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MUSIQUE DE FILMS

‘LE PEUPLE LOUP’ BRUNO COULAIS, LA MUSIQUE DU FILM D'ANIMATION 'WOLFWALKERS'

Inspiré de légendes irlandaises sur les loups-garous, le film Le peuple loup (Wolfwalkers) relate les aventures de deux fillettes, Robyn, fille d'un chasseur de loups, et Mebh, humaine le jour et louve la nuit. Le compositeur Bruno Coulais est l'auteur de la musique de ce film d'animation réalisé par Tomm Moore et Ross Stewart en coproduction francoIrlandaise et Luxembourgeoise.


UNE BO INSPIRÉE PAR LA MUSIQUE CELTIQUE

La conception et la réalisation des films d’animation étant par nature assez longue à boucler, parfois plus d’un an, le compositeur a eu tout le loisir de vivre le film de l’intérieur en le voyant se structurer. Contrairement à d’autres films, où la musique est écrite dans l'urgence et le stress, celle du “peuple loup” a été élaborée au rythme de son montage. Cette liberté de temps lui a permis de travailler sur d’autres projets (L'Homme de la cave de Philippe Le Guay, ballet Toulouse-Lautrec du chorégraphe Kader Belarbi).

© Cartoon Saloon/Mélusine/Folivari productions - L'affiche du film

Pour ce bijou d’animation, le compositeur s’est immergé tel un spectateur passionné. On retrouve dans son exposé musical, cette sensibilité qu'on lui connait et qui lui fait honneur. Par petites touches, chaque plage délivre son atmosphère, ses climats.

Le style pictural des images et son déchaînement de couleurs - très différent des productions à la "Disney" - ont conditionné le mouvement, l’orchestration et les tonalités. À travers 16 courtes pièces, le compositeur s’est attaché à respecter l'ambiance particulière de la musique celtique tout en y apportant sa touche personnelle, sans théâtralité exagérée, même dans les moments où sa musique doit faire face à des scènes violentes, empruntant si nécessaire d’autres chemins qui permet à sa musique de s’infiltrer avec douceur.

Côté effectif, en plus d’un orchestre classique, l'interprétation des chansons du film a été confié à la norvégienne Aurora et à l'irlandaise Maria Doyle Kennedy. Kila, un groupe traditionnel irlandais composé de musiciens autodidactes est venu en renfort, ce qui a obligé Bruno Coulais à chanter et à jouer du piano pour expliquer ce qu’il désirait obtenir. Le sens rythmique et le sens de l’ornement du groupe ont fait le reste.

À cause du COVID et comme d'autres projets musicaux vécus ces deux dernières années, l’enregistrement de la musique du film n'a pu échapper à certaines contraintes. La première étape consistant à enregistrer l’orchestre s’est déroulée à Sofia, en Bulgarie, en janvier 2020. Le groupe Kila n’est intervenu que le mois suivant, juste avant le premier confinement. Quant à la finalisation des voix des deux chansons du film, elles ont été enregistrées à distance, au domicile des interprètes. Parue aux États-Unis en novembre 2020, la musique de Wolfwalkers n'est disponible en France que depuis octobre 2021.


WOLFWALKERS THEME
The Bulgarian Symphony Orchestra, direction : Deyan Pavlov. Guitare : Slim Pezin, violoncelle : Christo Tanev, violon : Yordan Dimitrov.

LES TITRES

  • 01. WolfWalkers Theme (1:25)
  • 02. Wolves (4:20)
  • 03. Running with the Wolves (WolfWalkers Version) (2:48)
  • 04. Mechanical (1:39)
  • 05. Wolf or Girl (1:30)
  • 06. I'm a WolfWalker (2:08)
  • 07. Howls the Wolf (Moll's Song - Wolf Run Free) (1:58)
  • 08. Our Forest (4:25)
  • 09. What Are You Doing Here? (2:33)
  • 10. This Is Intolerable (3:38)
  • 11. Please Mummy (1:48)
  • 12. My Little Wolf (2:22)
  • 13. Our Victory (4:14)
  • 14. Follow Me (3:28)
  • 15. Mébh's Tune (3:05)
  • 16. Robyn's Tune (1:44)

BRUNO COULAIS
Wolfwalkers (Le peuple loup)
Parution : octobre 2021 chez 22D Music
disponible en vinyle


À PROPOS DE BRUNO COULAIS

© Georges Biard (wikipedia) - Bruno Coulais (2013)

Né à Paris en 1954, Bruno Coulais reçoit d’abord une éducation musicale classique, piano et violon, avant de s’orienter vers la composition. Enfant, Bruno Coulais est un passionné de cinéma américain et italien, un cinéma pour lequel il conçoit une certaine admiration. La musique de films, il la rencontre un peu par hasard, quand le réalisateur François Reichenbach lui propose en 1977 la réalisation de la BO du documentaire Mexico Magico.

Son premier long-métrage, Qui trop embrasse de Jacques Davilla (1985), lui permet de s’investir davantage dans l’univers du 7e art. Parallèlement à cette activité naissante, Bruno Coulais mènera une autre carrière pour la télévision (Série Noire, L’heure Simenon, Le juge est une femme, La rivière espérance…)

Au fil des expériences, sa vocation pour la musique de films se précise, son style aussi, et c’est dans le documentaire animalier Microcosmos : le peuple de l’herbe de Marie Pérennou et Claude Nuridsany, en 1996, que Bruno Coulais rencontre son premier grand succès.

Dans le film animalier, le compositeur a souvent la lourde tâche d'accompagner les images du début jusqu'à la fin, et Microscosmos ne fait pas vraiment exception. Bruno Coulais en profitera pour laisser passer son fluide musical et son imagination féconde, ce qui lui vaudra un premier César, puis une Victoire de la meilleure musique de film en 1997.

La suite confirmera ce que les amateurs du 7e art avait ressenti, une personnalité artistique et une façon personnelle d’illustrer musicalement les sujets qu’il aborde : Himalaya : l’enfance d’un chef (1999) où il obtiendra un second César ; Belphégor (2001) ou encore Vidocq (2001).

C’est après le documentaire Le peuple migrateur (2001) que Bruno Coulais décide de s'éclipser du cinéma pour se consacrer à d'autres projets, allant de l’opéra à la collaboration avec des artistes aussi différents que le groupe corse A Filetta et le rappeur Akhenatona.


I'M A WOLFWALKER
The Bulgarian Symphony Orchestra, direction : Deyan Pavlov. Guitare : Slim Pezin, violoncelle : Christo Tanev, violon : Yordan Dimitrov.

Son escapade envers le cinéma sera toutefois de courte durée. En 2004, le compositeur revient en force avec la musique du film Les choristes de Christophe Barratier. La chanson Vois sur ton chemin chantée avec les Petits chanteurs de Saint-Marc contribuera à rendre populaire la BO, au point d’être reprise dans une version rap par Ken. V. De son côté, Bruno Coulais obtiendra un 3e César.

Par la suite, sa carrière artistique s’étoffe, tout comme sa « patte » qui diffère en fonction des commandes à honorer. Le compositeur collabore généralement avec des réalisateurs pour lesquels il ressent de la sympathie et une certaine filiation artistique (Jacques Perrin, Benoît Jacquot, Frédéric Schoendoerffer…), mais parfois, c'est sa curiosité naturelle qui l’incite à vivre des projets dans lesquels personne ne l’attend. À titre d'exemple, son Stabat Mater produit à la Cathédrale Saint-Denis en 2005 où il invite des personnalités au parcours contrasté (l'ex-Soft Machine Robert Wyatt et le comédien Guillaume Depardieu) ou à travers la musique du spectacle Lady Ô qui sera diffusé au Futuroscope entre 2013 et 2015.

Face à cette diversité de projets, un recentrage de ses compositions permet toutefois de faire ressortir certaines constantes dans ses musiques : un goût pour les instruments inusités, ce qui apporte immédiatement une couleur particulière à ses musiques et un intérêt certain pour les musiques du monde, essentiellement contemporaines. Les divers univers cinématographiques qu’il fréquente, ses rencontres passionnées et son appétence à vivre des expériences encouragent d’autant plus sa soif d'éclectisme. Bruno Coulais a toujours refusé de se laisser enfermer dans une boîte, peut-être par peur du succès et c’est aussi pour cela que ses musiques révèlent de si agréables surprises.

Par Elian Jougla (Cadence Info - 12/2021)


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