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CLASSIQUE / TRADITIONNEL

LES MUSIQUES CHINOISE ET JAPONAISE TRADITIONNELLES

Intimement liée à l'histoire culturelle et aux traditions, en Chine, la musique est décrite dans les annales de toutes les dynasties. Elle fait partie intégrante de la cosmologie de ce pays et joue un rôle entre le ciel et la terre...


MUSIQUE CHINOISE, REFLET DE L'HISTOIRE DES DYNASTIES

Historiquement, la musique chinoise commence à prendre forme sous les Tchéou et les dynasties Zhou (1050-221 av. J-C.), quand s'organisent les rituels des cérémonies religieuses, des musiques de banquet et de danses. Confucius y définira le rôle et la philosophie de la musique.

Sous la dynastie Han (206 av. J.-C.-220 ap. J.-C.) sont répertoriés les styles distincts de musique, avec la fondation de l'Office impérial de musique. Il différencie principalement la musique raffinée, de cours (yayue) et la musique populaire (suyue).

Au moment de l'apparition des dynasties Suie (581-617) et Tang (618-907), celles-ci entrevoient le sommet du développement musical, avec une organisation officielle des musiciens et l'apport des musiques étrangères (Corée, Inde, Asie centrale). Mais c'est sous la dynastie Yuan (1276-1368) que l'on verra se développer le rôle prépondérant de l'opéra comme support musical dans le théâtre chinois, le k'ouen-k'iu. Les instruments soutiennent le chant et la pantomime en assurent les enchaînements. L'Opéra de Pékin, sorte de théâtre musical aristocratique, sera créé sous les Qing (1644-1911).

© Jean-Pierre Dalbera wikimedia – Orchestre traditionnel d'Okinawa (auditorium du musée national des arts asiatiques-Guimet, novembre 2013)


LE CONCEPT DU SYSTÈME MUSICAL CHINOIS

Spécifique et immuable, la théorie musicale chinoise date du 3e millénaire avant notre ère et serait due, selon la tradition, à des reines et des empereurs légendaires. Le système musical repose sur le « liu », échelle sonore dont est issue la gamme pentatonique chinoise.

Dans la tradition de ce pays, les douze « liu » correspondent aux douze lunes, aux douze mois et aux douze heures du jour. La variété mélodique s'obtient en changeant de tonique et en ornementant la mélodie. L'exécution musicale requiert un nombre limité d'instruments qui tous jouent sur les contrastes entre timbres et registres. Concrètement, il n'existe pas d'enchaînement harmonique et seules les variations d'allure, de tempo, et de longueur de phrase procurent son identité au morceau interprété. L'apprentissage et la mémorisation de ces nuances sont primordiales pour le musicien qui transmet son savoir de façon orale.


MUSIQUE TRADITIONNELLE CHINOISE (Li Yan à l'erhu et Chen Jian au guzheng – 2016)

UNE GRANDE DIVERSITÉ D'INSTRUMENTS

À la différence de l'Occident où la classification des instruments repose sur le mode de production du son, les instruments, en Chine, sont distingués selon la matière qui les compose : pierre, soie, métal, bambou, bois, cuir, terre.

Connu depuis l'Antiquité, nous trouvons le k'in, l'instrument le plus typique. C'est une sorte de cithare à 5 ou 7 cordes qui se joue sur un chevalet. L'instrumentiste se sert de la main gauche pour modifier la hauteur du son. Il pince la corde de sa main droite.

Autre référence, le sheng. Cet « orgue à bouche » est apparu en Chine il y a plus de 3 000 ans. Il est à présent très répandu en Extrême-Orient. C'est un instrument à anche libre avec une anche battante dans chaque tuyau de bambou.

La musique chinoise s'illustre également à travers ses tambours. Il en existe de nombreuses sortes : le po-fou, petit tambour ; le t'ong-kou, grand tambour de bronze ; le t'e-k'ing, tambour en pierre, etc.

Concernant les instruments à cordes et à vent, ceux-ci accompagnent la ligne mélodique, mais le rythme est confié aux percussions. Le percussionniste exerce fréquemment le rôle de chef d'orchestre.


© Detroit Publishing Co.  – Ensemble féminin japonais (1910-1920) comprenant les instruments samisen, fuye, taiko, flûte et tsuzumi.

LE JAPON ET SA MUSIQUE MULTIFORME

Pourtant très ancienne, la musique japonaise n'est connue que depuis le moment où elle a rencontré les musiques continentales, chinoise et coréenne : celles-ci ont fortement influencé son élaboration. La musique de cour (gagaku) s'en ressentira.

Utilisant des modes primitifs basés sur des intervalles de tierce, la musique japonaise devient pentatonique vers le 13e siècle, puis se voit adjoindre progressivement d'autres accords. C'est principalement une musique monodique et vocale.

Comme en Chine, les enchaînements harmoniques sont rares et l'essentiel des effets est basé sur les modulations de timbres, de phrasés et de tempos. L'époque moderne, à partir de la période Meiji, verra l'influence occidentale se renforcer, au point que de nombreux compositeurs japonais contemporains se réclament de Messiaen, Dutilleux et Xenakis.


MUSIQUE TRADITIONNELLE JAPONAISE (ensemble Gazoku Shikyo – 2012)

LE NÔ, THÉÂTRE MUSICAL JAPONAIS

Apparu au 14e siècle, le nô est une forme de théâtre musical qui mêle poésie, mime, danse et musique. Il présente un personnage principal, le plus souvent un esprit ou un fantôme, et un autre, secondaire, qui met en valeur le premier.

Le nô constitue un spectacle abstrait et très épuré. Pour accompagner ce théâtre d'origine religieuse et proche de la pensée bouddhiste zen, l'orchestre du nô, installé à l'arrière de la scène principale, se limite généralement à quatre instruments : une flûte traversière (fuyue ou nô-kan) à qui revient la partie mélodique de l'ensemble et de trois tambours (en sablier, le kotsuzumi et le ôtsuzumi, et le grand tambour à caisse plate joué avec des baguettes, le taiko).

Cadence Info (10/2023)
(source : La musique : repères pratiques, de Thierry Benardeau et Marcel Pineau)

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