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CLASSIQUE / TRADITIONNEL

LES CHANTS ANCIENS

L’origine de la musique n’est pas basée uniquement sur des instruments. Le chant a contribué au développement de la musique instrumentale et se serait accompagné, à ses débuts, par des battements de mains et des martèlements de pieds. Ainsi, le chant né de l’adoration de Dieu, par le travail ou par la danse aurait contribué au développement du rythme tout en gardant ses propres liens linguistiques.


LA NAISSANCE DU CHANT

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Il a certainement existé des chants sans paroles, par exemple au début de la musique religieuse, dans les exultations ou les appels de muezzins de l’Orient. Cependant, quand le chant avec paroles est devenu la règle naturelle, l’unification du mot et de la note, en reliant des éléments indépendants et hétérogènes, n’est pas allée sans poser de nombreux problèmes. Elle a créé entre le discours et le chant des formes intermédiaires donnant naissance au mélodrame, au récitatif et à la déclamation.

Alors que chez les Grecs, le chant était une forme d’art, en Occident, une multitude de formes et de genres se sont développés autour du simple chant, notamment la séquence, le lai, l’hymne et l’ode qui ont conduit peu à peu au véritable chant artistique. Au fil de son histoire, le chant va également se décliner sous de nombreuses formes : lied, cavatine, duo, aria, cantate, chœur, oratorio, passion, messe, opéra.

La ballade, le rondeau, le madrigal, la frottola, la villanelle, la canzone et le motet représentent des formes intermédiaires. Le traitement artistique du chant s’est élargi au mouvement a cappella à plusieurs voix. Ce fut bientôt le chant de chœur, puis le chant soliste. Il reste différent de l’aria et du motet par la limitation à de petites formes de chant.

Le chant doit aussi prendre en compte les données de la voix humaine, qui diffèrent selon le pays, le peuple et l’origine ethnique. L’assemblage des voix de chœur deviendra d’ailleurs un problème très débattu. L’école italienne, en regard de la primauté du style musical italien de l’époque, est longtemps considérée comme la seule valable. C’est seulement au 19e siècle que les compositeurs parviendront réellement à s’en affranchir.


L’APPAREIL VOCAL

La difficulté pour se former au chant réside dans le jeu simultané de trois composantes de l’appareil vocal :

1. Les poumons, c’est le souffle. Il suffit d’une infime quantité d’air pour mettre en mouvement l’appareil vocal, c’est pourquoi toute quantité d’air inutilisée ou trop utilisée entraîne des lésions de la voix.
2. Le larynx et les cordes vocales. Ce sont des membranes fines qui, librement, ne produisent qu’une exhalaison.
3. Le “tuyau de raccordement”, dans lequel le son est amplifié par l’utilisation de différentes résonances. Normalement, la voix humaine dispose de deux registres, celui de poitrine et celui de tête. Les relier sans raccord audible est une des tâches les plus difficiles de la formation vocale.


VERS LA PERFORMANCE VOCALE

La performance de la voix humaine dans le chant fluctue de siècle en siècle. La technique laryngale des 17e et 18e siècles s’étant perdue, les chanteurs et chanteuses du 19e siècle réapprennent alors à chanter les coloratures (vocalises complexes) de l’opéra italien et de Bach en opérant une rétrospective historique. Le chant en colorature du 19e siècle deviendra ainsi le produit de l’exécution virtuose. L’opéra “Tristan et Isolde” de Wagner en est un bon exemple. Il restera longtemps une entreprise ardue pour de nombreux chanteurs, le compositeur exigeant l’irréalisable en matière de puissance vocale. Aujourd’hui, les grands chanteurs lyriques repoussent souvent les limites en offrant un registre pouvant s’étendre jusqu’à 4 octaves, tout en montrant une virtuosité en adéquation avec la musique du 20e siècle.


DE L’HISTOIRE DU CHANT GRÉGORIEN

Le chant grégorien est un chant liturgique de l’Église catholique qui prend racine en Syrie et en Palestine, en Grèce antique et à Rome. Il est le produit de toutes les cultures du monde antique. Via Byzance, ces mélodies conquièrent le monde occidental de différentes manières et s’y insèrent progressivement.

Sous Grégoire 1er, les nombreuses antiennes, répons, alléluia, etc. s’ordonnent et prennent le nom de chant grégorien. Toutes les mélodies, qu’elles tendent vers l’accentus ou vers le consentus, sont à une voix et leur accompagnement à l’orgue, qui présente plusieurs difficultés, sera résolu à différentes époques. Le rythme étant libre et ne pouvant être rationalisé (au sens moderne), on nomme le chant grégorien finalement cantus planus (plain-chant), par opposition au cantus mesurabilis.

Le chant grégorien est d’abord transcrit en neumes, puis en portées. Bien qu’il reste à ce jour le chant liturgique de l’église catholique, il a depuis subi diverses transformations. L’Editio Medicaea, parue après le Concile des Trente (1545-1563) est défendue encore au 19e siècle par les cercles influents avant d’être remplacée en 1904 par l’Editio Vaticana (prenant en compte les résultats des recherches faites à Solesmes notamment par Dom Guéranger et Dom Mocquerean).

Les mélodies grégoriennes ont abondamment enrichi la musique sacrée. Sous la forme de cantus firmus, elles apparaissent particulièrement dans le motet et dans la messe chorale. Franz Liszt et d’autres compositeurs des 19e et 20e siècles écriront quelques œuvres à partir de fragments de chant grégorien.


DU CHANT PROFANE À LA CHANSON INSOLENTE

La chanson a accompagné naturellement l’histoire de la musique en Europe pendant près de 1 000 ans (sous différentes significations et appellations). Les chansons de geste étaient considérées comme des poèmes épiques. Puis la chanson s’est transformée en strophes, souvent improvisée, d’abord sans accompagnement et plus tard avec un accompagnement instrumental, pour devenir le chant profane à une voix des troubadours. Après 1500, des madrigaux ont été composés en plus des chansons.

Le maître de la chanson a cappella à plusieurs voix en France était Clément Janequin, mais beaucoup d’autres maîtres ont rendu hommage à cette forme joyeusement populaire. De nombreux et importants recueils de chansons ont été publiés autrefois en France. Pierre Attaignant en a fait paraître à lui seul 35 volumes réunissant 87 compositeurs entre 1527 et 1549.

À l’époque de la basse continue est apparue la chanson à une voix avec accompagnement instrumental en même temps de la canzone instrumentale. Un autre important recueil de chansons est paru en 16 parties sous le titre “Chansons pour danser et pour boire” à Paris entre 1627 et 1654.

Au 19e siècle, la chanson a pris le sens de chanson drôle et insolente interprétée par les chansonniers. Les plus connus sont les Français (comme par exemple Yvette Guilbert et Mistinguett) ; ce genre de chansons est typique de la culture française.


LE LIED, DU CHANT CLASSIQUE À L’ÉTAT PUR

Le chant fut d’abord pourvu d’un accompagnement de basse continue. À partir de 1770, l’accompagnement au piano fut soigneusement mis au point. Ainsi est née la nouvelle forme artistique du chant “classique”. Elle porte typiquement les caractéristiques allemandes, si bien que le mot “lied” fut accepté comme mot étranger dans d’autres langues.

Au début, il reste en forme strophique. Goethe la considérait comme suffisante. Franz Schubert en a créé d’incomparables, de même que Brahms. Pour les accords lyriques du Romantisme et leur progression dans des domaines subjectifs, le chant était une forme convenable. Ce n’est pas surestimer les lieder de Schubert que de les considérer comme des points culminants. Avec de faibles moyens, il formait des drames psychologiques. Le passage du mode majeur au mode mineur dévoilait la dualité de la vie. Dans certains cas, Schubert ressentait la forme strophique comme une entrave et par conséquent la brisait. Ses lieder se transformaient en scènes chantées. C’était encore plus visible chez H. Wolf.

Ce que Schubert, Schumann, Brahms et Wolf ont apporté au lied permet de faire du 19e siècle un siècle de lieder. Son histoire se prolonge jusqu’à nos jours. Les meilleures perspectives se présentent au lied dans le cadre de cycles. Les lieder y sont liés par les mêmes thèmes, mais dans une forme plus longue. Alors que le récital de chant tombe en désuétude, l’exécution de cycles de lieder de Schubert, Schumann, Brahms et Wolf trouvera de nouveaux amateurs.

Dans d’autres pays, le chant a subi des tentatives patriotiques. L’Impressionnisme français en a pris soin parce qu’il favorisait son penchant pointilliste. En Angleterre, il a connu moins de succès. L’Italie préférait le souffle chaud de l’aria. En Russie, le chant se transformait en romance. La Finlande possédait en Yrjö Kilpinen un excellent compositeur de chant.

Le chant ne se limitait pas à la voix. Parfois, des instruments participaient à l’accompagnement, et dans la ritournelle à la formation du chant. Il y eut enfin les chants pour instruments, les “Romances sans paroles” pour piano de Mendelssohn-Bartholdy.

par Patrick Martial (Cadence Info - 09/2011)


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