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JEANNE ADDED, L'INTERVIEW 'BE SENSATIONAL'

Issue d’un parcours musical qui lui a fait connaître les décors propres au jazz, l’auteure-compositrice et chanteuse Jeanne Added prend ses distances en proposant un premier album orienté rock, minimaliste et plein d’énergie : Be Sensational


DU JAZZ À LA CHANSON ROCK

Si Jeanne Added étudie sérieusement la musique, le violoncelle et le chant au conservatoire de Reims, c’est à Paris qu’elle aborde le jazz au CNSMDP avant de partir à Londres pour poursuivre ses études au cœur de la Royal Academy of Music. En France, ses pas la conduisent à rencontrer quelques figurent importantes de la scène jazz française comme Bernard Lubat, Riccardo Del Fra, Vincent Courtois ou encore Baptiste Trotignon.

C’est en 2008 qu’elle amorce son premier virage musical qui l’éloigne du jazz. Elle commence à composer et à se produire en jouant de la basse. Puis ce sera la rencontre avec The Dø en 2011 où elle fera la première partie de leur concert. Trois ans plus tard, elle enregistre un premier EP (5 titres) qui sera réalisé par Dan Levy de The Dø, présent également aux manettes de son dernier disque, Be Sensational (sorti en juin 2015).

Les spectateurs habitués des festivals d’été, comme ceux des 'Trans Musicales' de Rennes ou des 'Nuits Secrètes' de Aulnoye-Aymeries, auront pu goûter en avant-première aux dernières chansons de cette révélation montante. Rien d’étonnant à cela, car la scène est le lieu qu’elle affectionne tout particulièrement !


INTERVIEW JEANNE ADDED

Bonjour Jeanne Added... Vous exercez la musique professionnellement depuis environ 10 ans et vous avez commencé au conservatoire à l’âge de six ans. Vous avez pas mal travaillé avec des artistes, notamment dans le milieu du jazz. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans une expérience solitaire ?

C’était pour jouer ma propre musique. À la sortie de l’école, j’ai été sollicité pour jouer la musique des autres, et à moment donné j’ai eu la nécessité de me mettre à jouer la mienne.

La nécessité plus que l’envie…

Oui, c’était vraiment physique.

Et vous saviez ce que vous aviez envi d’exprimer et sous quelles formes ?

Le premier truc, c’était vraiment de le faire. Après, l’esthétique et la forme que ça a pris, cela s’est construit avec le temps, même si au départ l’envie était de la musique, en tout cas pas du jazz, mais de la musique électrique, électrifiée, pour des salles debout et des gens de mon âge.

Est-ce qu’il y a eu à un moment donné un déclic qui vous a fait dire « il faut que j’y aille » ?

Il y a eu une période où j’arrivais de moins en moins à faire ce que l’on me demandait de faire. Vocalement, cela ne correspondait plus à ce que je souhaitais exprimer, avec des moments où en sortant de scène j’avais envie de crier.

Vous avez composé beaucoup de choses avant d’arriver à ces 12, 13 chansons ?

Sur l’album, il y en a dix. C’est un tout petit album. Il a eu plusieurs étapes... J’ai composé d’abord des musiques sur des textes, des poèmes déjà existants. J’ai composé, mais sans doute pas assez. En tout cas, je ne lâchais pas les chansons. Une fois que j’en avais commencé une…

Vous vouliez aller jusqu’au bout du processus

Oui, exactement.

Vous avez pris le temps d’inclure Dan Levy… Qu'attendiez-vous de lui ?

C’est une très belle rencontre. C’est quelqu’un qui a été très généreux par son talent et son exigence.

Comment avez-vous fonctionné ensemble ?

C’était sur des temps très ramassés. Il était en train de terminer son troisième album avec The Dø, alors que moi je travaillais encore un peu dans le jazz. On avait deux ou trois jours chaque mois, il fallait donc être très efficace… Je lui apportais la chanson et on la travaillait. Au fur et à mesure, je la poursuivais jusqu’à l’enregistrer.

Vous lui expliquiez ce que vous vouliez ou alors c’était plus dans la musique…

J’essayais que cela soit inscrit dans la chanson que j’apportais comme la direction à prendre. Il y avait aussi des chansons qui étaient à l’état de squelette.

À l’écoute de l’album, la première chose qui frappe, c’est l’efficacité, la puissance. Je n’ose pas dire simple parce que c’est trop réducteur. C’est ce minimalisme que vous recherchiez au début ?

Enfin… oui. Je suis plutôt une adepte du moins. Trouver la solution dans le moins, toujours. Cela ne m’étonne donc pas que cela soit la sensation qui prévaut… La rencontre avec Dan a permis de développer tout ce qu’il y avait autour des canevas des chansons. Ce n’est pas en tout cas moins minimaliste que ce que je faisais auparavant.

La rythmique, la batterie est très présente. C’est une ossature qui pouvait être le point de départ d’une chanson ou c’est un élément qui venait l’habiller par la suite ? Comment vous avez fonctionné ?

Je ne suis pas batteuse du tout. Ça, c’est la partie de Dan. Moi, j’ai écrit des mélodies, des accords, des lignes de basse... Sans avoir vraiment cette connaissance-là, c’était vraiment ce que j’avais envie.

Il a apporté ce que vous recherchiez chez lui… Comment abordez-vous la scène, parce que c’est une chose d’accompagner d’autres artistes qui jouent leur musique, là vous êtes sur le devant de la scène, c’est votre musique. Quel est votre rapport ? A-t-il changé du coup ?

J’avais envie aussi de ça quand j’ai commencé à faire ma musique. Malgré tout, mon rapport à la scène reste le même. C’est un endroit que j’ai toujours abordé avec respect… avec exigence et un grand désir, parce que c’est un endroit que j’aime beaucoup. En fait, cela s’organise un peu. Je ne joue pas de la basse sur tous les morceaux, j’avais envie de pouvoir me balader sur un plateau… On a transposé la musique qui a été écrite sur ordinateur avec des instruments pour qu’elle soit réellement jouée sur scène… Les petites erreurs qui arrivent quand ce sont des personnes qui jouent, à savoir Anne Paceo à la batterie et Narumi Herisson aux claviers, sont des choses qui apportent de l’humanité.

Vous venez de l’univers du jazz… Vous arrivez à retrouver ce côté improvisation que l’on peut avoir dans le jazz dans vos chansons. Le recherchez-vous d’ailleurs !

Il n’y a pas que dans le jazz qu’il y a de l’improvisation. Il y en a eu durant des années dans le rock et encore maintenant. Il y a un morceau dans lequel on fait une coda et où tout ce qui ce passe n’est pas totalement écrit. Il ne s’agit pas de faire des solos et de me mettre à scatter… c’est sûr ! Mais, par contre, il y a quelques moments d’ouverture.

Propos receuillis par S. Folin

(Cadence Info - 11/2015)


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