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CLASSIQUE / TRADITIONNEL

STANLEY CURTIS : 'ORBITS OF INFINITY', L’UNIVERS MIS EN MUSIQUE

Le trompettiste Stanley Curtis propose sur le label Tōnsehen Orbits of Infinity, un album pour le moins original qui prend pour thème central la conquête spatiale et l’Univers. Cinq compositeurs ont contribué à sa réalisation, chacun proposant une œuvre inspirée soit de légendes, soit de diverses explorations conduites par la NASA : la mission Cassini, le télescope Hubble ou encore à travers l’observation de la Supernova 1054.


‘ORBITS OF INFINITY’, CINQ ŒUVRES DÉDIÉES À L’ESPACE

C’est suite à la proposition du compositeur James David et de sa mini-suite Moonwatcher que l’idée de réaliser un album consacré à l’aventure spatiale et aux étoiles est née. « Mon collègue, James David, a écrit pour moi une pièce intitulée Moonwatcher, qui a attiré mon attention vers l'espace. J'ai parlé avec quatre autres compositeurs pour voir s'ils pouvaient être intéressés à écrire de la musique sur ce thème. » raconte Stanley Curtis.

© Tōnsehen

Musicalement, l’album Orbits of Infinity développe une approche insolite sur un sujet finalement peu couru si l’on excepte Les planètes de Gustav Holst qui reste la référence en la matière. Le visage multifacettes de l’Univers a visiblement passionné les cinq compositeurs qui se relaient dans cet album en offrant une vision artistique très contemporaine sur un sujet éminamment scientifique. Aux dires de leurs auteurs, les différentes pièces de ce projet traduisent par leur détachement mélodique des visions personnelles de l'espace, de son exploration et de notre compréhension de celui-ci.

Avec sa trompette servant de fil conducteur à l'album, Stanley Curtis explore les nombreuses possibilités sonores offertes par l'instrument, passant d'une sonorité fluide à des notes au discours ascensionnel. À la fois classique par leur forme et contemporaine sur le fond, chaque minisuite présentée dans Orbits of Infinity développe sa couleur sonore caractéristique dans l'intention d'offrir un voyage vers un ailleurs plein de mystères.


KEVIN POEKING : ‘CASSINI’

Cassini sert d’ouverture à l’album. Composée par Kevin Poelking, cette œuvre illustre en trois mouvements les étapes de l’observation de l'orbite elliptique de Saturne par l'engin spatial Cassini. Le premier de ces mouvements, Final Pass, commence dans le vide glacé et froid de l'espace. L'ambiance est globalement sombre pour un voyage qui se terminera finalement par l’anéantissement de l’engin spatial.

Dans le second mouvement, Into the Black, Cassini se déplace vers les confins de l'elliptique (l'apoapse). La musique décrit la vaste solitude de l'espace et le flou du temps. Le pouls régulier du vibraphone représente la faible vue du soleil, inspiré par l'enregistrement de la NASA. Puis, dans le dernier mouvement Black Plunge, le compositeur illustre le bruit des émissions radio de Saturne, capté par la NASA lors de la mission. Le voyage se termine par l'écrasement de la pression atmosphérique sur Cassini au moment où la sonde plonge vers la surface.


BLACK PUNGE (suite 'Cassini')
Stanley Curtis : trompette, Timothy Burns : piano, Eric Hollenbeck : percussion

AMY DUNKER : ‘THREE IMAGES FROM THE HUBBLE TELESCOPE’

L'œuvre Three Images from the Hubble Telescope, composée par Amy Dunker, est jouée par la seule trompette de Stanley Curtis. Chaque mouvement décrit différentes images recueillies par le télescope spatial Hubble. Le premier mouvement, NGC 4907, s'inspire des images provenant d'une galaxie située à 270 millions d'années-lumière. Le second dépeint la comète Borisov découverte par un mystérieux astronome amateur auquel le nom est associé. (Interstellar Comet Borisov). The Rose Galaxie sert de conclusion à cette minisuite. Elle provient de l’observation d’une grande "galaxie spirale" apparemment attachée à un autre par un tourbillon d'étoiles créant une couleur légèrement rose.

DOUGLAS HEDWIG : ‘NEW WORLDS’

La suite ‘New Worlds’ a été écrite pour commémorer le 50e anniversaire de l'alunissage historique d'Apollo en 1969. Orchestré à l'intention d'un trio composé d'une voix soprano, d'une trompette et d'un piano, New Worlds décrit musicalement les merveilles de l'espace et les découvertes interstellaires. Les trois poèmes sonores composés par Douglas Hedwig s’inspirent d’un travail d'observation courant sur trois siècles et reflétant toute la curiosité de l’homme envers l’univers. Cette suite imagée prend pour décor le décollage d’une fusée (Lunar Neighbors), transportant les premiers humains à atterrir sur la lune ou à explorer une autre dimension de l'espace (le piano et la voix émergent dans un style léger de « Néo-Ragtime » avant que de fluides arpèges de piano viennent évoquer le flottement et l'apesanteur).

Ensuite, l'ouverture en forme de chant de In Their Turns to Rise est censée transmettre une certaine crainte reflétant la façon dont les astronautes ont exprimé leurs sentiments lors de voyages spatiaux. New Worlds trouve sa conclusion avec Our Moon, un mouvement à la tonalité poétique fusionnant entre musique populaire et musique classique.


LUNAR NEIGHBORS (suite 'New Worlds')
Stanley Curtis : trompette, Timothy Burns : piano, Tiffany Blake : soprano

KEVIN MICHAEL OLSON : ‘SUPERNOVA 1054’

Composée par Kevin Michael Olson, la particularité de cette œuvre en quatre mouvements est d’être destinée à une trompette avec accompagnement par ordinateur ; ce dernier interagissant avec le soliste pour créer un paysage sonore évocateur. Dans chaque mouvement, le compositeur joue avec les espaces sonores comme le seraient des points de suspension. Cette minisuite a été inspirée par un pictogramme provenant du Nouveau-Mexique représentant une supernova qui se serait déroulée en l'an 1054.

JAMES M. DAVID : ‘MOONWATCHER’

Cette œuvre composée par James M. David s’inspire de la longue histoire des mythes et des histoires que la Lune a provoquée dans la culture des peuples. Le premier mouvement, Ixchel, n'est autre que le nom donné à une déesse maya de la lune et de l'eau, épouse de Itzama (dieu du ciel) et de Kinich Ahau (dieu du soleil). Puis The Jade Rabbit fait référence à une figure mythique du folklore d'Extrême-Orient qui vit sur la Lune, basée sur des interprétations de paréidolie qui identifient les marques sombres sur la face proche de la Lune comme un lapin ou un lièvre. Le dernier mouvement, Artémis, est un allegro intense et agressif qui décrit la déesse grecque de la Lune, sœur jumelle d'Apollon et qui, munie d'un arc, chasse les cerfs et parfois les hommes, tout en protégeant les Amazones (cette œuvre a été commandée par un consortium de trompettistes universitaires organisé par Stanley Curtis).

Par Elian Jougla (Cadence Info – 03/2022)



À PROPOS DE STANLEY CURTIS

Stanley Curtis a développé une carrière aux multiples facettes en tant que trompettiste, professeur et interprète de musique ancienne. Après avoir étudié à l'Université de l'Alabama, au ‘Cleveland Institute of Music‘ et aux Pays-Bas (grâce à une bourse Fulbright), Curtis a obtenu son doctorat en musique de l'Université de l'Indiana en 2005.

Après avoir enseigné à l'Université George Mason, le trompettiste a aujourd'hui pris sa retraite. Suite à ses 20 années de carrière passées dans l'U.S. Navy Band à Washington, il a été nommé en 2018 au poste de professeur adjoint de trompette à la ‘Colorado State University’.

En 2022, il est devenu président de la 'Historic Brass Society.’ En outre, Stanley Curtis aime cuisiner, bloguer et pratique le français et l'espagnol.


Musiciens

  • Stanley Curtis : trompette
  • Timothy Burns : piano
  • Bryan Wallick : piano (Moonwatcher)
  • Tiffany Blake : soprano
  • Eric Hollenbeck : percussion

Stanley Curtis
album 'Orbits of Infinity'
paru chez Tōnsehen en janvier 2022

Acheter l'album : Stanley Curtis : 'Orbits of Infinity'


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