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SON & TECHNIQUE

LES ENCEINTES DE MONITORING 'YAMAHA NS-10M', LE POURQUOI DE LEUR SUCCÈS

Pour ceux qui l’ignorent, les 'Yamaha NS-10M' sont des enceintes de monitoring utilisées dans les studios d’enregistrement. Si ‘Cadence Info’ évoque ces écoutes, c’est qu’elles ont occupé et occupe encore une place à part dans l’histoire des studios d'enregistrement.


DE L’UTILITÉ DES ENCEINTES DE MONITORING

Plus que tout autre « écoutes », les petites Yamaha NS-10M ont une histoire très intéressante. Fabriquée de 1978 à 2001, cette petite enceinte de proximité trône bien souvent au-dessus des consoles. Si vous vous amusez à observer de nombreuses photos prises dans des studios d’enregistrement, les Yamaha NS-10M se remarquent avec leur woofer tout blanc et leur petit tweeter protégé par une petite grille.

Pour bien saisir le rôle qu'elles ont joué au sein des studios d’enregistrement, les quelques explications qui suivent devraient permettre à un néophyte du son de mieux comprendre la différence entre une enceinte grand public et une enceinte de monitoring.

Pour l’ingénieur du son, la première des particularités d’une enceinte de monitoring est d’être conçu pour répondre à une écoute la plus impersonnelle qui soit. C’est-à-dire qu’elle ne doit pas flatter – logiquement - certaines fréquences au détriment des autres, contrairement à la majorité des enceintes de salon.

© Ohconfucius (07/2014)

L’enceinte de monitoring évite normalement une coloration excessive qui fausserait le jugement des « oreilles » de l’ingénieur du son. Par exemple, elle ne doit pas « booster » les basses ou creuser les médiums. L’objectif est de parvenir à un « son étalon » compatible avec un maximum d’écoutes.

En théorie, une enceinte de monitoring doit donc posséder une courbe de fréquence la plus linaire qui soit de façon à ne pas favoriser, lors du mixage, un instrument ou une voix en particulier. Prenons l'exemple suivant : si au départ une enceinte de monitoring creuse les fréquences médiums, instinctivement, l’ingénieur du son augmentera les fréquences concernées pour apporter plus de présence, et si l’enceinte place trop en évidence les aigus, il les diminuera en conséquence. Le résultat d’un tel « bidouillage » aura pour effet, une fois passé les différents « filtrages » du mixage et du mastering, de produire une écoute à domicile faussée par rapport à l’original (d'autant que les enceintes grand public colorent en plus le son).

On comprend dès lors, à travers ce court exemple, toute l’importance d’une écoute la plus neutre possible. La sonorité de l’enceinte de monitoring ne doit pas être flatteuse, mais impersonnelle, « froide » en quelque sorte. L’enceinte ne doit pas être conçue pour embellir artificiellement la musique et, dans ce sens, les NS-10M, cherchent à y répondre avec les particularités et les limites qui sont les siennes.


LES PARTICULARITÉS DES YAMAHA NS-10M

Bizarrement, contrairement à ce qui vient d’être dit dans le paragraphe précédent, les NS-10M ne se distinguent pas par leur neutralité. Une enceinte de semi-proximité comme les NS-10M ne couvre pas en effet la totalité du spectre audio de façon linéaire. Comme d’autres modèles passifs de ce type, les basses sont généralement faibles et il faut en tenir compte lors du mixage (les monitorings de la marque JBL étant à l’inverse réputés pour booster les basses). Alors comment ont-elles pu se rendre indispensable ?

© A-Zeng - Flick.fr (08/2007)

En passant l'épreuve du test, il est difficile de ne pas remarquer immédiatement la présence des fréquences médiums. Cette différence notable vise à compenser ce que les équipements de salon courant (chaîne hi-fi) et d’automobile (autoradio) déforment souvent pour flatter l’oreille du mélomane.

Côté récriminations, nous pourrions évoquer leur médiocrité dans les basses, leurs aigus agressifs, leur insuffisance à ne pas bien répondre à la dynamique et les problèmes liés à la surcompression du signal, sans oublier l'écoute, qui devient fatigante dès qu'elle se prolonge.

D'autre part, il faut se souvenir que du temps de leur « splendeur », dans les années 1980, les enceintes Yamaha étant peu onéreuses. Elles avaient permis à de nombreux musiciens d'équiper leur home-studio à moindre coût. Cependant, une telle « addiction » suffisait-elle à expliquer leur grand succès ? L'explication se trouve certainement dans l'écoute comparative entre le son du studio et celui sortant de l'équipement hi-fi qui se « transférait » alors fort bien ; un constat qui devait se propager selon cette formule : « Quand le son est correct avec une paire de NS-10M, il y a de fortes probabilités pour qu’il le soit ailleurs. »

Dans une utilisation en home-studio, pour compenser les limites de fréquence des NS-10M, la plupart des musiciens et techniciens ajoutent une paire de monitoring de plus grand format pour assurer une « lecture des fréquences basses » plus correcte. De nos jours, à l’ère du numérique tous azimuts, les enceintes NS-10M sont loin d'être encore la seule solution pour corriger le son (sauf à avoir grandi avec leur sonorité entre les oreilles). Il existe d’autres alternatives, dont celles des enceintes actives qui sont plus pratiques en étant équipés d’amplificateurs internes. Pour autant, ils sont encore nombreux ceux qui choisissent encore les enceintes passives. L'avantage – comme tout matériel séparé – est d’avoir un amplificateur de son choix, indépendant de tout format d'enceintes et qui limitera, au passage, les perturbations électromagnétiques.

Par Elian Jougla (Cadence Info - 07/2021)


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