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DES DISQUES D'ÉLECTRO ET DE RAP

Quelques commentaires autour d'une sélection de six disques sortis fin 2009, début 2010 dans des styles navigant entre musique rap et musique électro.


DUBPHONIC – RELIGHT

Dubphonic, le trio de musiciens parisiens sort Relight, second album, après Smoke Signals paru 5 ans auparavant. Avec un tel titre (Relight : rallume), faut-il s’attendre à du réchauffé ? D’autant plus que l’ambiance est au trip-hop, un genre pas vraiment nouveau dans le royaume de la musique électro. Déjà Massive Attack, il y a quelques années, nous abreuvait de ce mélange d’électro cool mâtinée de dub. Étant donné que l’électro est une musique qui suit l’évolution technologique, le son, mixé au goût du jour avec de nouveaux filtres, produit finalement des sonorités plus élaborées. Il n’y a rien d’étonnant alors que la tonalité générale du disque navigue entre un son nostalgique des années 80/90 et un son lifté très tendance.

Le travail musical est soigné et les arrangements comme les influences donnent à ce disque une certaine originalité : trip-hop, rap minimal, seventies sont au programme. Un Fender Rhodes, ancien piano électrique à la mode durant les années 70, est même de la partie… et pourquoi pas ! Il a sa place également ; surtout quand sa sonorité nous entraîne sur des rythmes aux allures brésiliennes.


DUBPHONIC : FRIDAY

MOS DEF - THE ECSTATIC

Come-back pour ce rappeur/chanteur mutant et acteur éclectique de la scène rap new-yorkaise. Après un long silence de plusieurs années, Mos Def nous livre The Ecstatic. Égaré ou plutôt accaparé par ses incursions dans le cinéma (New Danger), Mos Def a décidé de faire une pause pour revenir à son premier amour : la musique. The Ecstatic est un album bouillonnant. Mos Def libère son énergie à travers des rythmes chauffés à blanc… les silences n’ont qu’à bien se tenir !

Sa vision musicale ouvre des portes. Musique arabisante, violons cosmiques et percussions incisives cohabitent dans un même élan : celui de faire bouger les idées. Mos Def illustre parfaitement à travers ses nouveaux textes la verve militante qui l’animait déjà sur ses précédents albums. Le rappeur de Brooklyn répond en écho aux événements d’Irak ou pour des raisons sociales, à ceux des cités. The Ecstatic est un disque à l’éloquence enivrante… incontournable si l’on souhaite découvrir ou redécouvrir un artiste dont l’engagement militantiste ne fait pas défaut.

ÉMILIE SIMON – THE BIG MACHINE

Le nom d’Émilie Simon ne vous dira peut-être rien, pourtant cette jeune femme trentenaire n’est pas venue à la musique par hasard ou propulsée par des gens dont l’unique métier se résume à produire des royalties. Émilie Simon est armée de bagages en poche : études de musicologie, de musique électronique à l’IRCAM, sans oublier un DEA en musique contemporaine. Mais est-ce que toutes ces armes musicales se traduisent dans les faits ? Si l’on admet que trois victoires de la musique en trois disques est un hasard… c’est qu’il n’existe pas de hasard ! Surdouée Emilie Simon… peut-être.

À l’écoute de son dernier disque The Big Machine, la musicienne égrène une musique dans laquelle l’électro vient à la rencontre d’une musique pop efficace. Les mélodies et sa voix claire, étrangement semblable à une drôle de “Kate Buch Babouchka”, réchauffent un monde de synthèse synonyme de froideur, tant les rythmes entendus sont hypnotiques et calibrés par des sursauts dynamiques. Pourtant, à l’écoute du disque, la magie opère et on y revient !


ÉMILIE SIMON : DREAMLAND

DIAM’S – SOS

Jeune égérie du rap français au féminin, Diam’s revient avec un nouvel album, SOS. Les textes évoquent ses tourments passés : l’argent, la dépression et la perte de repères, puis la renaissance loin de la scène et des plateaux télé. Fidèle au style, le rap présenté ici ne cherche pas à inventer de nouveaux repères. Les rythmiques sont répétitives et seule la présence de cordes apporte une certaine sophistication musicale à l’ensemble. Chez Diam’s, le langage des mots semble être l’essentiel. Propulsée par une voix au punch écrasant et un phrasé exemplaire, elle entraîne l’auditeur dans les traces de son existence et de ses pensées. Mais Diam’s évoque-t-elle des faits où prend-elle le parti d’affirmer haut et fort certaines positions ?

À l’écoute de l’album, le langage est sans ambages, direct et d’une tonalité sincère. Pour se protéger d’une certaine pression médiatique après le succès écrasant de l’album Dans ma bulle, Diam’s est partie se ressourcer sur des terres africaines et c’est peut-être cela qui lui a permis une nouvelle fois d’avoir la force de donner le meilleur d’elle-même dans ce SOS.

HOT CHIP – ONE LIFE STAND

Hot Chip nous propose son quatrième album One LIfe Stand. Un album plutôt dance et aux tendances électro évidentes (bien qu’ici ou là quelques titres lorgnent du côté de la musique pop). Hot Chip, est un groupe londonien composé de cinq membres, conduit par deux chanteurs : Joe Goddard, est celui qui possède la voix grave et Alexis Corner, vous l’aurez compris, est celui qui tient le registre aigu.

C’est dans les titres au tempo relevé que Hot Chip s’en sort le mieux. Loin d’avoir recours uniquement à des vocoders ou à des sonorités quelque peu dépassées, le groupe délivre une electro-pop de qualité où il sera difficile de ne pas lever le pied, si ce n’est un besoin irrésistible de danser..

MASSIVE ATTACK – HELIGOLAND

Groupe phare des années 90 (Massive Attack signera trois albums marquants durant cette décennie : Blue Lines, Mezzarine et Protection), ce groupe électro, s’il en est, revient après bien des ersartzs discographiques. Ces cheminements en musique trip-hop, que rien ne semblait pouvoir arrêter, ont-ils eu raison de l’obstination du groupe ?

Derrière le titre de l’album Hegigoland (une île de la mer du Nord propice aux expériences militaires en tout genre) Massive Attack veut peut-être redonner du sang neuf, introduire un nouveau cap. L’emploi d’instruments acoustiques (une section de cuivres et de cordes) et l’emploi de beats plus électroniques sont-ils suffisants ? Le retour du producteur Grant Marshall et la présence autour du duo de Tunde Adebimpe, Dalmon Albarn, du chanteur d’Elbow, Guy Garvey ou de Hope Sandoval semble le démontrer. Massive Attack serait-il capable une fois de plus de nous surprendre ? Le duo n’a peut-être pas tout dit !


MASSIVE ATTACK : PSYCHE

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