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CLASSIQUE / TRADITIONNEL


GEORGES BIZET, DE L'ARLÉSIENNE À LA HABANERA DE CARMEN

Datant respectivement de 1872 pour L'Arlésienne et de 1875 pour Carmen, ces deux œuvres populaires du compositeur Georges Bizet prennent pour repère l'époque romantique. Que ce soit une musique de scène ou un opéra-comique, Bizet déploie, à travers ces deux créations, tout son talent de mélodiste et d'orchestrateur.


L'ARLÉSIENNE, LA PROVENCE MISE EN MUSIQUE

Le contexte de L'Arlésienne repose sur une musique nettement descriptive. Le compositeur évoque, au moyen de mélodies caractéristiques, la Provence. Le choix de peindre musicalement telle région ou tel pays, avec ses caractéristiques mélodiques et instrumentales, se traduira par une grande finesse d'écriture sans que cela nuise à son inspiration. L'exotisme possède aussi une place essentielle dans ses œuvres. Il peut être extrêmement lointain (l'Orient et l'Extrême-Orient) ou plus proche de nous, comme c'est le cas avec Carmen, dans lequel on voit l'Espagne et son folklore par transparence. Durant sa brève existence, différents pays vont lui suggérer d'autres idées : des mélodies italiennes avec Don Propocio ou des élans pittoresques venus de l'île de Ceylan avec Les pêcheurs de perles.

© Unifrance - L'œuvre de Georges Bizet devient ici une musique hautement descriptive pour le film de Marc Allégret, L'Arlésienne, en 1942 (affiche promotionnelle).

Placée sous la responsabilité d'un orchestre symphonique, L'Arlésienne est à l'origine une musique de scène destinée à accompagner une pièce de théâtre, un mélodrame en cinq tableaux d'Alphonse Daudet, qu'il a tiré lui-même des Lettres de mon moulin (1869). Bizet devra composer la musique pour une œuvre qui, finalement, ne rencontrera pas un grand succès.

Pourtant, le thème dominant est une véritable mélodie populaire illustrant un Noël provençal, La Marche des Rois. Quatre autres variations l'accompagnent, chacune alternant, au caractère calme, paisible, des climats agités et pleinement décidés. Ces variations reposent sur des changements d'orchestration et non, comme habituellement, sur des transformations de la mélodie. Des instruments prédominent pour chacune d'elle : la clarinette durant la première, les bois dans la seconde, puis les violoncelles à la troisième et enfin les violons et la flûte à l'ultime déclinaison, la plus martiale et décidée.

Signalons qu'il existe deux suites d'orchestre de cette musique de scène, mais que l'orchestration de la seconde revient à son ami Ernest Guiraud.


FARANDOLE (L'ARLÉSIENNE)
Orchestre Philharmonique Royal de Liège, direction Ergely Madaras, direction (Salle Philharmonique de Liège, le 3 juillet 2020).

LA HABANERA DE CARMEN, UNE DANSE CUBAINE

Carmen est un opéra-comique, c'est-à-dire un ouvrage scénique qui contient des dialogues parlés s'intercalant entre des passages chantés. Il s'articule autour d'une soprano (Carmen), d'un chœur (jeunes gens, cigarières et soldats) et d'un orchestre. Cette œuvre repose sur un livret publié en 1847 de Henri Meilhac et de Ludovic Halévy.

© Pierre Grosbois - wikimedia - Une scène de Carmen (Salle Favart - Paris - 2009)

L'amour est un oiseau rebelle est la fameuse chanson d'amour romantique et tragique de Carmen, l'un des points clés du premier acte. Son couplet est devenu célèbre : « L'amour est enfant de bohème / Il n'a jamais, jamais, connu de loi / Si tu ne m'aimes pas, je t'aime / Et si je t'aime, tant pis pour toi. » Son succès est dû, pour l'essentiel, à son rapprochement avec la "havanaise", une danse d'origine cubaine qui était à la mode dans les années 1860 et dont s'inspire Bizet de façon éclatante. Le rythme particulier de la habanera est construit sur une métrique à deux temps. Jouée à un tempo allegretto et introduit avec le renfort des contrebasses, il procure à la respectueuse mélodie sa divine hardiesse.

Une fois de plus le musicien Ernest Guiraud - celui-là même qui écrivit la seconde orchestration de L'Arlésienne -, viendra remplacer ici les dialogues prévus à l'origine par des récitatifs chantés après la disparition du compositeur en vue de faciliter la diffusion de Carmen. Enfin, pour l'anecdote, on notera que le mot toréador présent dans l'air d'Escamillo est une pure invention des librettistes, puisque seuls existent les termes torero, matador et picador... du moins au cœur des arènes.


L'AMOUR EST UN OISEAU REBELLE (Elina Garanca)

À PROPOS DE GEORGES BIZET

Georges Bizet

L'opéra-comique Carmen suffit à le désigner, tant cette œuvre reste encore aujourd'hui l'un des opéras les plus joués au monde. Né le 25 octobre 1838 à Paris, le compositeur sera d'abord un enfant précoce. Il entre au Conservatoire à l’âge de neuf ans, dans la classe de piano d'Antoine François Marmontel, et obtient un premier prix à treize ans, puis un second l'année suivante, en 1852.

Il compose une première et remarquable Symphonie en ut en 1855, avant de se métamorphoser en un spécialiste de la musique de scène. Après avoir obtenu le Grand Prix de Rome en 1857, il passe cinq ans en Italie, dont trois années à la villa Médicis. De retour en France, il effectue des réductions pour piano d'opéras et d’autres compositeurs pour parvenir à vivre de son art (les œuvres diverses qu'il composera : Les Pêcheurs de perles, La Jolie Fille de Perth, Djamileh, L'Arlésienne, n'obtiendront que peu de succès).

En 1869, il épouse la fille du compositeur Jacques Fromental Lévy (1799-1862), Genevièvre Halévy. Malgré la naissance d'un fils, Jacques (qui comptera parmi les meilleurs amis de jeunesse de Proust), la vie familiale de Bizet ne sera pas des plus heureuses. Le compositeur se révélera assez volage et leur union ne durera que six ans.

En 1875, la création de l'opéra-comique Carmen ne lui permettra pas d'obtenir l'accueil qu'il souhaitait. C'est un échec. Souffrant d'une angine de poitrine et de rhumatismes articulaires dus à un bain pris dans la Seine, Bizet décédera quelques mois plus tard, le 3 juin 1875, d'un infarctus à Bougival (Seine-et-Oise). Comble de malchance, il succombera au moment même où Carmen commençait à obtenir du succès !

Par Patrick Martial (Cadence Info - 02/2023)

À CONSULTER

GEORGES BIZET ET CARMEN

L’opéra Carmen de Georges Bizet est certainement l’œuvre la plus connue du compositeur. Avec les Pêcheurs de Perles et la musique de L’Arlésienne, Bizet démontre ses qualités de mélodiste et d’orchestrateur...

GEORGES BIZET, DE L'ARLÉSIENNE À LA HABANERA DE CARMEN

Le compositeur Georges Bizet aimait écrire des mélodies qui traduisaient des impressions de voyage. Avec L'Arlésienne, il nous conduit en Provence, et avec L'amour est un oiseau rebelle de l'opéra-comique Carmen, il nous invite à une danse d'origine cubaine, la habanera.

LES ŒUVRES CLASSIQUES MAJEURES

Les œuvres classiques que nous vous avons sélectionnés dans cette page prennent en compte tous les grands compositeurs de chaque période : baroque, classique, impressionniste jusqu’à la musique contemporaine.


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