L'info culturelle des musiques d'hier et d'aujourd'hui
CHANSON

NATASHA ST-PIER INTERVIEW 'MON ACADIE'

Le public français l’a découverte dans la comédie musicale Notre-Dame de Paris. La chanteuse Natasha St-Pier est certainement la plus française des chanteuses canadiennes, aussi a-t-elle décidé de venir vivre parmi nous. Pour autant, son dernier album est constitué uniquement de chansons acadiennes, des chansons issues de ses racines et auxquelles elle rend un vibrant hommage.


NATASHA ST-PIER CHANTE DES AIRS TRADITIONNELS VENUS D’ACADIE

Mon Acadie est le dernier album en date de la chanteuse Natasha St-Pier. Ce disque-là, seulement constitué de chansons traditionnelles acadiennes, est avant tout un témoignage affectif envers ses racines. Après avoir interprété, aux côtés de Elisa Tovati, Grégory Turpin, Sonia Lacen et Anggun, quelques poèmes religieux de la carmélite Sainte Thérèse de Lisieux dans Thérèse - Vivre d’amour (2013), la chanteuse amorce un virage à 360° en nous plongeant dans une ambiance autrement festive. En effet, le climat de cet album coloré correspond bien au tempérament rayonnant de la chanteuse, d’autant plus que cette sortie coïncide avec un heureux évènement.

Après la version belge de "The Voice", la présentation de l’Eurovision 2014 et un rôle dans la comédie musicale Le Magicien d’Oz, la chanteuse est bien partie pour nous faire découvrir quelques mélodies de cette région encore trop méconnue, l’Acadie. À côté de versions déjà popularisées par d’autres interprètes : Michel Fugain (Tous les Acadiens) que l’on retrouve ici en duo pour la chanson La bastringue, et Julien Clerc (Travailler c’est trop dur), l’album Mon Acadie possède une couleur folk indéniable. L’utilisation de quelques instruments typiques comme le violon fiddle, l’accordéon, les cuillères ou le banjo n’y sont pas étrangers et vous plongent aussitôt dans l’ambiance.

Aux rythmes entraînant, succèdent de lentes ballades où se mêlent guitares et tambours indiens, car pour officialiser ce projet qui lui tenait à cœur, mais aussi pour respecter l’aspect traditionnel et les langues acadiennes, la chanteuse a interprété un titre en iroquois (Ani Couni) et un autre en micmaque (Moweome Aoimkoai avec Kit Gogoen), un dialecte amérindien. C’est d’ailleurs dans ce genre de registre que l’album Mon Acadie prend du relief, par ce petit plus si authentique et profond qu'il vous donne aussitôt une seule envie ; celle de mieux connaître nos cousins acadiens.


INTERVIEW NATASHA ST-PIER

Bonjour Natasha. Vous venez de sortir un album très particulier intitulé Mon Acadie chez Sony. Pourquoi aviez-vous envie de retrouver vos racines maintenant, à ce moment précis de votre vie ?

Cela faisait un petit moment que je désirais retrouver mes racines, mais il fallait trouver le bon moment pour que tout fonctionne, pour que les musiciens, la maison de disques, que les producteurs aient envie de faire cet album-là avec moi. Le hasard de la vie a fait qu’en même temps je suis tombé enceinte... Tout se passe pour que je retourne à mes racines.

Et puis il y a eu Nolwenn Leroy qui vous a rendu un petit service…

J’ai dit à Nolwenn que sans le succès de son album Bretonne, je pense qu’aucun producteur ne se serait lancé dans la production d’un album qui parle d’une aussi petite région que l’Acadie, si loin de la France. Avec le succès de son album, elle est arrivée à démontrer que l’on pouvait parler des régions.

La Bretagne, on connaît ici, mais l’Acadie beaucoup moins. Si vous deviez présenter cette province en quelques mots, que diriez-vous ?

L’Acadie, c’est plusieurs petites provinces du Canada, entre le Québec et l’océan Atlantique, constituées d’émigrés français qui se sont installés là vers 1600 pour y vivre longtemps. Déportés par les Anglais en 1755, certains sont revenus tandis que d’autres sont restés en Louisiane… L’Acadie c’est avant tout la nature, le plaisir et la fête.

Une identité culturelle forte aussi…

Très, très forte effectivement !

Votre album est constitué de reprises de chansons traditionnelles. Il y a des ballades et même une comptine. Ces chansons ont été mises à votre « sauce ». Les accompagnements sont extrêmement modernes, parfaitement arrangés. Ce ne sont plus les chansons telles qu’on les connaît, du moins pour certaines d’entre elles…

J’ai eu la chance d’avoir un très bon réalisateur, Laurent Marimbert, qui a pris des chansons folkloriques et qui en a fait quelque chose de très contemporain tout en gardant l’esprit canadien. C’est une musique country-folk que l’on n’a pas souvent l’habitude d’entendre chanter par des femmes en France. Cependant, au bout de deux ou trois chansons, on se laisse prendre par la magie de cet album.

Vous êtes accompagné par une belle brochette d’artistes acadiens, canadiens et français…

J’avais envie de rassembler tous mes univers. J’ai un pied au Canada, un pied en France, donc il y a eu des artistes canadiens avec lesquels j’avais très envie de collaborer comme Rock Voisine, Edith Butler et bien d’autres que l’on ne connaît pas ici en France, et des artistes français que j’aime énormément comme Tony Carreira, Michel Fugain, Grégoire avec lesquels j’ai évolué.


NATASHA ST-PIER : MOWEOME AOIMKOAI

Vous avez enregistré avec des instruments traditionnels, mais ce disque-là n’est-il pas au fond un « doudou » pour vous ?

J’ai toujours chanté une certaine musique et écouté un autre. J’avais envie pour une fois d’avoir un album qui rassemble mes deux personnalités, la musique que j’écoute et la musique que je chante, de façon à ce que cela fasse plus qu’un. Du coup, les moments de réflexions se sont effacés et ont laissé place à du laisser-aller.

C’est un retour dans la province de votre enfance, bien évidemment, et comme presque au même moment vous allez devenir maman, on se dit que ce n’est pas tout à fait un hasard…

C’est un hasard, mais un très beau hasard qui m’a fait comprendre à quel point enseigner une culture quand on ne vit pas dans un pays devient difficile, mais j’avais envie de le faire. La double nationalité, ce n’est pas qu’un papier. Cet album-là va m’y aider.

Vous chantez en français, mais aussi en micmaque et iroquois, c’est assez incroyable !

J’essaye d’emmener un peu de ces cultures qui font de l’Acadie ce qu’elle est.

Écouter en ligne Mon Acadie sur Deezer

(Cadence Info - 12/2015)


RETOUR SOMMAIRE
FB  TW  YT
CADENCEINFO.COM
le spécialiste de l'info musicale