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JAZZ ET INFLUENCES

ELLA FITZGERALD BIOGRAPHIE PORTRAIT DE LA CHANTEUSE DE JAZZ

Née de père inconnu en Virginie, Ella Fitzgerald devient vite une vedette incontestée du jazz. Son charme envoûte des millions d’admirateurs. Dès ses débuts, le succès l’accompagne pour ne plus jamais l’abandonner. Grande chanteuse au timbre frais, quasi juvénile, elle a toujours swingué avec grâce et souplesse et a su s’accommoder aussi bien du style bebop que de la bossa-nova. Connue mondialement, son nom est entré dans la légende pour toujours…


ELLA, ELLE EST LÀ, C’EST ELLA FITZGERALD

C’est en Virginie, au mois d’avril 1918, que vient au monde Ella. Très tôt orpheline, son destin va faire d’elle une des plus grandes voix du jazz. C’est en 1934, à l’âge de seize ans – alors qu’elle remporte le premier prix d’un des incessants concours de chanteurs amateurs organisés par l’Opera House de Harlem -, que la jeune Ella Fitzgerald se fait remarquer par le batteur et chef d’orchestre Chick Webb qui l’engage aussitôt pour en faire l’une de ses stars maison (sa légère « infidélité » à Webb sera de se produire pendant quelques mois avec Benny Goodman, en 1936).

Durant quatre ans, de 1935 à 1939, elle apparaît en vedette, reproduisant, avec une technique déjà fort éprouvée pour son âge encore tendre, les chansons à la mode du jour, dont certaines, comme A Tisket, A Tasket (1938), deviendront de véritables hits. À la mort du batteur-leader (juin 1939), Ella reprend la direction de l’orchestre jusqu’en 1941, en collaboration avec Teddy McRae et Eddie Barefield (Ella Fitzgerald and Her Famous Orchestra). Entre 1942 et 1944, elle chante accompagnée de groupes vocaux – Delta Rhythm Boys. À partir de 1946, Ella, dont les qualités d’expression n’ont fait que s’améliorer depuis et qui, entre temps, a assimilé la leçon moderniste des boppers au point de devenir la plus grande spécialiste mondiale du scat, entre dans le cercle de Norman Granz qui sera désormais son manager exclusif.

En 1948, la chanteuse épouse l’un des « étalons » de l’écurie Norman Granz, le contrebassiste Ray Brown. Sur les différents labels placés, à un moment ou un autre, sous la responsabilité de Granz – Clef et Norgran (années quarante), Verve (années cinquante et soixante) et Pablo (à partir des années soixante-dix) -, Ella Fitzgerald enregistre une quantité impressionnante d’excellents albums. C’est chez Verve qu’elle commence à se produire avec les plus grands et fera plusieurs fois le tour du monde.

Rare sont les artistes dans l’histoire du jazz à avoir reçu autant d’éloges aussi bien des critiques que du public (sa récompense la plus significative sera de recevoir en 1958 treize Grammy Awards). En effet, la production d’Ella a toujours été brillante, quel que soit le contexte. Elle brillera au sein du Jazz At The Philharmonic (le JATP où elle côtoiera les plus grands, de Coleman Hawkins, Lester Young à Dizzy Gillespie et Charlie Parker), à la tête de ses propres trios, entourée de grandes formations de studio (pour interpréter, entre autres, les répertoires de Cole Porter, George et Ira Gershwin, Jerome Kern, Irving Berlin, Rodgers et Hart, etc.), mais aussi en chantant en duo avec Louis Armstrong (notamment la sublime version de Porgy & Bess, en 1957), Nat King Cole, Frank Sinatra, sans oublier le guitariste Joe Pass ou bien encore les big bands d’Ellington et de Basie

Ses trios, année après année, seront constamment dirigés par la crème des pianistes au nombre desquels, à Los Angeles : Jimmy Rowles, Don Abney, Paul Smith, Lou Levy, et à New York : Ray Bryant, Oscar Peterson, Hank Jones, Ellis Larking, Jimmy Jones et Tommy Flanagan.


ELLA FITZGERALD SCATTE SUR "ONE NOTE SAMBA"

À partir des années quatre-vingt, la carrière d’Ella Fitzgerald, dont la santé est de jour en jour plus fragile, ira en s’estompant (en raison d’un diabète qui la poursuit, elle deviendra aveugle) ; ses apparitions, aussi bien publiques que discographiques, se feront de plus en plus rares jusqu’à sa disparition le 15 juin 1996 à Beverly Hills.


DES INTERPRÉTATIONS DEMEURÉES CÉLÈBRES

Des classiques comme How High the Moon, Take the ‘A’ Train, Caravan et les innombrables songs des frères Gershwin ou de Cole Porter pourraient être cités comme des interprétations incontournables. Dotée d’une voix exceptionnelle dont la tessiture n’avait rien à envier aux chanteuses d’opéra, Elle Fitzgerald a chanté tous les standards du jazz, du gospel, des chants de Noël et de la bossa nova réunis ! Mais c’est à travers le scat – chant improvisé – que ses interventions ont surtout retenu l’attention du public et des critiques. Pour elle, c’était devenu une façon naturelle de dialoguer avec ses accompagnateurs, même si comme le souligne Mark C. Gridley dans son livre Jazz Styles ; History and Analysis, la chanteuse préférait paraphraser plutôt que de « partir » vers une improvisation pure. Le scat, un art incontournable qu’elle avait élevé très haut, et qui lui rendait service aussi quand un trou de mémoire arrivait (Mack the Knife à Berlin en 1960).

Outre son talent d’imitatrice, dont elle s’amusait à l'occasion sur scène, sa carrière fut comme tant d’autres jalonnée de quelques anecdotes dont la plus célèbre est celle qu'elle doit à Marilyn Monroe. L'actrice, qui n’a jamais caché son admiration inconditionnelle pour la « First Lady of Swing », faisant jouer sa renommée, imposa contre vent et marée la présence de la chanteuse de couleur dans le célèbre club de Los Angeles, le Mocambo, alors fréquenté par les Blancs. Pour réussir ce tour de force, elle avait promis de réserver la meilleure table de l’établissement tous les soirs où Ella se produirait. Bien évidemment, le propriétaire qui vit là l'occasion d'obtenir une publicité gratuite pour son établissement ne put refuser l'offre généreuse de la star.

Livre : en 1991, Jim Haskins publie sa biographie, Ella Fitzgerald : A Life Through Jazz, traduite en français par Une Vie à travers le jazz, aux éditions Filipacchi.

par Etienne de Saint-Marcel (Cadence Info - 01/2015)

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