L'info culturelle des musiques d'hier et d'aujourd'hui
MUSIQUE & SOCIÉTÉ

ALYS CHANTEUSE VIRTUELLE AU ROYAUME DES MANGAS

Alys est une chanteuse manga. Oui, vous avez bien lu ! Alys est une chanteuse virtuelle qui a été modelée et conçue pour plaire d’abord sur les réseaux sociaux, là où viennent parfois se nicher quelques drôles de surprises. Destiné aux jeunes et moins jeunes, le personnage, plus proche d’une poupée Barbie que d’une Vampirella, est doté d’un logiciel de synthèse vocale performant. Vous en doutez ? Alors lisez et écoutez ce qui suit…


ALYS, UNE CHANTEUSE PAS COMME LES AUTRES

Le grand avantage d’un personnage virtuel, c’est que sa capacité à défaillir est très, très minime ! Alys est un avatar, un pur produit tout droit sorti de l’imaginaire de quelques concepteurs français férus de numérique. Son corps est immortalisé dans une dimension en 3D et sa voix, appuyée par un logiciel de composition musicale, provoque quelques intonations parfois amusantes qui ne surprendront guère tous ceux qui, un jour, ont essayé de mettre un texte en voix de synthèse. Bref, ce premier témoignage, sans révolutionner l’art de chanter, démontre les progrès effectués dans ce domaine.

Il est évident que pour un informaticien de première force, l’étape suivante à une voix de synthèse qui parle, ce serait de la faire chanter. Si Alys trouve son inspiration chez ses consœurs nippones, on peut saluer les efforts consentis pour que sa langue d'adoption soit le français. On aurait pu craindre que l’anglais, la langue internationale par défaut du Net, impose une fois de plus sa dictature.

Capture écrant du clip 'Alys, sous cette pluie'


UNE CERTAINE HATSUNE MIKU

La première « diva vocale » a été inventée par Yamaha au début des années 2000. A cette époque, la voix humaine était reproduite via une banque de données. Plus tard, l'éditeur ‘Crypton Future Media’ a l'idée d'associer un personnage à l'une de ces voix. C'est ainsi que née Hatsune Miku en 2007 (qui signifie "Le premier son de l'avenir").

L’adorable chanteuse artificielle, qui a la fraîcheur de la jeunesse avec ses couettes couleur turquoise, fait l’effet d’une bombe : plus de 100 000 chansons en synthèse vocale seront diffusées dans le monde entier. Aujourd’hui, la diva nippone a plus de 900 000 fans sur Facebook. C’est une véritable rockstar, un de ces phénomènes médiatiques qui explose subitement aux yeux de tous. La réalisation de concerts 3D (spectacles "live" en hologramme) et la collaboration d’entreprises comme Sega, Toyota ou Google (où elle devient un personnage publicitaire), expliquent bien des choses.

Créée de façon collaborative avec une communauté d'utilisateurs en pleine croissance, Hatsune Miku est devenue une icône, un « hub » mondial. La culture qui l’entoure a eu pour conséquence directe de stimuler toute une communauté très créative à produire et à partager des contenus liés au personnage. Il s’ensuivra une augmentation des travaux de remix et de nombreuses sollicitations à travers la planète. De cet essor fulgurant, naîtra alors ce désir de créer un modèle français.


ALYS : SOUS CETTE PLUIE

LE CONCEPT D’ALYS

De cette émancipation "frenchy", Alys garde encore les traces de son ainée. Le visage est lisse, cliniquement expressif, comme le son bien des mangas. Tout doit glisser sans le moindre malaise. Sous des airs inoffensifs, peut se cacher parfois de terribles personnages, mais chez Alys, avec ses yeux ronds et ses longs cheveux, son look moderne, actuel et branché, la chanteuse virtuelle n’a rien d’une diablesse.

Aujourd’hui, Alys possède des milliers de fans sur Facebook. Sur YouTube, elle n’hésite pas à montrer qu’elle a du « talent » (sans compter les concerts holographiques à l'international qui poussent certains spectateurs à vouloir faire des selfies avec elle !).

Joffrey Collignon, jeune entrepreneur de 28 ans, fondateur de la start-up VoxWave et ancien étudiant à l'École normale supérieure de Lyon, est l'un des trois géniteurs de la banque de voix d’Alys. Son concept, comme celui de sa consœur nippone Hatsune Miku, a été travaillé collaborativement.

Ce travail d’équipe a d’abord vu débarquer Poucet, une chanteuse française. Celle-ci, bien réelle, a prêté sa voix avant que cette dernière ne soit capturée, échantillonnée, pour être ensuite intégrée au logiciel de synthèse vocale baptisé Alter/Ego. Ensuite, la dessinatrice Saphirya et le guitariste Lightning complètent la fine équipe. Toutefois, il est important de préciser que le projet n’aurait certainement pas pu aboutir sans le concours d’un nombre important de compositeurs tout prêt à participer à l’aventure. Joffrey Collignon souligne que « Pour les albums, nous avons d'abord collaboré avec ceux qui nous envoyaient des maquettes. Maintenant, nous les commandons. Cela reste assez libre, tant qu'il n'y a pas d'incitation à la haine ou de pornographie. Pour nous, la synthèse vocale est un nouveau moyen de s'exprimer artistiquement. » (1)

Côté texte, on peut être étonné par le contenu parfois sombre : « Une main tendue / Une amie éperdue / Qui guide mes envies / Sauve moi / Je suis là / Abandonnée. » (Sous cette pluie). Fort heureusement, le texte tourne parfois à l’avantage d’un imaginaire débordant, ciblant surtout les grands ados : « Du vent sur les feuillages / Je pourrais presque m’envoler / Loin dans le paysage / Vois mille histoires se raconter / Alors pars en voyage / Ferme les yeux la tête sur le côté. » (Dans mon monde).

Deux albums d’Alys sont déjà parus et un troisième est en préparation avec l’arrivée d'une petite sœur d'ici à la fin de l'année, prénommée Leora. En conclusion, Joffrey précise : « Leora devrait être un peu moins sage que son aînée, mais les deux chanteront peut-être en duo ». Tout un programme !

Par Elian Jougla (Cadence Info - 06/2017)

1 – (source 01.net)


RETOUR SOMMAIRE
FB  TW  YT
CADENCEINFO.COM
le spécialiste de l'info musicale