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INSTRUMENT ET MUSICIEN

LES INSTRUMENTS TRADITIONNELS CELTES : GALICE, CRWTH, GAÏTA, TRENJENN-GOAL ET BODHRÁN

Si la musique celtique s'entoure de traditions extrêmement diverses, tant sur le plan de la forme que sur sa manière d'associer les instruments entre eux pour jouer différentes sortes de pièces musicales, l'une de ses particularités est de s'approprier des instruments anciens venus du monde entier, puis de les adapter de nos jours suivant le style des compositions et de leur origine. Cinq ont suscité notre attention : la harpe (galice ou telyn), la lyre à archet (le crwth), la cornemuse (la gaïta), la clarinette (le trenjenn-gaol) et le tambour (le bodhrán).


LA HARPE CELTIQUE

Si la harpe se présente sous deux formes, arquée et angulaire, la celtique est de forme triangulaire. Elle est apparue vers le 9e siècle après J.-C. en Écosse ainsi qu’en Irlande au Moyen Âge chez les bardes et les moines. En fonction du pays, elle porte un nom singulier. Ainsi, si elle se nomme la telyn dans le Pays de Galles, en Espagne, elle s'appelle la Galice, alors qu'en Bretagne, son nom est telenn. Toutefois, l'instrument symbolise avant tout l'Irlande.

La harpe celtique est venue se substituer à la lyre jusqu'à devenir un instrument dominant dans la musique celte, notamment chez les Brittons d'Écosse, de Cumbrie, de Galles, du Devon et de Cornouailles. Son avantage vis-à-vis de la harpe de concert est sa taille modeste, ce qui en fait un instrument aisément transportable et maniable. Après avoir disparu durant plusieurs siècles, le regain pour la musique celte à partir des années 1960, la remise au premier plan.

GWENAEL KERNEO : "KEJADENN" (harpe celtique)

LA LYRE À ARCHET OU CRWTH

Apparue vers le 10e siècle en même temps que l'usage de l'archet, la lyre celtique, communément nommé en gallois la crwth ou crouth, s'est auparavant pratiqué en pinçant les cordes, date à laquelle une touche est installée derrière celles-ci au 13e siècle. Deux siècles plus tard, l'instrument s'enrichit de deux cordes supplémentaires jusqu'à obtenir six cordes de jeu se divisant en quatre chanterelles et deux bourdons. Supplantant ou en remplacement du fiddle (violon), l'emploi de l'archet qui succéda au jeu pizzicato est devenu d'une pratique courante dans la musique celte actuelle.

RYAN KOONS : "THE WREN" (crwth)

LA CORNEMUSE GAÏTA

© Dario Alvarez (wikimedia) – La cornemuse gaïta

La gaïta est apparue avant l’ère chrétienne. La Navarre (Espagne) est considérée comme son berceau. Appartenant à la famille des instruments à vent et pourvu généralement d'un bourdon unique, l'instrument se retrouve dans deux nations celtiques du nord ouest de l’Espagne, la Galice et les Asturies, mais également dans les Balkans et en Amérique latine où l'instrument regorge de variantes. Le nom de gaïta vient d’égida et désigne la chèvre dans la Grèce antique, mais comme pour la harpe celtique, la gaïta est connue sous différents noms : gajdy, gajda, gajde ou encore cimpoï et kaida.

Cet instrument aérophone de taille très modeste (env. 35 centimètres), souvent en bois, est équipé d’une anche double en roseau. Comme d'autres cornemuses, la gaïta est riche en harmoniques. À cause de son timbre extrêmement identifiable, l'instrument transmet et valorise la musique celte traditionnelle dans de nombreuses formations.


LA CLARINETTE CELTE OU TRENJENN-GAOL

La trenjenn-gaol est une clarinette diatonique. De la famille des instruments à vent, elle personnifie par sa sonorité la musique bretonne. Le modèle traditionnel est composé de 13 touches, voire moins, contrairement à l'instrument moderne, le boehm, couramment utilisé dans la musique contemporaine en France. Le « trognon de chou  », nom argotique qui lui est donné à cause de sa forme, est dérivé du chalumeau.

Même si sa création est due à un luthier allemand du nom de Johan Christopher Denner, à la fin du 17e siècle, son nom fut popularisé par les joueurs de bombarde qui trouvaient que l'instrument empiétait sur leur gagne-pain. C'est en particulier à cause de son usage par les musiciens que la clarinette s'impose dans les groupes bretons. L'instrument est en effet joué si puissamment qu'il résonne dans toutes les fêtes dignes de ce nom ! Après avoir eu un passage à vide dans la musique traditionnelle au début du 20e siècle, la trenjenn-gaol a été relancé dans les années 1970 pour être utilisé en association avec la bombarde (hautbois), le biniou (cornemuse), voire l'accordéon. À noter que l'instrument est également utilisé dans des formations de jazz breton.

ABE DORON : "BODHRAN SOLO"

LE TAMBOUR CELTIQUE, LE BODHRÁN

Lors de la renaissance des musiques celtiques dans les années 1960, le bodhrán, utilisé autrefois lors de rites religieux, va occuper une place centrale dans les formations celtes. Signifiant « sourd  » en gaélique, le bodhrán est une percussion rudimentaire aux origines irlandaises. Les plus récents sont constitués d'une membrane tendue en peau de chèvre, de daim ou de lévrier (parfois doublée pour obtenir un son plus puissant) et accordable (clefs situées dans le cadre). La peau est fixée sur un cadre en bois circulaire, rigidifié par une charpente et d’un diamètre variable (entre 20 et 60 centimètres).

Habituellement, cette percussion est jouée avec un bâtonnet que l'on tient d'une main par son milieu (stick arrondi aux deux extrémités et doté d'un anneau au milieu) et dont les deux bouts frappent alternativement sur la peau, tandis qu'avec l'autre main, on joue avec la tension de la peau afin d'en modifier le son. Généralement, le bodhrán doit demeurer discret en produisant un rythme cadencé soutenant la mélodie.

Par Patrick Martial (Cadence Info - 10/2023)


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