIONS POUR LE CINÉMA

Alors qu'il vit encore à Londres, Zimmer écrit ses premiers jingles publicitaires pour la compagnie discographique "Air-Edel Associates". Au cours des années 1980, le musicien s'associe avec Stanley Myers, un compositeur de film prolifique qui possède déjà à son actif plusieurs dizaines de BO. Ensemble, ils vont bâtir à Londres le studio d'enregistrement "Lillie Yard". Leur intention : travailler sur la fusion du son orchestral traditionnel marié à des instruments électroniques. Les premières productions sont prometteuses : Moonlighting (1982), Success Is the Best Revenge (1984), Insignificance (1985) et My Beautiful Laundrette (1985).

Puis vient le moment où Zimmer prend en charge pour la première fois la totalité du score d'un long-métrage, Terminal Exposure du réalisateur grec Nico Mastorakis. Nous sommes en 1987 et Zimmer, qui ne manque pas de flair, se transforme aussi en producteur de musique pour un film qui reçoit l'Oscar de la meilleure musique originale (signée par Ryuichi Sakamoto et David Byrne) : The Last Emperor (Le dernier Empereur) de Bernardo Bertolucci. Par ailleurs, durant son long séjour au Royaume-Uni, l'une des œuvres les plus marquantes du compositeur proviendra du jeu télévisé Going for Gold, pour lequel il a composé, avec Sandy McClelland, la chanson thème.

Le tournant de la carrière d'Hans Zimmer se produit avec le film Rain Man de Barry Levinson en 1988. Le réalisateur hollywoodien cherchait un compositeur à même d'imprégner musicalement l'aspect singulier du personnage autiste de Rain Man interprété par Dustin Hoffman. À cette période, Zimmer vient de sortir le CD de la bande originale du drame anti-apartheid A World Apart (Un monde à part). Impressionné par son travail, Levinson lui accordera les pleins pouvoirs pour mener à bien la musique de son film.


HANS ZIMMER : "RAIN MAIN THEME" (1988)

Dans la partition de Rain Man, Zimmer utilise des synthétiseurs (principalement un Fairlight CMI) mélangés à des percussions métalliques. Zimmer s'en explique en 2009 pour "Best Picture Winners" : « C'était un roadmovie, et les roadmovies ont généralement des guitares bruyantes ou un tas de cordes. Je ne cessais de penser qu'il ne fallait pas être plus imposant que les personnages... Le personnage de Raymond (ndlr : Dustin Hoffman) ne sait pas réellement où il se trouve. Le monde est si étranger pour lui. Il pourrait tout aussi bien être sur Mars. Alors, pourquoi n'inventerions-nous pas simplement notre propre musique du monde pour un monde qui n'existe pas réellement ? »

Dès sa parution, la partition de Rain Man révèle sa musique au grand public et marque l'entrée tonitruante du compositeur sur le sol américain avec une nomination aux Oscars en 1989. Moins d'un an après la sortie du film, Zimmer est invité à composer la partition de Driving Miss Daisy de Bruce Beresford qui, comme Rain Man, recevra plusieurs nominations. L'instrumentation de Driving Miss Daisy se compose uniquement de sons électroniques, joués par Zimmer, jusqu'au piano échantillonné.


LA CONQUÊTE DES SPHÈRES

Fort d'une notoriété aussi soudaine qu'inattendue, Hans Zimmer est désormais un musicien particulièrement convoité et dont la carrière s'enracine dorénavant sur le territoire américain. En 1989, il fonde avec un ami d'enfance, Jay Rifkin, le studio d'enregistrement "Media Ventures". Implanté à Santa Monica, ce lieu est censé révolutionner les méthodes de composition liées à l'image, l'objectif étant de soutenir les projets de jeunes compositeurs en leur proposant un matériel de haute qualité. À travers cette initiative, Hans Zimmer souhaite accorder la même chance à des musiciens méconnus que celle que Barry Levinson lui a offerte avec Rain Man. En outre, il permet à ses collaborateurs de composer pour de grosses productions : Jeff Rona pour Lame de fond (1996) de Ridley Scott ou John Powell, fraîchement débarqué d'Angleterre, sur le blockbuster de John Woo, Volte-face (1997).

La même année, Zimmer écrit la musique du film à succès Miss Daisy et son chauffeur (1989), avant de s'attaquer à un registre qu'il a encore inexploré : le cinéma d'action. Au programme, Black Rain (1989) de Ridley Scott, Jours de tonnerre (1990) de Tony Scott, Backdraft (1991) de Ron Howard, mais surtout USS Alabama (1995) de Tony Scott, pour lequel l'utilisation combinée de sons électroniques et de chœurs marquera de son empreinte l'histoire des films d'action hollywoodiens, parvenant même jusqu'aux oreilles de Steven Spielberg qui, en toute confiance, lui confiera les clés du département musical de son nouveau studio "DreamWorks".


HANS ZIMMER : "THE POWER OF ONE (The Rainmaker) (1992)

Autre performance dans un contexte bien différent, pour The Power of One (1992), un long-métrage pour lequel Zimmer s'est rendu en Afrique afin d'utiliser des chœurs et des tambours africains pour construire l'enregistrement de la partition. Fier de cette réalisation, c'est à cette époque que Walt Disney Feature Animation le convainc de composer la BO du film Le Roi Lion (1994), sa première partition pour du cinéma d'animation. Ce score lui permettra de remporter de nombreux prix, dont un Academy Award pour la meilleure musique originale, un Golden Globe et deux Grammys (à noter qu'en 1997, la partition sera adaptée dans une version "comédie musicale" à Broadway). Autre partition capitale de sa carrière, The Thin Red Line (1998), considérée comme l'une de ses œuvres les plus marquantes.

Dans les années 2000, Zimmer compose des partitions pour des films à succès hollywoodiens dont trois longs-métrages de Ridley Scott : Gladiator (2000), Black Hawk Down (La chute du faucon noir) et Hannibal (2001), suivis de Madagascar (2005), The Da Vinci Code (2006), The Simpsons Movie (2007), Kung Fu Panda (2008), qu'il a co-composé avec John Powell, Angels & Demons (2009) et Sherlock Holmes (2009). C'est de surcroît le début d'une collaboration régulière avec le réalisateur Gore Verbinski pour qui il élaborera notamment la trilogie Pirates des Caraïbes. Il en sera de même avec Christopher Nolan avec qui il travaille depuis Batman Begins (2005). Sans quitter le cinéma, il s'engage également dans la voie des séries télévisées : The Contender (2005), The Bible (2013) et des jeux vidéos à gros budget : Crysis 2 (2007), Skylanders: Spyro's Adventure (2011), Call of Duty : Modern Warfare (2019).

Autres faits notables : après avoir reçu, le 8 décembre 2010, son étoile sur le Hollywood Walk of Fame, Zimmer compose et produit en 2012 la musique de la 84ᵉ cérémonie des Oscars avec Pharrell Williams, ainsi que la nouvelle version du thème musical pour ABC World News, puis travaille sur le dernier volet de la trilogie The Dark Knight Rises (2012) de Christopher Nolan, et la BO du film Interstellar du même réalisateur en 2014 ; bande-son qui lui vaudra une autre nomination aux Oscars pour la meilleure musique originale.


HANS ZIMMER : "DUNE" (Armada) (2021)

Continuant à se diversifier comme jamais ces dernières années, Hans Zimmer publie en 2016, des cours en ligne axés sur la musique de films. Puis, en 2018, il compose la partition du nouvel hymne de la FIFA, intitulé Living Football en référence à la nouvelle devise de la Fédération internationale de football, thème qui sera relayé lors de la Coupe du Monde en Russie. La même année, il fera de même avec l'UEFA Champions League en compagnie du rappeur Vince Staples pour le jeu vidéo d'EA Sports FIFA. L'une de ses dernières BO, Dune, en 2021, lui a valu son deuxième Oscar de la meilleure musique originale, le précédent étant pour Le Roi Lion en 1995.


LA TRANSPOSITION MUSICALE SUR SCÈNE

© Sony Masterworks - Pochette de l'album "Hans Zimmer Live".

Hans Zimmer est l'un des rares compositeurs qui, aux États-Unis, engage son talent et sa notoriété en interprétant des musiques qui, au départ, n'ont pas été conçues pour vivre sur scène en dehors de l'écran. En octobre 2000, le compositeur se produit pour la première fois en concert avec un orchestre et une chorale au 27ᵉ Festival international du film de Flandre à Gand. Puis, quelques années plus tard, au printemps 2016, il se lance dans une tournée européenne comprenant une trentaine de dates, qui se termine au théâtre antique d'Orange, en France. La réponse est tellement encourageante que l'idée sera reconduite l'année suivante à travers une tournée mondiale parcourant vingt-deux pays.

Tout dernièrement, le compositeur est venu une nouvelle fois en France avec l'orchestre d'Odessa pour trois concerts exceptionnels à l’Accor Arena, à Paris, au mois de juin dernier. Ce rendez-vous était prévu de longue date à l'occasion de la « Hans Zimmer Live – Europe Tour 2023 » et de la sortie d'un double album de l’enregistrement live de son show ("Hans Zimmer Live" chez Sony Classical).

Pendant ces trois jours (les 23, 24 et 25 juin), le compositeur a fait carton plein. Le public pouvait entendre et retrouver l'ampleur orchestrale de sa musique, savamment accompagné par l'indispensable instrumentation éclectique qui a forgé son style. La musique kaléidoscopique de Zimmer mélange lyrisme, douceur, cassures rythmiques, et même atonalité, le tout servi par des orchestrations riches de couleurs diverses et dans lesquelles la guitare saturée, les synthétiseurs, mais également les flûtes traditionnelles et les voix lyriques se donnent rendez-vous.


HANS ZIMMER LIVE : "TOURNÉE FRANCE 2023" (Présentation)

Pas de doute, la musique de Zimmer est taillée pour l'image, mais aussi pour la scène ! Sur le double album, on peut entendre différentes suites orchestrales de ses partitions qui s'étalent sur deux heures. Jouant des harmonies, l’ampleur orchestrale atteint des sommets, tout comme le light show d’une sophistication digne des meilleures productions américaines avec une triple scène sur lesquelles viennent s'installer les solistes, les cordes, les cuivres et autres interprètes. Dramatisation éblouissante d'une musique qui se prête parfaitement au visuel d'un jeu de lumière ambitieux accompagné d'effets abstraits projetés derrière et autour des artistes. En somme, une corrélation grandiose de l'image et du son pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles !

Par D. Lugert (Cadence Info - 07/2023)


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