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SON & TECHNIQUE

LA PRISE DE SON EN EXTÉRIEUR ET LE PRENEUR DE SON

Durant l’été, les occasions d’enregistrer un concert ou une manifestation publique ne manquent pas. Pour le preneur de son, il est temps de ressortir les micros et le bon vieux magnétophone analogique ; non pas pour partir à la chasse aux papillons, mais presque !


AVANT-PROPOS

À une époque où l’échantillonnage est devenu une sorte d’émulation sonore, saucissonnant les sons en tranches de façon plus ou moins digeste, la prise de son a su se préserver et conserver son rôle dans un univers en perpétuelle évolution.

Autrefois, la prise de son, tel un art, avait un droit d’antenne dans les radios nationales. Des émissions faisaient honneur aux preneurs de son en diffusant leurs documents sonores ponctués parfois de prix élogieux. Ces preneurs de sons étaient rarement des professionnels de la radio ou du cinéma, mais des amateurs éclairés et passionnés qui défendaient avant tout leur amour du beau son.

Dans ce dossier consacré à la prise de son en extérieur, il n’est pas question pour nous de l’aborder sous un angle nostalgique, ni sous un autre mettant en avant des aspects trop techniques. Pour vous démontrer toute sa richesse et sa diversité, nous allons détailler ses "ressorts" sous un angle pratique, avec ses spécificités et astuces. M. Courtois et V. Mauduit, deux spécialistes de la prise de son en extérieur, vont nous servir de guide…


LA CHASSE AUX SONS OU LA PÊCHE AUX BRUITS ?

Notre cerveau joue en permanence un rôle sélectif. En d’autres termes, nous n’écoutons pas ce que nous entendons. Nos oreilles aménagent les bruits un peu comme nous le souhaitons. Sauf à être surpris par le bruit inopiné d’un coup de klaxon ou par le claquement d’une porte, nous amplifions les bruits qui nous concernent et atténuons les autres.

Ainsi, en discutant à la terrasse d’un café, en bordure d’une rue passablement bruyante, nous éliminerons inconsciemment le ronronnement des voitures ou la conversation des voisins de terrasse, pour nous concentrer exclusivement sur la voix de notre interlocuteur.

Pour le chasseur de son, cette écoute sélective est son pire ennemi. Ceci pour deux raisons. D’une part, étant habitué à filtrer les bruits qui l’entourent, il passe à côté de trésors sonores sans même s’en apercevoir. D’autre part, alors que le valeureux chasseur, tout attentif qu’il est, aurait tendance à polariser sur le son à enregistrer, faisant abstraction de ce qu’il y a autour, le micro, pour sa part, enregistre tout de façon linéaire, sans discernement aucun. Conclusion, avant de procéder à un enregistrement, assurez-vous que le son de vos rêves n’est pas accompagné… En effet, quelle déception, en réécoutant une prise, de constater qu’un avion Mirage au loin et auquel vous n’aviez pas prêté attention est venu gâcher votre chant de pinson.


APPRENDRE À ÉCOUTER

Avant d’investir dans du matériel souvent coûteux, vous devez réapprendre à écouter, à rééduquer vos oreilles. Quelques quarts d’heure de pratique quotidienne devraient suffire à vous muscler les tympans ! Essayez par exemple de fermer les yeux tout en tentant, à partir de bruits qui vous entourent, de reconstituer la scène. Discernez-vous ce train dans le lointain ou les bruits du ruisseau derrière vous ? D’après certaines études, les gens ne seraient capables d’entendre que deux ou trois sons parmi dix…

Plus on apprend à écouter, plus on repère des sons que l’on n’avait jamais entendus auparavant. Partout, autour de soi, on se surprend alors à découvrir mille bruits intéressants. Pour plus de facilité, silence oblige, commencer à s’entraîner la nuit n’est pas forcément une mauvaise idée.

Il est à remarquer que l’écoute en extérieur n’a rien à voir avec l’écoute en studio d’enregistrement. À l’extérieur, les sources sonores sont partout : devant, derrière, sur les côtés ou au-dessus de vous. Dans un studio, la source sonore est face à vous, canalisé dans un angle donné par la position des enceintes dans le local. Les différents étages sonores, correspondant aux instruments enregistrés, arrivent directement aux oreilles du preneur de son sans bruits parasites (d’où l’importance de l’insonorisation des studios d’enregistrements).


L’IMAGINATION AU POUVOIR

Savoir écouter est une chose, avoir de l’imagination en est une autre. Un bruitage n’est pas nécessairement “fabriqué” en enregistrant une scène identique à celle qu’il est censé illustrer. Seul compte ce qu’évoque ce bruit. Outre la prise de son, cela dépend également, dans une large part, de l’imagination.


L’ÉQUIPEMENT DU PRENEUR DE SONS

Pour chaque type de son à enregistrer, il faudrait un micro différent ou presque. Il n’existe pas de micro universel, adapté à toutes les situations. C’est à ce niveau qu’intervient une bonne dose de technique et de pratique. Pour un candide, il suffit d’essayer d’enregistrer le bruit du vent ou le bruit du tonnerre, pour qu’à l’écoute, son enregistrement ne contienne ni l’épaisseur, ni la profondeur nécessaire.

À l’extérieur, presque tous les micros fonctionnent. Pour des sons très forts, comme les réacteurs d’un avion, le micro doit être capable de supporter une forte pression acoustique, tel le MD441 de Sennheiser. Pour le chasseur de son, le matériel doit être léger pour conserver un maximum de mobilité. Ce n’est pas un détail anodin, quand il s’agit de se déplacer à pied sur de longues distances.

Sachez que le chasseur de son doit toujours être prêt à se sauver très vite pour échapper à un taureau, à un ULM qui lui fonce dessus (si, si !) où à tout autre danger potentiel. Dans la mesure du possible, le chasseur de son évite de s’embarquer avec le kit du parfait balourd…



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