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CHANSON

LES BOYS BAND D'HIER ET D'AUJOURD'HUI - RÉVÉLATIUON

Cette page est la suite de HISTOIRE DES BOYS BAND, ORIGINES ET TUBES SUR MESURE


LA MUSIQUE « BOURRAGE DE CRÂNE »

Pour appuyer les paroles et pour faire bouger les têtes dans tous les sens, rien ne vaut une bonne dose de musique dance avec une grosse caisse qui fait : boum, boum. Toutes les musiques se rassemblent et pourraient être interchangeables : même rythmique, même son, même façon de chanter… Tout ceci ne laisse rien présager de bon ! Les véritables surprises sont rares et c’est regrettable. Bien évidemment, comme dans de nombreux tours de chant, arrive le moment de la chanson romantique et langoureuse, celle qui fera naître quelques autres sentiments secrets chez des adolescentes déjà conquises. Pour les boys band, le principal a toujours été de diffuser du bonheur avec des moments tendres, parce que c’était et cela restera toujours nécessaire.

Artistiquement, les membres des boys band ont toujours été conscients de leur limite. La plupart savaient qu’ils n’étaient ni des musiciens ni de grands chanteurs, sauf parfois un ou deux qui faisaient exception. Très souvent, la maturité musicale commençait à s’installer seulement quand le groupe avait enregistré deux ou trois disques. Dans les premiers temps, face aux journalistes des magazines pour ados, il fallait faire bonne impression, quitte à enjoliver le discours ou à inventer quelques histoires merveilleuses.


UNE QUESTION DE LOOK

Pour véhiculer la popularité, l’image est cruciale, et chez les artistes, le clip en est le moteur de vulgarisation. Dans l’apparence, tout est dans la démesure : corps sculpté, coupe de cheveux appliquée, maquillage outrancier, couleur de chemise très vive… Autour d’eux, une équipe de maquilleurs, de stylistes sont invités à réfléchir. Quelle sera la meilleure option ? Les membres des boys band n’ont qu’une influence minime sur les décisions prises. L’image médiatique qu’ils renvoient ne leur appartient pas. Ils sont un pur produit commercial et leur univers n’est certainement pas celui des rappeurs.

L’apparence du boys band consiste à montrer des garçons qui vivent dans un corps sain et sportif, sans drogue à l’horizon. Ils doivent rassurer les parents dans la mesure où leur spectacle vise un public constitué d'une majorité d'adolescents. Aucun membre du boys band ne doit faire de vagues, et si leur look est BCBG, c’est encore mieux !

Cependant, à force de calcul, d’esthétisme outrancier, il est parfois arrivé qu’un boys band ne séduise pas seulement les jeunes filles, mais également les jeunes garçons. Le milieu gay des années 90 a été sensible à certaines prestations, notamment dans des clips où des tenues et des attitudes (pantalons moulés, torses nus ruisselants de sueur…) étaient suffisamment équivoques pour jeter un trouble et pour susciter des commentaires pernicieux à l’encontre du milieu gay.


LA BOYSBAND MANIA

Au milieu des années 90, le phénomène des boys band est si important dans le cœur des jeunes filles que l’on parle de « boysband mania ». Des groupes anglais débarquent en force sur le territoire français. Worlds Apart déclenche des phénomènes d’hystéries collectives, si bien que les maisons de disques implantées en France comprennent qu’il faut réagir rapidement et proposer également des groupes bien "frenchy". Quelques mois après cette vague déferlante, naîtront des groupes comme les 2 BE 3, G Squad ou Alliage.

2 BE 3

De tournées en promo, chaque boys band sacrifie de son temps, de son énergie pour aller au contact de ses fans. Séances de photos pour magazines d’ados ou embrassades lors des concerts font parties du quotidien. La com s’impose de partout. Elle est indispensable, car la réussite du groupe dépend étroitement de sa bonne relation avec le public. La com qui doit toujours innover, cherchera aussi à provoquer. Pour être au plus proche de leurs fans, des boys band interviendront de façon inattendue dans des lieux publics : parc, hôpital, hall d’aéroport... Bien entendu, les caméras suivront et les journaux relateront les événements.

La conséquence de ce déploiement médiatique : des ventes de disques qui explosent, des produits dérivés comme s’il en pleuvait : pancartes, posters, briquets, etc. (en France, les 2 BE 3 auront même une sitcom produite à leur image : « Pour être libre »). Des enfants qui naissent porteront leur prénom. Dans les grandes surfaces, le merchandising s’installe à grands renforts, car tout doit privilégier ce phénomène mondial, sachant que personne dans le business ne sait encore quand il prendra fin.

À tout succès populaire existe aussi un revers. Les boys band n’échapperont pas à quelques parodies. C’était facile, presque un cadeau. Trop parfait, trop lisse, trop dans le cadre d’une société dans laquelle rien ne doit dépasser, les boys band attirent bientôt la raillerie des rappeurs. Akhenaton, dans sa chanson J’ai pas de face, ridiculise leur image. Jalousie, peut-être. Le succès engrange toujours de l’amertume et quelques rancœurs. Pour les « anti-boys band », le plaisir est d’autant plus important que la satire est féroce. Quoi de plus normal ! Les boys band ne se battent pas avec les mêmes armes. Ils ont intégré leur sort comme une fatalité. Ils savent qu’ils sont considérés par de nombreux artistes comme des gens immatures, sans cervelles. Seule la réussite permet d’oublier cette discrimination et les phrases toutes faites qui l'accompagnent.


OÙ SONT PASSÉS LES BOYS BAND ?

Le coup de massue arrive de la part des radios à la fin des années 90. Elles jugent que le temps des boys band est fini. Un phénomène doit chasser l’autre : les comédies musicales françaises frappent déjà à la porte. Ce soudain engouement pour un style qui n’avait jamais réussi à leurs auteurs méritait d’avoir une nouvelle chance.

Les boys band ont duré le temps d’une adolescence et ils sont morts à l’âge adulte. Peut-être, aurait-il fallu une approche moins stéréotypée, plus authentique, avec à la clé moins de « duplication » à la chaîne afin d’éviter l’overdose et la lassitude. Tout a été produit dans l’immédiateté, avec beaucoup de cynisme et un peu de « au petit bonheur la chance ». Les mecs devaient être beaux. Qu’ils savent chanter ou pas, ce n’était pas le plus important. Le plus grave) - souvent quand la cause est désespérée) - c’est de se rattraper en emboîtant le pas de valeurs sûres, simplement pour avoir plus de poids et de crédibilité à ce que l’on produit. C’est ainsi que des boys band chanteront avec quelques artistes réputés (mais dont la carrière commençait à vaciller) : Elton John, Maria Carey ou Eve Angeli. En retour, le flop ne se fit pas attendre.


LA RÉUSSITE EST POUR DEMAIN

Ils ne sont pas nombreux ceux qui ont survécu aux années 90. Après 10 ans de séparation, le groupe anglais Take That est revenu au top en 2006. Il est peut-être l’exception en continuant à sortir des disques et à se produire sur scène avec succès. Take That a su gérer l’après boys band. Plus professionnel que par le passé,avec à leur tête un véritable chanteur, Gary Barlow, ils ont adapté leur travail scénique au temps et aux modes qui passent. Musicalement, ils sont plus solides et abordent la quarantaine passée avec sérénité et un brin de dérision.

Toujours en Angleterre, Les Wolds Apart jouent la carte de la nostalgie et reprennent de vieux succès, tandis qu’aux États-Unis, les News Kid On The Block continuent de se produire sans démériter, entraînant dans leur sillage des adolescentes qui sont devenues aujourd’hui des femmes qui flirtent avec la quarantaine.

Mais le début des années 2010 marque surtout l'arrivée de nouveaux boys band. Ils ont pour nom The Wanted KId, One Direction, District Three, Union J ou Midnight Red, qu’à lancé Red One, le producteur de Lady Gaga. Cette nouvelle génération de boys band est très différente de celle des années 90. Leur apparence plus fragile s’accompagne d’une attitude également plus naturelle, plus libre et décontracté que leurs prédecesseurs. Lors des apparitions, les mêmes scènes de liesse, les mêmes hystéries collectives se reproduisent, comme si le temps s’était arrêté il y a 20 ans ; sauf que le regard porté aujourd’hui est plus critique, voire plus cruel. Internet est passé par là. Les chansons s’approprient et les idées s’échangent sur les réseaux sociaux, sans tabou, sans limites. Certes, les codes ont changé, mais les boys band sont toujours là, et continueront d’exister tant que le jeu de la séduction poussera des jeunes filles à rêver... Et qu’un commerce en récoltera l’usufruit.

Par Elian Jougla (Cadence Info - 01/2015)


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