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CLASSIQUE / TRADITIONNEL

LA BELGIQUE ET SES COMPOSITEURS DE MUSIQUE CLASSIQUE

La particularité de la musique classique belge est d'être aimantée dans deux directions différentes par les deux pôles culturels wallons et flamands. Les musiciens belges forment ainsi deux familles distinctes. L'une et l’autre, cependant, dans leur ensemble, ont subi plus fortement l'influence de l'Europe Centrale que celle des nations latines.


LES PRINCIPAUX COMPOSITEURS WALLONS

Les musiciens wallons, attirés par l’idéal méditerranéen, se sont rapidement fondus dans l’école française, mais en y apportant, comme le compositeur César Franck - et certains de ses élèves -, un wagnérisme latent qui conserve à leur langage une noblesse et une ampleur immédiatement reconnaissables. D'autres ont poursuivi dans leur pays une carrière glorieuse et féconde.

© wikipedia (de g. à dr. : Albert Dupuis, François-Auguste Gevaert et Paul Gilson)

Albert Dupuis (1877-1967). Il fit ses études musicales à Paris et rentra à Verviers, sa ville natale, pour y prendre la direction du Conservatoire.

Sylvain Dupuis (1856-1931). Compositeur sérieux et pédagogue de valeur, il fonda des sociétés chorales et orchestrales, dirigea brillamment le Conservatoire de Liège et occupa longuement le poste de premier chef d'orchestre au théâtre de la Monnaie.

François-Auguste Gevaert (1828-1908). Il a composé de nombreux ouvrages lyriques, mais a conquis sa notoriété par ses travaux musicologiques et pédagogiques ainsi que par l’éclat de sa direction au Conservatoire de Bruxelles.

Paul Gilson (1865-1937). Il répartit son activité de professeur entre le Conservatoire de Bruxelles et celui d'Anvers. Il composa des opéras, des poèmes symphoniques, des ouvertures et des ouvrages spécialisés d'un intérêt supérieur.


FRANÇOIS-AUGUSTE GEVAERT : "NOCTURNE POUR PIANO"
(piano Eliane Reyes)

LES PRINCIPAUX COMPOSITEURS FLAMINGANTS

Les musiciens flamingants se réclament de Peter Benoit (1834-1901), compositeur fécond et apôtre agissant de l’idéal artistique de sa province. Il dirigea avec un vigoureux esprit de prosélytisme l’École flamande de Musique d'Anvers.

© wikipedia (de g. à dr. : Edgar Tinel, Jan Blockx et Joseph Jongen)

Jan Blockx (1851-1912). Il est le plus remarquable élève de Peter Benoit. Il prolongea son œuvre, fonda un « Cercle Artistique », galvanisa le zèle de ses compatriotes et succéda à son maître à la direction de l’École flamande d’Anvers transformée en Conservatoire Royal. Simultanément, il se fit connaître comme compositeur lyrique et obtint de grands succès avec sa Princesse d’auberge et sa Fiancée de la Mer.

Nicolas-Jacques Lemmens (1823-1881). Organiste, il sera plus naturellement orienté vers l’art sacré. Il s'illustrera avec des pages remarquablement écrites pour son instrument.

Edgar Tinel (1854-1912). Le successeur de Gevaert prendra la direction du Conservatoire de Bruxelles et sera l'auteur de beaux oratorios, parmi lesquels un Franciscus d’un mysticisme tendre et touchant, bien digne de son sujet.

Léon Dubois (1859-1935). À la mort d'Edgar Tinel, il occupera son siège directorial et se fera apprécier comme compositeur de théâtre.

Joseph Jongen (1873-1953). Il devait, tout comme Léon du Bois, mener à bien la même mission officielle et se consacrer à la composition d'ouvrages symphoniques et de musique de chambre, parmi lesquels des sonates et un concerto de violon, œuvres qui ont eu un grand retentissement.

Victor Vreuls (1876-1944). Il fut élève de Vincent d’Indy avant d’aller diriger le Conservatoire du Luxembourg.

Eugène Ysaye (1858-1931). Il ne faut pas négliger l’apport de ce musicien dans le domaine de la composition et celui de son frère Théo (1865-1918) qui élabora des œuvres délicates et nuancées.


JAN BLOCKX : "DANSES FLAMANDES"
(Orchestre Philharmonique de la RTB, Bruxelles, dir. Alexander Rahbari)

QUELQUES AUTRES COMPOSITEURS QUI MÉRITENT D'ÊTRE CITÉS

Les espoirs de l’école belge se concentrent sur la fantaisie, l'humour, la souple élocution de Marcel Poot (1901-1988), l’audace parfois déconcertante de Jean Absil (1893-1974), l'excellente humeur d'André Souris (1899-1970), la vivacité et la délicatesse de Fernand Quinet (1898-1971).

© wikipedia - Louis Delune

Parmi les aînés et les contemporains de ces chercheurs, il faut citer Raymond Moulaert (1875-1962), auteur d'intéressants lieder, directeur d’une École de Musique d’où est sorti Arthur Hoérée (1897-1986), qui vint, de bonne heure, à Paris, achever ses études au Conservatoire et poursuivre sa carrière de compositeur et de subtil théoricien de son art. Mais aussi, Armand Marsick (1877-1959) qui se consacra à l’enseignement en même temps qu’à la composition et qui eut à s'acquitter d'importantes missions artistiques à Paris, à Nancy, à Rome, à Athènes et à Bilbao avant de revenir se fixer dans son pays natal.

Avec plus ou moins de bonheur, bien d'autres compositeurs belges chercheront l'estime de leurs pairs :

Francis de Bourguignon (1890-1961). Ce Bruxellois deviendra professeur de musique au Conservatoire royal de Bruxelles en 1900, où il suivra notamment les cours de piano d'Arthur De Greef. Il sera aussi l'auteur de plusieurs publications dans des revues musicales.

Louis Delune (1876-1939). Élève d'Edgar Tinel et d'Arthur De Greef, Delune demeure un compositeur méconnu malgré de nombreuses œuvres distinctes, en particulier des opéras, symphonies, ballet et pièces pour piano, ainsi que des quatuors à cordes et autres musiques de chambre. Il sera chef d'orchestre de sa ville natale, Charleroi, et œuvrera en tant que professeur de piano au Conservatoire de Bruxelles.

Albert Huybrechts (1899-1938). Ce compositeur, fils d'un contrebassiste, deviendra hautboiste et détiendra le poste de professeur d’harmonie en 1937 au Conservatoire royal de Bruxelles, peu de temps avant sa mort. Sa remarquable sonate pour violon et piano sera présentée pour la première fois par le pianiste Alfred Cortot, à New York.

Désiré Paque (1867-1939). Après avoir suivi des études musicales au Conservatoire royal de Liège où il obtiendra plusieurs premiers prix, Paque passera une majeure partie de sa vie à enseigner, pour commencer dans sa ville natale, puis à Athènes, Lisbonne et Paris. Comme compositeur, on lui doit Pâque, une œuvre cheminant dans l’atonalité naissante de Schönberg, et une Symphonie pour orgue composée à Berlin en 1910.

Maurice Schoemaker (1890-1964). Compositeur autodidacte, il est l'auteur d'œuvres tonales avec une nette préférence pour les formes classiques et le lyrisme romantique. Son vaste répertoire va des pièces symphoniques à la musique de chambre en passant par des pièces chorales. Sa pièce la plus célèbre reste le poème symphonique Vuurwerk (Feu d'Artifice ou Fireworks - 1922).

Par Patrick Martial (Cadence Info - 12/2022)

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