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THE Dø PORTRAIT - INTERVIEW 'SHAKE SHOOK SHAKEN'

The Dø est l’un des groupes les plus aventureux, les plus passionnants de la scène française actuelle. C'est l’avènement d’une identité musicale toute personnelle, influencée par un indie pop, toute à la fois rêveuse et mélodique, sauvage et sans frontière, et triturée par un instrumentiste aux multiples facettes dénommé Dan Levy et par une voix électrisante et singulière, celle d’Olivia Merilahti.


THE Dø , UN INTERVIEW PORTRAIT D'OLIVIA MERILAHTI ET DE DAN LEVY

The Dø ont débuté en 2007 avec le site communautaire "My Space". Des quatre titres qu'ils proposent s'échappe On My Shoulders, premier tube inattendu qui propulse le groupe dès lors en dehors du mirage Internet. Leur premier album, intitulé A Mouthful devient double disque d’or, ce qui leur permet de lancer leur carrière avec une certaine assurance. Depuis, The Dø poursuit son odyssée sonore, et après avoir signé un troisième album en 2012, Both Ways Open Jaws Extended à la tonalité beaucoup plus rock, leur dernière production, Shake Shook Shaken (album rock aux "Victoires de la musique 2015") semble avoir été conçue pour nous secouer. C'est peut-être ça, le secret de The Dø !


Olivia vous êtes né d’une mère finlandaise et d’un père français. Vous avez grandi en Finlande ?

Olivia Merilahti : non, mais j’ai y passé tous mes étés et j’y ai vécu un petit moment.

Il y avait beaucoup de musique à la maison ?

Olivia : il y avait Mozart, les Beatles et Phil Collins.

Vous avez eu envie de chanter tout de suite ? C’était quelque chose de physique, de naturel ?

Olivia : oui. Je pensais que c’était quelque chose que tout le monde faisait. J’ai chanté toute mon enfance, mais ensuite j’ai réalisé que tout le monde ne chantait pas.

Vous Dan, vous avez grandi à Paris et vous avez passé pas mal de temps dans les cuisines de vos parents restaurateur. Pour vous, y a-t-il un lien entre musique et cuisine ?

Dan Levy : dans mes premiers souvenirs, en tout cas, c’était dans une cuisine. Je crois que le jour où j’ai ouvert les yeux, j’ai eu l’impression qu’en musique c’était un peu la même chose… Il y a la cuisine et puis les gens qui mangent. On peut très bien donner de la mauvaise « bouffe » comme une bonne « bouffe » simple… Et puis, je n'oublie pas que mon premier concert, c’était chez mes parents. Mon père organisait des concerts de jazz les samedis soir et je passais des heures à regarder le batteur. Ça me fascinait de voir et surtout de comprendre que c’étaient des ingrédients qui étaient séparés et qui, ensemble, faisait quelque chose d’incroyable.

À vous deux, c’est quoi le premier vrai grand choc musical ?

Olivia : je crois que c’était l’album de Björk, Post, que j’ai eu lorsque j’avais quatorze ans et que m’avait offert ma grand-mère. Dans cet album, il y avait plein de choses, tellement d’influences qui étaient parfaitement digérées que j’ai eu l’impression d’avoir appris une leçon de « pop ».

Et vous Dan ?

Dan : je pense que c’est le jour où j’ai découvert un album avec John Coltrane et Duke Ellington. C’est certainement le disque que j’ai le plus écouté dans ma vie et qui m’a le plus bouleversé.

En 2005, vous vous rencontrez à travers la bande originale du film L’empire des loups. Cette rencontre, comment peut-on la qualifier. D’explosive, d’évidente ?

Dan : dès le premier jour, on a commencé à travailler ensemble comme des fous sans jamais s’arrêter.

Olivia : au début, ce n’était pas forcément harmonieux comme c’est le cas pour d’autres rencontres.

Dan : alors que maintenant, c’est l’harmonie qui règne ! (rires)


THE Dø  : DESPAIR, HANGOVERS & ECSTASY (live)

Quelques mois plus tard, vous êtes contacté par le chorégraphe Juha Marsalo. A-t-il éveillé quelque chose en vous ?

Dan : il nous a appelés tandis que nous étions en Finlande. Je crois que c’est le pire rendez-vous de notre vie. C’était une catastrophe. Il est venu dans notre studio pour écouter des morceaux et tout ce qu’on lui faisait entendre, ça n’allait pas. J’étais très énervé et je lui ai dit : « Écoute, si tu n’aimes rien, tu n’as qu’à partir ». Il m’a répondu que l’on devrait travailler ensemble parce qu’on pourrait « casser des briques ». On a alors bossé comme des fous et de là est née la chanson The Bridge is Broken. »

On retrouve cette chanson sur votre premier disque A Mouthful sur lequel figure également un titre qui vous colle désormais à la peau et que l’on vous demande de jouer partout, On My Shoulders.

Olivia : en fait, cette chanson, c’est tout ce qui s’est échappé de cet album.

Mais cela vous a permis de voyager, de faire des tournées, d’aller jouer un peu partout à travers le monde…

Dan : un peu trop vite d’ailleurs. On n’est pas passé par la case « galère ». On s’est retrouvé très vite propulsé sur les grandes scènes. Moi, je n’avais jamais joué de basse et Olivia venait d’acheter une guitare… Au début, notre tourneur qui nous avait contactés sur My Space, nous a demandé : « Vous avez un groupe, vous jouez ? » Oui, oui bien sûr ! Un véritable coup de bluff et je lui ai dit : « Tu nous trouves dix concerts et l’on bosse avec toi. » Sauf que la semaine suivante, lorsque nous avons joué en première partie des Brazilian Girls, au nouveau Casino, on a bien flippé !

Die Antwoord est un groupe qui revient souvent dans vos propos…

Dan : oui, c’est vrai. Ce sont des bad boys, de vrais punks, c’est un groupe qui pousse le « bouchon » très loin. Ils nous inspirent, parce qu’il y a chez eux le côté « personnage de BD ».

Votre troisième album a été encensé par la critique et bien accueilli par votre public. Aujourd’hui qu’est-ce qui vous manque ? De quoi avez-vous envie ?

Dan : oh ! Plein de trucs… Pour nous, c’est de continuer à voyager avec cet album, d’aller plus loin dans le « live »

Olivia : on est plutôt comblé dans le retour que l’on a de l’album et du public. On est ravi, mais forcément on voit toujours plus loin. C’est ça qui nous stimule. Comblé, mais insatisfait en même temps.

Quel est votre meilleur souvenir de concert ?

Olivia : je pense toujours aux "Vieilles Charrues" de 2008. Ce n’est certainement pas notre meilleur concert, mais c’est juste le vertige de jouer devant une telle foule, cela ne nous était jamais arrivé.

Merci et bonne route à vous.

Propos recueillis par L. Thessier (Cadence Info - 02/2015).



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