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MIKE CONER, DE LA RUE À LA SCÈNE

L'espoir chevillé au corps, ce jeune artiste colombo-vénézuélien a lancé l'été dernier son premier EP, Destino o Casualidad. Pour lui, tout est affaire de destin ! Et c'est le fait de croire en ses rêves sans jamais y renoncer qui lui a permis de traverser des moments parfois fort difficiles et qui l'a conduit de la rue à la scène. Alors que sa musique commence à être diffusée en France, nous avons eu l'occasion de nous entretenir avec lui.


Bonjour Mike ! Afin que nos lecteurs apprennent à te connaître, peux-tu nous dire pourquoi ce nom de scène et comment l’as-tu trouvé ?

Mon vrai nom est Maikel Rincón. Le nom de Mike Coner est né à l'école, dans une classe d'anglais. J'étais très jeune à cette époque et je devais faire une présentation en anglais (ndlr : sa langue maternelle est l'espagnol). J'ai alors pensé que je commencerais ma présentation en prononçant mon nom en anglais pour faire bonne impression. Ainsi, Maikel est devenu Mike, et Rincón est devenu Coner… Le problème est que j'ai mal prononcé mon nom, car « rincón » en anglais signifie « corner », c’est -à-dire « coin ». Le « R » avait disparu, mais Mike Coner était né. Cependant, il faudra attendre longtemps avant qu'il ne réapparaisse. Des années plus tard, je faisais partie d'un groupe de rappeurs et mon surnom était Matricop, une sorte de mélange entre Matrix et Robocop, deux films que j'aimais beaucoup. Parfois, on a des idées marrantes, et vous imaginez toutes les blagues que faisaient mes amis sur ce nom… Un jour avant de monter sur scène, on m'a demandé de dire mon surnom, et j'en ai profité pour en changer. Mais je ne savais pas quoi dire. J'étais aussi stressé que lorsque j'étais enfant avant de commencer ma présentation. C'est peut-être pour ça que Mike Coner s'est imposé à moi, à ce moment-là. Quoi qu'il en soit, Mike Coner était vraiment né.

Peux-tu nous décrire ton style musical ?

Mon style musical est un mélange de hip-hop, de reggaeton et de dancehall. C'est-à-dire de la musique urbaine. Dans mes chansons, je parle principalement d'amour. J'ai vécu une grande histoire d'amour et celle-ci m'a inspiré de nombreuses chansons. C'était et je pense que c'est encore une histoire compliquée, car elle et moi ne vivons pas dans le même pays... Et l'épidémie de Covid n'a pas aidé ! Ce sont ces moments de joie et de peine qui ont été une grande source d'inspiration pour moi. Il y a aussi d’autres histoires d'amour que j'ai vécues...

Et tes sources d'inspiration ?

Il y en a plein. Michael Jackson, Micro TDH, Ne-Yo, Drake... Mon manager, qui est d'origine française, m'a fait écouter récemment Gambi, Tiakola Melo, Alonzo. Et je dois dire que j'ai aimé les sons, même si je n'ai pas compris toutes les paroles ou toutes les références. (rires)


MIKE CONER : "NADIE COMO TU"

Tu écris toi-même tes chansons. Dois-tu te trouver dans un certain état d'esprit pour les composer ?

Eh bien, je pourrais dire, probablement comme tout le monde, qu'il faut se sentir heureux… Mais en réalité, je dois reconnaître que pour me sentir inspiré, je dois être triste ou contrarié. Mes meilleures chansons ont été écrites en pleurant dans ma salle de bain, suite à des peines amoureuses. La musique ne sort-elle pas du cœur ? Avec les chansons, le plus agréable est de pouvoir revivre à travers elles des émotions passées. Comme je viens de le dire, je puise beaucoup d'inspiration dans ma vie, dans mes joies et mes peines amoureuses. Et la chanson permet de transformer l'émotion vécue pour la revivre par l'écriture, puis par l'interprétation.

Tu es un artiste aux multiples facettes : auteur, chanteur, interprète. Comment fais-tu pour donner le meilleur de toi-même dans toutes tes entreprises ?

Il serait probablement très présomptueux de dire que je fais cela naturellement. En fait, je ne me pose pas vraiment de questions. Je fonce. C'est vrai que ma vie n'a pas toujours été facile. Pendant un moment, j'ai vécu en faisant des petits boulots comme coudre des chaussures, ramasser des ordures… J'étais en mode survie. Et quand on vit ça, on ne se pose aucune question, on fait tout pour sortir de cette situation. Donc, avec la musique aujourd'hui, c'est pareil pour moi. J'y vais, et l'avenir nous dira jusqu'où.

Quel est le meilleur conseil que tu aies jamais reçu ?

Il y a quelque temps, rien n'allait bien dans ma vie. Il m'est arrivé des choses très difficiles. J'étais seul, abandonné, sans famille, sans amis. Il ne me restait plus que mon rêve de musique, un rêve qui pourtant me semblait de moins en moins accessible. Et une personne m'a dit : « Cree en tus sueños » (ndlr : Crois en tes rêves). C'est ce que j'ai fait, et je suis sorti de cette période difficile avec un objectif en tête, celui de croire en ma musique. Et quand il m'arrive de traverser des moments difficiles, je repense à cette phrase. Et vous savez quoi ? Celui qui m'a dit cette phrase est celui qui est devenu mon producteur.

Quel est aujourd’hui ton plus grand défi ?

Me faire connaître ! Je viens d’un petit village à la frontière entre la Colombie et le Venezuela. Nous n’avons pas les moyens que l’on peut trouver dans les grands centres urbains. Et pour un jeune artiste de 19 ans, c’est encore plus difficile. J’apprécie grandement l’opportunité qui m’est offerte aujourd’hui de parler avec vous.

Tu es très présent sur les réseaux sociaux. Je crois que tu dois avoir plus de 2 millions d’abonnés sur TikTok. Utilises-tu les médias sociaux pour promouvoir tes chansons ?

Pas vraiment. C'est sûr que je parle de mes sorties musicales sur les réseaux sociaux. Mais pour moi, ils me servent surtout à chanter mes nouvelles chansons pour mes followers, en leur demandant leur avis. C'est aussi une façon de rester en contact avec mes fans. Et puis, vous savez, quand on n'a pas d'argent pour diffuser sa musique ou pour faire des concerts, les réseaux sociaux sont un bon moyen de faire des sortes de concerts en direct.

As-tu des projets chez nous, en France ?

Quelques articles ont parlé de moi en France quand j’ai sorti Nadie como tu (ndlr : Personne comme toi) ; une chanson bien sûr inspirée par une rupture amoureuse. Ma musique est aussi passée sur des radios locales en France. Je vais d'ailleurs peut-être venir dans votre beau pays bientôt, c'est encore un projet... J'espère vraiment que cela puisse se concrétiser, mais il y a beaucoup de choses à faire, et si vos lecteurs ou même vous, vous pouvez m'aider, vous êtes les bienvenus. (rires) Plus sérieusement, c'est une question de contacts, et avec la distance, ce n'est pas toujours facile. J'adorerais collaborer ou simplement rencontrer des artistes français, car je trouve les sons venant de chez vous originaux. Dans mon pays, nous sommes beaucoup influencés par ce qui se fait aux États-Unis, du fait de sa proximité, et tout finit malheureusement par se ressembler. Enfin, cela va vous paraitre peut-être un peu bête, car pour les Français elle est devenue un objet du quotidien, mais je rêve vraiment de voir la Tour Eiffel !

Une dernière question... Quels sont tes dernières sorties et tes projets pour l'année 2023 ?

Mon premier EP intitulé Destino o casualidad (ndlr : Destin ou hasard) est sorti en juillet dernier. Il parle de ma vie, de mes rêves et bien sûr de mes expériences amoureuses. Une autre chanson faite avec un de mes amis vient de sortir : Esperanza, qui parle des espoirs de notre génération. Pour ce qui est de 2023, j’aime à me dire que ce sera mon année. Il y a des projets de collaboration avec des artistes colombiens et vénézuéliens, des chansons en solo qui parlent d'amour bien sûr, comme Pienso ou Casanova, dont le titre est évocateur... Et qui sait ? Peut-être qu'à la lecture de cet article, des choses en France...

Cadence Info (11/2022)

Visiter le site officiel de Mike Coner


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