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INSTRUMENT ET MUSICIEN

LA MUSIQUE DE SUPER MARIO JOUÉE AU SHENG

Trente ans après sa création, la musique du jeu "Super Mario" conserve toujours sa fraîcheur, sa gaîté et sa virtuosité mélodique. Ayant déjà sauté une génération, la célèbre musique a été notamment reprise en 2011 par une jeune musicienne taïwanaise, Li-Chin Li. L’originalité de sa version repose sur l’instrument utilisé qui dessert la mélodie, le sheng, un instrument séculaire qui s’intègre parfaitement dans la modernité de "Super Mario".


LE YING ET LE YANG DU SHENG

Le Sheng, n’est vraiment pas un instrument récent, puisque ses origines remontent aux environs de 2000 ans avant J.-C. Qu’importe, la tradition héritée de l’opéra chinois ! Dans la vidéo ci-dessous proposée par la jeune musicienne Li-Chin Li, le sheng parvient à trouver sa place dans un environnement instrumental moderne. Comme quoi, cela conforte l’idée selon laquelle le son n’a pas de prise sur le temps et qu’il vit toujours dans l’instant présent. Oui, mais encore…

Il ne faut pas oublier que le sheng est à l’origine un instrument d’accompagnement et non un instrument soliste. Partant de là, on pouvait craindre le décalage, le mariage sonore malheureux, la volonté vaine de concilier tradition et modernisme en utilisant un instrument qui, au départ, n’est pas prévu pour un tel exercice… et pourtant, la musique magique de "Super Mario" opère quel que soit le rythme, la mesure ou l’ambitus de la mélodie. Le sheng s’intègre parfaitement en étant doublé à l'aigu par le glockenspiel (métallophone).


LI-CHIN LI : "SUPER MARIO" SUITE

Décidément, la musique de "Super Mario" n'a vraiment pas de frontières. Le thème écrit par Koji Kondo en 1985 n’a cessé d’être adapté et transfiguré. À l’origine, il avait été prévu pour être joué sur des synthétiseurs dont la qualité sonore médiocre s’arrêtait globalement aux huit bits. Aujourd'hui, le compositeur doit être heureux de voir sa musique interprétée symphoniquement, au piano, en version rock et même jazz. Tant de versions différentes, tantôt ambitieuses, tantôt déjantées pour un seul morceau... Mais quelle sera donc la prochaine version ? La version fanfare ? Mais cela a dû être déjà fait !


À PROPOS DU SHENG (OU SHÖ)

© Jean-Pierre Dalbera (flickr.com) - Le musicien Wu Wei jouant du sheng (concert de l'ensemble Dragon : musique traditionnelle chinoise et contemporaine au Musée Guimet (2007).

En occident, l’instrument est peu connu, même si quelques compositeurs contemporains ont tenté de percer ses mystères sonores dans quelques œuvres passées pratiquement inaperçues. Citons néanmoins les compositeurs : Lou Harrison, Tim Risher, Daniel Bjarnason, Brad Catler ou encore Christopher Adle.

L’instrument n’est pas facile à utiliser avec tous ses longs tubes de métal ou de bois assemblés, parfois une vingtaine selon les modèles. Cet instrument à anches libres est d’origine chinoise. Au départ s’il a été fabriqué en utilisant une courge évidée surmontée de tuyaux en bambou, très rapidement le sheng se trouve amélioré par l’utilisation d’un réservoir en bois ou en métal. Au fil du temps, différents modèles plus ou moins imposants verront le jour.

Techniquement, l’instrument se joue à la façon d’un harmonica. C’est-à-dire aussi bien en soufflant qu’en inspirant. Comme précisé précédemment, le sheng est un instrument d'accompagnement, cela sous-entend qu’il est en mesure de délivrer plusieurs notes en même temps.

Sa sonorité s’accorde parfaitement avec la flûte dizi et le hautbois suona, deux instruments utilisés dans la musique traditionnelle chinoise. Pour donner vie au son produit, l’instrumentiste peut interagir en produisant un trémolo par expiration/inspiration, voire un effet de glissando en jouant sur l’obturation de l’orifice d’un tuyau.

C’est surtout de nos amis chinois qu’il faut tout attendre de cet instrument, car en Extrême-Orient le sheng est très populaire, bien plus que chez nous où l’instrument ne fait office que de curiosité. Au japon, il existe même de grands spécialistes qui utilise le shö dans les ensembles du Togaku, illustre musique traditionnelle ancestrale remontant au 8e siècle.

Pour conclure, si quelques-uns d’entre vous souhaitaient tenter l’aventure de la découverte du sheng, sachez que l’instrument est rare, donc cher. Autour des 3000 €, mais parfois plus !

Par Elian Jougla (Cadence Info - 03/2015)


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