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CHANSON

ARIELLE DOMBASLE BIOGRAPHIE PORTRAIT DE LA CHANTEUSE

« Même si c’est donner raison à l’infantilisation des choses, je montre ce que l’on attend de moi. » déclara un jour Arielle Dombasle, dont le naturel des mots offre en pâture un personnage de poupée mi-songe, mi-extravagant. Si la moitié de Bernard-Henri Lévy a participé à certains talk-shows où les blagues de blondes volent bas, cela fait de longues années que la chanteuse et actrice continue d’affirmer que « Les gens ne savent pas qui je suis. »

UN RÉPERTOIRE DE CHANSONS FAÇON COMEBACK...

Le PAF a fait d’elle un marsupilami glamour. Nul ne sait jamais où elle va rebondir, devant une caméra ou sous une perruque façon Marilyn en train de roucouler des ‘boléros mejicanos’. La chanteuse est aux antipodes de la musique sacrée que, soprano déconcertante, elle arrime parfois à des beats électroniques.

La chanteuse proclame aimer Celia Cruz, Eddy Palmieri ou Nat King Cole, ce cross-over entre les deux Amériques. C’est aussi les années 40/50, qu’elle idéalise forcément. « Les films noirs américains avec leurs figures de femmes ‘bigger than life’. Ingrid Bergman dans Casablanca, les gens adorent. Ce sont des mythes, c’est presque banal de le dire, mais ça marche à tous les coups, non ? » déclare Arielle Dombasle, baigné d’un romantisme désuet et séduisant.

Jean-Paul Enthoven, éditeur chez Grasset et ami de longue date du couple Dombasle/BHL : « Je crois surtout qu’Arielle se fout complètement de ce qui est tendance ou pas. Elle peut donner un récital de chant sacré du 17e siècle ou être bien plantée dans une hispanité inattendue. » En réponse à cet éclectisme, l’intéressée déclara : « J’ai mis tellement de temps à m’adapter à la France que j’ai toujours caché un peu la Mexicaine que j’étais. Et là, c’est la mettre à jour d’une certaine manière. »

© Studios Harcourt - Arielle Dombasle (2006)


DE L'ENFANCE AUX PREMIERS PAS

Soulever le sombrero sur une enfant née dans le Connecticut puis élevée au Mexique, héritière de riches soyeux lyonnais, les Sonnery de Fromental, et de diplomates gaullistes, les Dombasle, la jeune fille au destin cousu d’or fantasme le monde adulte à travers quelques airs latinos.

Dans ses chansons, si quelques couplets alanguis exhalent le parfum des femmes fatales, Arielle Dombasle y fait flotter le souvenir de Francion, sa mère, qui disparaît alors qu’elle crapahute, un peu garçon manqué à l'époque, vers ses 12 ans. Face à l'effet madeleine de ces canciones se dresse l’image d’un père séducteur, sévère, arrogant, trop occuper à se remarier pour tendre l’oreille à sa douleur.

Malgré un penchant pour les confidences que la belle avoue, elle semble assez mal affranchie de la devise paternelle. Comme si sa fantaisie, presque enfantine, n’était que le premier ornement de sa pudeur. Une fantaisie accrue au contact de sa grand-mère maternelle, qu’elle rejoint à l’âge de 18 ans, à Paris. Son ‘abuelita’ (sa ‘mamie’) comme elle la nommait, y tient régulièrement salon. « Je débarquais du Mexique et j’avais le privilège de côtoyer des femmes comme la photographe et suffragette Louise Weiss ou la peintre Tamara de Lempicka. » se souvient-elle, émue à l’évocation de ce gynécée où elle se sentait « comme un enfant ».

La clé du mystère Dombasle serait donc cachée dans l’enfance d’une femme que ses proches appellent encore parfois "la petite Arielle". Le cinéaste Eric Rohmer saura, le premier, s’inspirer de cette ingénuité. Il la voit alors en Blanche-Fleur, l’héroïne du premier amour occidental, Perceval le Gallois. « À cette époque, j’étais déjà au conservatoire, il cherchait une blonde aux yeux bleus qui sache chanter », dit-elle simplement. Suivront Le Beau Mariage, Pauline à la plage et L’Arbre, le Maire et la Médiathèque, film où elle incarne Bérénice Beaurivage, romancière parisienne plus snob que nature. Sans doute est-ce la première fois que l’on soupçonnera Arielle Dombasle de faire du Arielle Dombasle. Un déficit d’incarnation qu’elle dément, sans fermeté, comme si la critique glissait le long de sa taille XXS. « Oh ! non, je ne suis pas blindée par les critiques. Nathalie Sarraute disait toujours qu’elle se souvenait de deux mots terribles que l’on avait écrits sur elle, à Angoulême, et que la nuit cela la réveillait. »

En parfait Pygmalion, Rohmer l’avait pourtant prévenue des dangers du métier de comédienne, lui reprochant d’être star avant d’avoir fait ses preuves. Cependant, ne l’écoutant pas, elle se brûla les ailes dans la série télévisée Miami Vice – les producteurs de la série adoraient son ‘hair style’ – et au sein de comédies franchouillardes. Quelquefois l’on me dit : « Ce film est remarquable, c’est une comédie populaire. Tu es une figure populaire. Les gens vont t’aimer là-dedans, tu vas les faire rire. Soit. Alors je me lance. »


LE MYSTICISME UN PEU FOU D'ARIELLE DOMBASLE

Face aux tirs nourris qui visent parfois son mari, on la sent moins stoïque. « Parce que, si elle décroche un grand rôle, l’on va croire que c’est grâce à BLH », déclare un proche. Les rôles qui lui sont occasionnellement offerts fortifient en tout cas le sentiment qu’Arielle Dombasle n’appartient pas à son époque. L’intéressée s’en défend, déclarant qu’elle cherche juste à se protéger du désenchantement qui, selon elle, se propage en France et dont la chanson se fait de temps en temps l’écho "neurasthénique et prétentieux". De son enfance mexicaine, elle dit avoir gardé un goût immodéré pour le baroque, sa bouée de sauvetage face aux abîmes du conformisme et d'un "mysticisme un peu fou". De toute façon, conclut-elle, j’ai toujours été étrangère partout !


ARIELLE DOMBASLE EN QUELQUES DATES

  • 1958 – Naissance, le 27 avril, d’Arielle Sonnery de Fromental, à Norwich, Connecticut (États-Unis)
  • 1978 – Elle débute en même temps que Fabrice Luchini, dans Perceval le Galois d’Eric Rohmer.
  • 1981 – Réalise son premier film, Chassé-croisé.
  • 1985 – Elle sort la Cantate 78, son premier disque, avec la collaboration de l’IRCAM.
  • 1993 – Mariage avec le philosophe Bernard-Henri Lévy.
  • 1994 – Elle joue dans Un Indien dans la ville, d’Hervé Palud.
  • 1999 – Mme Agecanonix, c’est elle dans Astérix et Obélix contre César, de Claude Zidi.
  • 2000 – Premier disque d’or avec Liberta.
  • 2001 – Double disque d’or avec Extase.
  • 2003 – La Belle et la toute petite bête, de Jérôme Savary.
  • 2004 – Disque de platine pour Amor Amor. Pour la télévision, elle interprète Milady de Josée Dayan.
  • 2006 – Disque d’or avec C’est si bon.
  • 2009 – Elle réalise le documentaire La traversée du désir. Son album Glamour à mort écrit et réalisé par Philippe Katerine est salué par la presse à sa sortie.
  • 2011 – Album Diva latina.
  • 2013 – Album By Era.

par F. Aubel (Cadence Info - 07/2013)


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