Patrick Bruel prend le temps de la réflexion avant la sortie de chaque nouvel album. Son album Lequel de nous, rime entre gravité et nostalgie.
En 2012 sortait le huitième album de Patrick Bruel, Lequel de nous. Le point de départ de l’écriture des chansons de cet album eut lieu à la fin de sa tournée de 2006 : « J’avais quelques idées, quelques mélodies, quelques mots, et finalement cela a pris six ans… J’avais les sujets, mais je n’avais pas les angles. », raconte Bruel. L'album réalisé par David François Moreau et Benjamin Constant propose des chansons fortes, prenant pour cible des sujets d'actualité comme avec Où es-tu ? sur l’enlèvement de la journaliste Florence Aubenas.
L'album Lequel de nous se partagent entre histoire et chronique...
Histoire, avec des visions cinématographiques où viennent se planter des décors très imagés. En quelques mots, on comprend rapidement le sujet de la chanson. C’est ainsi que dans Je serais là pour la suite, le chanteur évoque la prison et son isolement, de la séparation et des moments difficiles au parloir : « La porte se ferme / Déjà, la clé raisonne / Je suis là / Nu comme une pierre / Et j'ai laissé toute ma vie d'homme / Dans une petite boite / Au vestiaire. / Au fond d'mes poches / Y'a pas que des cadeaux / J'ai peut-être pas eu / Les bons grands frères / Et j'ai suivi / Ceux qu'ils parlaient trop / J'ai pris 5 ans / À m'taire ... ». L’écriture de ce titre a abouti lors de rencontres avec des personnes incarcérées, précisera Bruel.
Chronique, avec la chanson Maux d’enfants où le chanteur dépeint le problème social du harcèlement moral chez les ados, quand la cour d’école vient se transporter sur Internet : « Et on les croise à la pelle, les voyous virtuels / Les p'tites ont 13 piges, veulent déjà être sensuelles / Les murs n'ont plus d'oreilles ils ont Bluetooth ADSL / Et on joue au jeu de celui qui sera le plus cruel / Les commentaires appellent au secours, parfois les mots sont des larmes / Les claviers ça tire, les ordis sont des armes. »
À travers les quatorze titres proposés dans cet album, Bruel évoque bien évidemment d’autres sujets dont l’amour et le temps qui passe (Les cigales s’en foutent, Viens tout contre moi) ; le fil rouge constant étant la communication de l’un vers l'autre. Patrick Bruel : « Ce qui prime dans ma vie, ce qui prime dans mon fonctionnement, c’est que l’on n’est rien sans l’autre, sans l’ouverture. Si on ne connaît pas ça, on ne connaît pas le bonheur des rencontres, de la découverte. »
Patrick Bruel met en scène des personnages fictifs ou bien réels, des rencontres, des faits, avec un genre littéraire et artistique proche de l’autobiographie. Il prend place « à la place de » comme le serait une parabole, mais sans être l'authentique personnage de l’événement décrit dans la chanson.
PATRICK BRUEL : SHE'S GONE
Musicalement, les chansons flirtent avec une grande diversité de styles, allant de la valse (Les cigales s’en foutent), au titre à l’intonation « pop » (She’s Gone) jusqu’à des balancements rythmiques issus du hip-hop quand il chante en duo avec le rappeur La Fouine (Maux d’enfants). Bruel ne signe pas toutes les chansons. Certaines sont dues à des collaborations, notamment avec la romancière Marie-Florence Gros, avec qui il avait déjà travaillé par le passé (Demain).
Si l'on excepte la chanson Maux d'enfants, l'album est de facture classique avec orchestre à cordes (J'aurai chanté peut-être), voire « vieux styles » (Rome). Bruel est sûrement dans la continuité d'un style qu'il s'est forgé depuis son fameux disque de reprises Entre deux voilà 12 ans, cependant Lequel de nous est un album cohérent qui prend à bras le corps des sujets qui touchent vraisemblablement Bruel. Un album dont l’esthétique globale ne peut que séduire les fans du chanteur, même ceux de la première heure.
Par Patrick Martial (Cadence Info - 12/2014)
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SI PATRICK BRUEL M’ÉTAIT CONTÉ
Patrick Bruel est un artiste engagé qui explore la chanson française depuis plus de 30 ans. L’artiste n’a jamais cessé de tracer sa route avec audace et conviction...
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