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MUSIQUE DE FILMS

LE STUDIO D'ENREGISTREMENT 'MUSIQUE DE FILMS' DE L'ONDIF À ALFORTVILLE

Depuis octobre 2018, le studio de l’Orchestre National d'Île-de-France « Charles Aznavour » a ouvert ses portes. Situé à Alfortville au sud-est de Paris, sa grande ambition est de devenir un lieu stratégique pour l’enregistrement de nombreuses musiques de films et dessins animés…


LA MUSIQUE DE FILMS PÉNÈTRE AU CŒUR D’UN GRAND STUDIO D’ENREGISTREMENT FRANÇAIS

Dans la musique de films, il faut aller très vite. Le résultat dépend avant tout de la compétence des musiciens, mais aussi des techniciens qui ont la charge d’un matériel hautement spécialisé où time-codes, signalétiques et synchronisation appartiennent au langage courant.

Le studio d’Alfortville, baptisé « Charles Aznavour » y répond parfaitement en ayant deux salles indépendantes et une régie son équipée d’un matériel de pointe. Un traitement acoustique particulier a été réalisé pour accueillir l’effectif du grand orchestre symphonique de l’ONDIF (Orchestre National d'Île-de-France) qui comprend au grand complet une centaine de musiciens. Sur le balcon qui surplombe la grande salle (335 m²), un chœur peut venir s’y loger. L’autre salle, d’une dimension plus réduite (104 m²), est réservée à l’accueil de petites formations (orchestre de chambre, combo jazz…) ou à isoler les percussionnistes du reste de l’orchestre lors d’une prise en direct ‘live’. Les musiciens installés dans les deux salles peuvent ainsi jouer en parfaite synchronisation grâce à un réseau son spécialement étudié.

En fonction du score de la partition, chaque musique de films en passe d’être enregistrée délimite un certain nombre d’exigences techniques. Pour cela, les aménagements du matériel doivent pouvoir être opérationnels dès que possible. Il arrive souvent que le déploiement de plusieurs dizaines de microphones devienne nécessaire. Outre un câblage en réseau très étudié, le studio d’Alfortville dispose de tous les atouts pour conduire sa mission à bien : une console Avid S6, des enceintes frontales amplifiées ATC pour la stéréo et d’autres pour le son surround 5.1, ainsi qu’un système Dolby Atmos que de nombreuses salles de cinéma utilise aujourd’hui. Ainsi équipé, le studio « Charles Aznavour » a toute l’ambition des grands studios d’enregistrement internationaux spécialisés dans la musique à l’image ; une ambition que la région Ile-de-France a presque totalement financée à la hauteur d’un million d’euros pour un coût total de 1,2 million.

L’idée générale du projet a été de susciter les compositeurs à utiliser ce lieu plutôt que de partir en Belgique, pour Londres (notamment Abbey Road et Air Studio) ou Prague ; une pratique courante qui dédouane la production des droits d’utilisation à chaque nouvelle exploitation. Le problème de ce flou juridique a depuis été résolu en accord avec les organismes intervenants et les musiciens de l’ONDIF. Fabienne Voisin, directrice de l’orchestre : «  C’était un défi, parce que, quand nous nous sommes renseignés, on nous a aussi dit que les conditions d’accueil n’étaient pas à la hauteur. Les musiciens n’avaient pas assez envie de s’impliquer en France… J’ai imaginé, avec Alexis Labat, un accord d’entreprise coécrit avec les musiciens de l’orchestre pour être immédiatement compétitifs sur ce terrain-là » (source 20 minutes) Depuis cet accord, les musiciens ont accepté que leur rémunération soit plus élevée, cédant en contrepartie tout les droits concernant une réutilisation future de la musique.

Face à la concurrence, l’autre difficulté a été d’évaluer au juste prix le coût d’un enregistrement avec le grand orchestre. Une attention toute particulière a été apportée afin de préserver cette donnée essentielle pour fidéliser producteurs et compositeurs de musique à l’image.


PRÉSENTATION DU STUDIO D'ALFORTVILLE


DÉROULEMENT D’UNE SÉANCE TYPE

Si le « timing » est la clef de voûte, l’enregistrement d’une musique à l’image répond à des codes précis. Sa réalisation repose dans un premier temps sur les épaules du compositeur qui doit avoir saisi toutes les exigences du réalisateur. Ensuite, les musiciens de l’orchestre doivent être prêts à partir au quart de tour tout en évitant de propager le moindre bruit indésirable quand ils jouent de leur instrument. Les micros utilisés sont tellement sensibles qu’ils « capturent » tout ce qui passe à leur portée : le crissement d’une chaussure, le fait de tousser ou de tourner sèchement les pages de la partition peuvent interrompre l’enregistrement en cours.

Pour les musiciens de l’ONDIF, chaque étape de l’enregistrement constitue une nouvelle expérience qui forge des habitudes et consolide le jeu de l’orchestre tout entier. L'exercice est nettement différent du concert. Ici tout se déroule dans un anonymat calfeutré. La rapidité à performer est toujours cruciale et le studio possède déjà un atout de taille : l’orchestre est déjà constitué et actif depuis des années. Les membres se connaissent et ont l’habitude de travailler ensemble, ce qui est fort agréable pour le compositeur en lui faisant gagner un temps précieux.

Lors d'une prise, les musiciens de l’orchestre doivent être très attentifs aux gestes du chef d’orchestre, sachant que chaque seconde, en moins ou en trop, oblige à tout recommencer. Le synchronisme son/image relève du travail d’horloger. Dans le domaine de la musique de films, « engloutir » plusieurs dizaines de minutes en deux ou trois jours n’est pas rare ; c’est même ce paramètre-là qui forge la réputation d’un grand orchestre à suivre la cadence. En quelques heures, ce seront peut-être quatre ou cinq minutes de musique qui seront enregistrées et mixées aux images !

L’autre « détail », que l’on peut observer lors d’une telle session d’enregistrement, est de voir des dizaines de musiciens avec des casques sur les oreilles, tandis que le chef regarde le grand écran face à lui placé derrière l’orchestre. Une façon classique de diriger, mais qui, de nos jours, s’accompagne également d’une mise en place via ordinateur, notamment pour les jeux vidéos. Les musiciens entendent alors dans le casque un clic correspondant à la cadence rythmique afin d’être parfaitement raccord avec les images.

Le directeur artistique présent dans la régie audio et bras droit du compositeur est chargé quant à lui de vérifier la qualité des différentes prises. Il intervient si nécessaire auprès du chef d’orchestre pour lui apporter ses recommandations. C’est lui, en dernier, qui décide si l’orchestre doit recommencer ou passer à la partie suivante.

UNE PREMIÈRE MUSIQUE

« L’orchestre est à la hauteur du studio » a déclaré Gabriel Yared, compositeur et parrain du studio « Charles Aznavour ». Fonctionnel depuis le mois d’octobre 2018 et conçu grâce à des professionnels du secteur assistés d’experts – dont Serge Arthu, Philippe Vaidie et Marc Prada, ancien coordinateur du fameux Studio Davout -, le studio d’Alfortville offre peut-être aujourd’hui une grande chance d’avoir à demeure, dans une région où s’effectue une bonne partie des tournages du cinéma français, les conditions techniques les plus récentes et optimales d’enregistrement. C’est Mathieu Lamboley qui, le premier, s’est confronté au studio avec ‘Minuscule 2 : Les mandibules du bout du monde’, un film d’animation français dont la musique s’accompagne de nombreux bruitages spécialement créés.

LES POINTS FORTS DU STUDIO ‘CHARLES AZNAVOUR’

  • Deux salles modulables et communicantes.
  • La grande salle occupe une superficie de 335 m² et peut accueillir des formations de 300 personnes.
  • Une acoustique claire permettant une prise en main totale via une régie son très bien équipée.
  • Une communication visuelle optimisée grâce à un équipement vidéo de pointe.
  • Un parc de 3000 instruments disponibles à la location.
  • Un mixage qui utilise les formats les plus utilisés dans la musique de films.
  • Un forfait concurrentiel pour l’enregistrement avec l’Orchestre National d’Île-de-France.

Par Elian Jougla (Cadence Info - 01/2019)


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