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CHANSON

INTERVIEW BRIGITTE - PORTRAIT DU DUO FÉMININ AURELIE SAADA ET SYLVIE HOARAU

Brigitte est un duo de deux charmantes jeunes femmes prénommées Aurélie (Saada) et Sylvie (Hoarau). Jouant de leur étrange ressemblance physique qui pourrait faire croire à des jumelles, elles produisent à travers leur dernier album, À bouche que veux-tu, des chansons aux frontières de la pop et du disco, des chansons sensuelles dotées d’un charme féminin qui pourrait bien électriser le paysage musical hexagonal !


BRIGITTE, UN DUO FUSIONNEL

Le duo Brigitte est apparu en 2010 avec la reprise Ma Benz de Suprême NTM, une chanson masculine pour laquelle elles auront apporté tout le poids de leur sensibilité féminine. Le clip, qui ne se cache pas derrière la puissance évocatrice et suggestive d’un appel au sexe, n’échappera pas à l’attention de Joey Starr. Sylvie Hoarau : « Je crois que c’était en 2009 après un concert. Il a demandé à venir dans les loges pour nous féliciter… C’était super mignon. Un garçon d’une grande délicatesse. C’est un super mec ! »

Le ton est trouvé. Brigitte sort leur premier album l’année suivante. Et vous, tu m’aimes plonge l’auditeur dans une musique aux couleurs folk et orientale, évitant l’écueil du féminisme avec talent et malice, et plongeant la gent masculine dans la grâce et la légèreté des affres et des désirs conjugués au féminin. Aurélie et Sylvie, toutes deux auteures et compositrices, savent bien y faire avec les « mecs », provocantes en diable et jouant sur leurs faiblesses que pour mieux les avoir à leur merci. Ce côté direct, sans ambages, leur vaudra de chanter pour une publicité Lancôme (Rouge in Love) et de remporter en 2012 une Victoire de la musique dans la catégorie "Révélation".

Aujourd’hui, à l’heure de la sortie de leur troisième disque, À bouche que veux-tu, Brigitte s’offre plus que jamais comme un duo fusionnel et charnel qui ne fait qu’un. Le titre éponyme ne cache pas ses allusions aux divas disco des années 70, Gloria Gaynor en tête. Nostalgique les Brigitte ?


BRIGITTE, UN INTERVIEW SANS DÉCALAGE

D’où vous vient ce prénom, Brigitte ?

Aurélie : on aimait ce prénom-là. C’était un prénom pour deux femmes. Il avait quelque chose de français et de féminin. C’est le prénom d’une maman, d’une tante qui cuisine bien, de la boulangère… On aime bien cette pluralité-là. Elle est importante pour nous, en tout cas qu’on est le droit d’être toutes celles-là.

Aujourd’hui, quand on vous voit, on a l’impression d’être devant des jumelles.

Sylvie : C’est fou ce que l’on se ressemble ?

Quand même, non ?

Aurélie : Oui.

Aurélie, vous êtes née à Paris et votre mère est psychanalyste. A-t-elle fait beaucoup pour votre éducation musicale ?

Aurélie : Ma mère à fait beaucoup pour moi, en général. Elle chante divinement bien. C’est une femme qui organisait des fêtes incroyables. Elle est extrêmement généreuse et joyeuse.

Votre tout premier souvenir musical, est-il précis ou pas ?

Aurélie : J’avais quatre ou cinq ans quand est sorti le disque de Culture Club, Do You Really Want to Hurt Me, et j’étais obsédé par Boy George. J’avais envie de lui ressembler.

Vous Sylvie, vous êtes née à Rouen. Votre enfance avec une ambiance un peu plus provinciale ? La musique a été présente très tôt ?

Sylvie : Mon père jouait de la guitare en amateur, de l’accordéon, des claviers, donc il y avait de la musique tous les soirs, tous les jours.

Ça a l’air de vous fatiguer en y pensant ?

Sylvie : Oui, c’était fatigant ; en effet. J’ai le souvenir de ma mère qui disait : « Oh ! Non », quand il arrivait des amis à la maison, parce que ça se terminait souvent en « bœuf ». Moi, je m’étais promis de ne jamais apprendre à jouer de la guitare, par exemple…

Et alors ?

Sylvie : Eh bien, je joue de la guitare… C’est le seul instrument dont je joue. (rire)

Alors votre premier grand choc musical, c’est quoi ?

Sylvie : J’ai un souvenir très fort de la première fois que j’ai posé le saphir sur le 33 tours… c’était un album de Donna Summer (I Feel Love).

Quel est la première chanson que vous avez interprétée devant un public ?

Aurélie : Quand j’étais petite, j’ai été invité sur RFI par une journaliste qui m’avait trouvé mignonne. J’avais alors cité trois chansons que j’aimais bien et j’ai interprété Brigadier Sabari d’Alpha Blondy. J’adorais le reggae, quand j’étais enfant.

Et vous Sylvie, c’est quoi cette première chanson que vous auriez chantée ?

Sylvie : À l’école maternelle, pour Noël, toute l’école avait chanté sur l’estrade municipale. C’était le soir, on était revenu après l’école en pyjama, en robe de chambre, en chaussons avec un doudou dans les mains et on avait chantait un truc qui ressemblait à Moi, je dors avec nounours dans mes bras (Karine et Rebecca). Sur la photo de l’école, je suis vraiment devant en tenant mon doudou fermement, et je crois que je n’ai pas vraiment chanté tellement j’étais endormi. Je ne comprenais pas trop ce qui se passait.

Brigitte, à quand remonte votre première expérience scénique ?

Sylvie : C’était avec un groupe de rock qui s’appelait Fantômas, et ça se passait dans la salle municipale de Lion-sur-mer, en Normandie, dans le Calvados, qui nous prêtée sa cave toute l’année pour répéter. Et à la fin de l’année, on avait fait ce concert. J’avais une espèce de peur étrange qui faisait que je ne me reconnaissais pas.

Et vous Aurélie ?

Aurélie : Évidemment, j’ai dû me mettre en scène très souvent dans la cour de récréation, mais la première fois que j’ai été sur scène sérieusement avec du public, j’ai fait les premières parties de Michel Jonasz au Bataclan pendant plusieurs soirs. Je me souviens, le rideau était fermé. J’étais seule, assise sur un tabouret avec ma guitare dans les mains, et Michel Jonasz m’annonce... Et je me demande alors ce que je fais là vraiment et je me dis : « Il est peut-être encore temps de partir ! ». J’ai vu alors une issue sur le côté où il était écrit : Exit. (rire)

Après, pour chacune de vous, il y a de véritables expériences de scène. Sylvie. Vous fondez en 1991, à Caen, le trio Topaze, je crois…

Sylvie : Oui, c’est ça.

Puis vous partez vivre à Paris, le groupe s’agrandit alors et devient Vendetta. Et là, ça devient sérieux…

Sylvie : On est monté à Paris, comme un bon nombre de groupes de province font. C’est ma formation !

Le titre Battez-vous de votre premier album est un titre manifeste, un appel à se révéler, à se battre ?

Aurélie : Ça a été vraiment une libération de travailler ensemble, l’une et l’autre. On n’arrivait pas à trouver de musiciens qui voulaient travailler avec nous. Tout était compliqué, mais ce qui a été magique pour nous, c’est d’avoir tout fait, toutes seules. On avait l’impression qu’il n’y avait que nous à vouloir de nous, à ce moment-là.


BRIGITTE - L'ÉCHAPPÉE BELLE

Et ce premier album ressemble aux femmes que vous étiez alors ?

Aurélie : Le premier album, on n’aurait pas pu l’écrire à vingt balais. Je crois qu’il raconte vraiment quelque chose de féminin, mais également du vécu, de l’expérience… et maintenant s’en libérer et en rire parce que, justement, c’est digéré.

Quelle est la chanson qui vous fait pleurer ?

Aurélie : Moi, j’ai une chanson vraiment honteuse, ça s’appelle Le papa pingouin (Pigloo) Il faut savoir que dans nos vies respectives, nos papas sont partis.

Et vous Sylvie, y a-t-il une autre chanson qui vous fait pleurer ou pas ?

Sylvie : Y’a plein de chansons qui me font pleurer… Les vacances au bord de la mer de Michel Jonasz, qu’on a reprise. C’était dur de la travailler, parce que moi j’avais toujours envie de pleurer.


Quelle est la chanson que vous auriez aimée écrire ?

Aurélie : Il y a une chanson que j’aurais aimée écrire, c’est la chanson de Dolly Parton, Jolene. Je la trouve magique. Ce que je trouve très beau, c’est le paradoxe de la légèreté de la musique, la joie avec laquelle elle chante et ce qu’elle raconte, qui est terrible : « Ne me prend pas cet homme, juste parce que tu le peux. »

L’album À bouche que veux-tu ne peut être qu’un album sensuel…

Sylvie : On s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de sensibilité dans nos textes, dans les rythmes et on s’était rendu compte que l’on avait utilisé plusieurs fois le mot « bouche » et puis l’expression « À bouche que veux-tu » est assez étrange en signifiant généreusement. Au final, ça correspondait assez bien à ce qu’on avait mis dans l’album.

C’est un album qui a été écrit dans l’énergie de la tournée, du live…

Sylvie : Dès qu’on a commencé à parler de nouvelles chansons, on était en tournée et avec une énergie folle qui vous tient avant, pendant et après les concerts.

Propos recueillis par L. Thessier.

(Cadence Info - 11/2014)


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