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SON & TECHNIQUE

LA CONSERVATION DES DONNÉES NUMÉRIQUES DANS LE TEMPS

L’analogique est-il inaltérable ? Le numérique est-il à ce point entaché d’erreurs ? Une chose est sûre, l’archivage des données prête à controverse….

TÊTE-À-TÊTE ET PRÉCAUTIONS D'USAGE

Quoiqu’en pensent certains détracteurs, le problème de la conservation d’un enregistrement n’est pas arrivé avec le numérique ! En extrayant soigneusement de bonnes vieilles bandes analogiques de leurs boîtes, quelques mois ou quelques années après avoir été stockées, quelle n’a pas été ma surprise de les sentir se désintégrer sous mes doigts…

Pourtant, toutes les précautions d’usage avaient été prises pour que ces trésors enfouis, supposés se garder des décennies entières, ne connaissent ni la pleine lumière, ni la chaleur, ni la proximité d’un champ magnétique important. D’autres bandes, entreposées dans les mêmes conditions, ne présentaient pas la moindre altération. Pas de recette miracle dans ce domaine !


Nous avons volontairement décidé d’exclure de notre analyse les disques durs et autres mémoires de masse qui, beaucoup plus faibles, répondent à des normes et des impératifs d’utilisation très particuliers. Restons-en aux supports magnétiques, divisés en deux grandes familles : celles des têtes rotatives (cassettes vidéos et dérivés : PCM, R-DAT, format ADAM, ADAT…), et celles des têtes fixes (bandes traditionnelles : DASH, ProDigi, format DRM8…)

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Cette seconde catégorie présente un avantage de fiabilité mécanique évident du fait que la densité d’information est plus faible (vitesse relative de défilement plus lente, bande plus large). Le numérique rend inutile certaines pratiques analogiques comme le stockage d’une bande sur la bobine réceptrice pour en masquer le pré-écho. Cependant, les bandes magnétiques numériques ont leurs faiblesses. Une action mécanique sur le ruban, telle qu’un « editing » aux ciseaux, peut provoquer une dégradation très rapide du point concerné. J’ai personnellement effectué des montages ProDigi en ¼ de pouce qui, parfaitement satisfaisants le jour de la manipulation, engendraient un drop rédhibitoire trois jours plus tard !


TAMBOUR BATTANT

La famille des cassettes « têtes rotatives » offre la garantie que la bande, protégée par un boîtier, échappera à tout contact direct avec le manipulateur. Un argument, qui en matière de numérique (et de manipulateurs avides de hamburgers), revêt toute son importance. Si la bande ne défile qu’à 8,15 mm/s en vitesse absolue, le tambour (tête rotative) tourne en sens inverse à raison de 2 000 tours/minute, ce qui permet d’obtenir une vitesse relative têtes/bande de 3,1333 mètres par seconde. C’est la force du DAT (plus la vitesse est importante, plus l’on case d’informations sur une même longueur de bande), mais aussi sa faiblesse.

De nombreuses rumeurs ont couru sur la durée de vie des précieuses cassettes numériques. Les conclusions à une étude très sérieuse menée il y a quelques années sont édifiantes : pour peu que l’on ne prenne garde à la qualité du support choisi (les grandes marques constituent la seule réelle sécurité dans ce domaine), le ruban supporte environ 500 passages sans altération aucune.

Au-delà de cette limite, il est encore possible de se prémunir contre la perte de données par le jeu d’une copie numérique. Concernant l’enregistreur/lecteur, il est difficile de se prononcer sur la durée de vie du tambour. On peut toutefois partir sur la base de 1 000 heures d’utilisation intensive maximum, si l’on se réfère à la vidéo.


ADIEU CD...

Retenons qu’en matière de DAT, la qualité mécanique du support, mais aussi et surtout de la platine, est prépondérante pour la bonne conservation des enregistrements. Les « portables miniaturisés » produisent des cassettes qui, une fois lues sur des machines capables de visualiser les corrections d’erreurs, se révèlent d’une fiabilité bien moindre que les modèles de studio, voire de salon.

Mais voilà, les magnétophones DAT, à cause des circuits d’interpolation puissants, masque très bien ces défauts. En tout cas au début, car il faut se rendre à l’évidence : ces cassettes vieilliront moins bien que les autres. Quoi qu’il en soit, la technologie numérique est encore trop récente pour que l’on puisse porter un avis objectif quant à la conservation à long terme des enregistrements. Par contre, il est toujours envisageable de les copier à volonté sans la moindre dégradation.

Attention toutefois aux mauvaises surprises : nous savons que les CD, dont nous pensions à la quasi « indestructibilité », ont une durée de vie moyenne de 15 ans. En vieillissant, le vernis devient poreux et la couche métallique du support s’oxyde : on ne peut vraiment se fier à personne !

Par P. Jacquot (Cadence Info)

Concernant l’entretien des bandes magnétiques, consultez : L’enregistrement analogique sur Pianoweb.fr


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