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INSTRUMENT ET MUSICIEN

QUAND L'ORGUE ANIME LES RENCONTRES SPORTIVES AUX USA

Depuis l’arrivé du piano numérique et du synthétiseur, l’orgue électrique est passé au second plan. Pourtant, l’instrument fait de la résistance en animant encore les rencontres sportives comme le baseball ou le hockey sur glace aux États-Unis et au Canada. Quelles sont donc les raisons qui poussent les organisateurs à utiliser l'orgue lors des matchs ? Pour créer de l'ambiance ? Certainement ! Mais encore...


UNE RENCONTRE SPORTIVE ET MUSICALE

L'orgue, vous l’avez peut-être entendu au cinéma lors de scènes montrant des rencontres de baseball ou de basket avec ce son proche de l’orgue de barbarie. Ce choc frontal entre le sport et la musique n’est pas le fruit de l’imagination débordante de quelques producteurs, mais bel et bien une réalité qui est apparue au moment même où l’orgue électrique avait atteint le sommet de sa gloire.

© Radio-Canada Sports - Diane Bibaud

Tout à commencé avec le baseball, un sport éminemment populaire aux États-Unis. La première équipe à faire appel à un organiste pour animer les rencontres à domicile sera les Chicago Cubs. Au bout de quelques rencontres, le procédé d’animation était en place et avait trouvé son rythme de croisière. Lors des matchs, l’organiste mettait à son programme des bribes d’airs populaires, de variété et même classique, capables de galvaniser l’esprit sportif et d’entretenir la tension festive qui en découlait.

Depuis rien n’a changé ! C'est devenu une habitude, voire une « tradition » pour laquelle peu d’Américains renonceraient. Aux États-Unis, la présence du son de l’orgue est quasi naturelle au point que chaque équipe ou presque de baseball et de hockey a un organiste attitré. Le Canada, devenu dans un premier temps un simple observateur, suivra à son tour cet engouement populaire qui marie avec ferveur la musique et le sport.


DIANE BIBAUD, ORGANISTE ANIMATRICE CANADIENNE
Depuis l'âge de huit ans, Diane Bibaud sait ce qu'elle veut faire dans la vie : jouer de l'orgue pour l'équipe Canadien de Montréal. L’organiste explique son rôle lors des rencontres et les raisons qui l’ont conduite à jouer dans ces conditions si particulières.

LE POURQUOI DE L’ORGUE ÉLECTRIQUE

Au départ, tout est une question d’amplification, une question pratique. L’orgue électrique a dans les années 60 de nombreux avantages vis-à-vis du piano. Il est puissant grâce à son amplification incorporée et il peut être facilement raccordé à la sono du stade. Face aux clameurs et au fond sonore constant, il était important que l’instrument puisse être entendu. L’autre atout est la diversité des sonorités produites qui, aujourd’hui, s’est enrichi de quelques synthétiseurs dans le box réservé au musicien.


LE RÔLE DE L'ORGANISTE

Placé en hauteur, comme les commentateurs sportifs, l’organiste doit avoir une vision panoramique du stade pour qu’il puisse interagir avec les événements de la rencontre. L’organiste a un rôle fédérateur, identitaire même. Ce musicien-là n’est pas comparable avec celui qui anime discrètement la vie d'un restaurant en jouant des mélodies en fond sonore. C’est tout le contraire, il doit s’imposer habilement en faisant jeu avec la rencontre qui se déroule en contrebas des gradins. C’est pour cette raison, que certains d’entre eux détiennent une forte popularité en devenant des « supporters et animateurs attitrés » de grandes équipes, et ce, durant des années. L’organiste Edward Eddie Layton est l’exemple type du musicien qui a ainsi trouvé sa place dans les stades en jouant dans l'ancien 'Yankee Stadium' pendant près de 40 ans, ce qui lui a valu d'être membre du ‘New York Sports Hall of Fame’.

Le musicien correctement équipé se suffit à lui-même. Sa qualité première est d’être prompt à réagir en fonction du déroulement de la rencontre. Par conséquent, il doit être un bon improvisateur en ayant toujours un œil sur le stade ou la patinoire pour voir ce qui se déroule. Lors du lancement d’un morceau, il existe que rarement de fin programmée. L’organiste doit apprendre à rebondir tout de suite. L’interaction avec le match est totale. Cette discipline atypique et exigeante explique que tous les musiciens ne sont pas nécessairement « taillés » pour y parvenir. La plupart des organistes se forment sur le tas et ils doivent impérativement rythmer les faits de jeux, notamment lors des temps morts.

La qualité première de ces musiciens de stade étant de faire preuve d’initiative, il n’est pas rare qu’ils produisent des musiques originales de leur cru. Toutefois, certaines mélodies sont communes à toutes les rencontres, comme ce court motif de quelques notes que le musicien joue un demi-ton au-dessus à chaque reprise et de plus en plus vite ; une idée qui a depuis fait son chemin et que l’on doit, comme par hasard, à un jeune joueur de baseball du nom de Tommy Walker en 1946. Le titre : Fanfare de charge d’orgue !

Hockey Charge Stadium Organ

Par Elian Jougla (Cadence Info - 05/2021)


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