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CLASSIQUE / TRADITIONNEL

BRAHMS - FRANCOIS-FRÉDÉRIC GUY INTERVIEW - L'INTÉGRALE DES SONATES

Sa partition à lui, c’est le travail, la discrétion et, il faut le souligner aussi, celle d’avoir une petite touche de génie. Remarqué pour avoir interprété l’intégrale des sonates de piano de Beethoven en une semaine seulement, François-Frédéric Guy nous revient aujourd’hui, dévoré par autant de passion, dans une quête d’absolu, en plongeant ses auditeurs dans l’œuvre de Brahms.


INTERVIEW FRANCOIS-FREDERIC GUY

Bonjour François-Frédéric Guy…

Bonjour…

Votre dernier album est consacré à Brahms. Vous y interpréter toutes les sonates du compositeur. C’est édité chez Evidence… Revenons sur ce qui s’est passé depuis ces huit dernières années, depuis votre enregistrement des sonates de Beethoven et tout ce travail fabuleux que vous avez consacré à ce compositeur. Cela paraît long et pourtant vous dites que vous n’en avez pas fini avec Beethoven !

Vous savez, c’est un peu comme un livre de chevet. Je dirais même une encyclopédie de chevet, parce que Beethoven est très riche et complexe. J’aime m’y plonger. Pour moi, c’était un grand projet. Il y avait les concertos pour piano que j’avais enregistré avec Philippe Jordan et l’orchestre philharmonique de Radio France, les 32 sonates, et puis il y a eu un troisième acte, celui de produire de la musique de chambre avec piano en étant entouré de mes amis : le violoncelliste Xavier Philipps et le violoniste Tedi Papavrami… Tout ça… ça occupe ! Ça occupe l’esprit, les doigts toute la journée…

Et cela occupe vos oreilles également… À la suite de cette aventure, on vous a souvent qualifié de pianiste de l’exploit, de marathonien, mais en fait cela ne vous plaît pas du tout ce genre de qualificatif…

On avait dit ça justement au moment de ce concept des 32 sonates jouées en un temps réduit, le temps d’un festival de 10 jours. Alors, bien évidemment, c’est beaucoup de musique, 600 pages de musique, 11 heures, etc. Mais, l’idée était tout autre. C’était celle d’emporter les gens en croisière, et je me souviens que l’on avait dit à l’époque : « C’est une croisière musicale ». Alors effectivement, il y a les tempêtes, le Cap Horn, mais il y a aussi les grands moments de soleil, de bonheur. On découvre en fait des continents, et c’est ça qui est extraordinaire avec Beethoven… mais c’est valable aussi pour Brahms.

Justement, vous plongez dans l’univers de Brahms. Pourquoi ? Est-ce qu’il y a quelque chose qui relie ces deux compositeurs ou c’est juste un énorme coup de cœur que vous avez aussi pour Brahms ?

C’est un énorme coup de cœur. Brahms est aussi un compositeur de chevet. D’ailleurs, trois de mes premiers disques avaient été consacrés à ce compositeur. J’avais enregistré le deuxième concerto, des sonates pour violoncelle avec Anna Gastinel, des sonates pour piano aussi… On dit souvent que Brahms est un peu le fils spirituel de Beethoven. Il était admiratif de Beethoven au point qu’il a eu du mal à composer sa première symphonie tellement l’ombre de la neuvième de Beethoven était derrière lui. Il avait ce poids sur les épaules. Pourtant, il est arrivé à s’en dégager et à produire une musique d’un romantisme torride.


François-Frédéric Guy - Allegro Maestoso de la 3e sonate de Brahms


Ce projet autour de Brahms vous en parlez joliment, comme d’un dictionnaire amoureux…

Oui, c’était pour reprendre la formule d’une célèbre collection de livres qui est sortie sur la musique et sur d’autres choses d’ailleurs… J’ai moi-même le dictionnaire amoureux de l’astronomie, car je suis moi-même un passionné des étoiles, mais là, je ne voulais pas faire une intégrale exhaustive pour piano, mais je voulais faire connaître au public et partager avec lui, les œuvres qui m’ont fait aimer Brahms. Cette intégrale de Brahms se résume à trois grandes sonates de jeunesse, mais, pour trois sonates de Brahms, il faut déjà deux disques, car ce sont de vraies symphonies pour piano.

Comment, vous, avec votre touche de génie, arrivez-vous à apporter une nouvelle sonorité à du Brahms qui a été si joué ?

Effectivement, Brahms et Beethoven, on dirait le b.a.-ba de la musique allemande, le socle, mais, je crois que c’est aussi la connivence, la proximité jour après jour, comme vous l’avez rappelé tout à l’heure, qui fait que l’on trouve son « son » de Brahms, on trouve son interprétation, sa manière, sa patte, en fait.

Merci d’avoir répondu à nos questions.

Merci à vous.

Visiter le site de François-Frédéric Guy

(Cadence Info - 05/2016)

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