CHANSON
Elle chante rarement, tourne peu, ses derniers disques et ses derniers films ont eu un succès mitigé au regard de sa notoriété, pourtant la France aime Vanessa Paradis. Pourquoi ? Déjà à huit ans, elle remporte un dix sur dix à l’École des fans. Une prémonition enfantine ? Qui sait ! Ce come-back rappelle à la mémoire de ses fans que la petite fille n’est pas entrée dans le monde artistique vraiment par hasard…
Enfant, ses pas dans la danse conduiront Vanessa à la musique... et la musique au piano. Quand elle commence sa carrière dans la chanson, la mélodie de Joe le taxi et son rythme rétro fera d’elle une jeune Lolita à l’avenir prometteur. Il se vendra trois millions d’exemplaires du single alors qu’elle n’a que 15 ans. Le disque ira jusqu’à être en tête des charts anglais vingt ans après Serge Gainsbourg… Gainsbourg, pour qui elle deviendra sa muse le temps d’un disque. « Être une femme miroir, c’est dur. Il faut être costaud » dira l’ami Serge.
Egérie de Chanel, on la dévisage, tout comme on l’envisage au cinéma. C’est avec Cremer, Delon, Belmondo, Depardieu et Moreau qu’elle fera ses armes. Avec plus de 25 ans de carrière derrière elle, celle qui rêvait d’être une femme fatale est devenue une jeune mère comme il en existe tant d’autres. Rôle qu’elle n’a pour l’instant jamais incarné au cinéma. « Je tourne peu, avoue-t-elle. Alors quand je m’engage dans un film, j’ai besoin d’histoires extrêmes. » Comme cette petite rockeuse éprise d’un taulard dans le film des frères Poiraud (Atomik Circus) ou quand elle incarne une samaritaine dans le film Mon ange de Serge Frydman. Elle avoue manquer de temps pour tout faire et préfère s’occuper de ses enfants Lilly-Rose et Jack Faire une carrière de cinéma aux États-Unis, c’est s’investir complètement, sans détours. Un véritable sacrifice où il est difficile d’avoir une vie de famille équilibrée. Alors, à choisir un film, autant trouver le sujet qui vous tient à cœur et tourner avec les metteurs en scène et acteurs que vous estimez.
© Georges Biard - Vanessa Paradis au festival de Cannes 2016
Même si le souvenir de ses débuts est amer, Vanessa Paradis dit avoir retenu la leçon, jouant de ce qu’elle appelle ‘les artifices de la célébrité’, fière d’avoir provoqué le désir d’illustres Pygmalions, ces ‘cadors’ qui l’ont laissé star. Dès ses débuts, la jeune Vanessa n’a jamais marché à la revanche : « C’est assez jouissif de voir comment, après le film Noce Blanche, beaucoup de gens ont retourné leur veste alors que je n’avais pas changé. Je comprends que l’on puisse ne pas faire l’unanimité, mais c’était disproportionné. D’accord, je chantais Joe le taxi en me maquillant comme une voiture volée. J’avais des jupes, on aurait dit des mouchoirs. Ça pouvait paraître agressif, mais je n’avais pas envie de l’être. J’étais un bout de chou qui voulait être une bonne femme. »
C’est peut-être pour percer ce désir non dissimulé que nous suivons depuis sa carrière pas à pas en imaginant tout savoir d’elle, même si en réalité nous ne savons presque rien. Et le miracle dure, distillé sans tapage ou presque. Ni bimbo, ni intello, elle a fait chavirer les cœurs de Lenny Kravitz, pop star tatouée, et du tourmenté et brillant Johnny Depp avec qui elle a eu ses deux enfants. Quand on l’interroge, elle ose dire qu’elle ne sait pas, qu’elle ne lit pas les journaux. Vanessa possède un sens du décalage face aux réalités économiques et sociales. Vanessa Paradis : « C’est terrifiant d’être aussi irresponsable. Je suis hyper privilégiée, mais comme je ne sais pas comment changer le monde, je préfère protéger les miens. En même temps, c’est contradictoire, j’ai des enfants, je devrais être un peu moins lâche. Mais attendez, je ne suis pas, non plus, une caricature complètement isolée dans mon bonheur, recroquevillée sur ma petite famille. J’ai été élevé avec beaucoup d’amour, assez de moyens et ensuite, à 14 ans, tout à commencé pour moi sans jamais s’arrêter. Alors, j’ai peut-être un peu tendance à réagir comme une enfant gâtée. »
Dix ans après la tentative avortée de L'Homme qui a tué Don de Terry Gilliam, Vanessa Paradis termine le tournage de son premier film américain à New York (États-Unis), Fading Gigolo de John Turturro aux côtés de Woody Allen, Sharon Stone et Sofia Vergara. Verrons-nous alors la discrète et secrète Vanessa Paradis pour la promotion du film sur les plateaux de la télévision française quelque temps avant sa sortie officielle ? Rien n'est moins sûr. L'artiste se faisant toujours discrète par chez nous.
Un double-album contenant vingt chansons sort en mai 2013. Love Songs est réalisé par Benjamin Biolay qui en profite pour signer huit titres. Bien accueilli par la critique, la chanteuse poursuit sur sa lancée avec la scène du Casino de Paris en novembre de la même année puis à travers une tournée baptisée 'Love Songs Tour'. Durant cette période, Vanessa a l'occasion de participer à des projets musicaux avec d'autres artistes : Steve Nieve (Conversation), BB Brunes (Bye Bye)...
L'année 2014 sera riche. Elle décroche d'abord une 'Victoire de la musique 2014 de l'artiste interprète féminine de l'année' avant de poursuivre sa tournée 'Love Songs Tour', mais cette fois en parcourant l'Europe : Pays-Bas, Angleterre, Espagne, Suisse.
En 2018, la chanteuse publie son 7e album studio : Les Sources qui sera annoncée par le single Ces mots simples. En 2019, après un featuring étonnant avec le rappeur Hefkeu (Les étoiles vagabondes), Vanessa sort un best of de ses meilleures chansons arrangées (Best of variations).
Par Patrick Martial (Cadence Info - 04/2013 - mise à jour 01/2020)
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