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PAPA WEMBA ET LA RUMBA - INTERVIEW AUTOUR DU 'MAÎTRE D'ÉCOLE'

Prince de la rumba congolaise, le chanteur Papa Wemba est toujours fêté dans la ville de Kinshasa. À 65 ans, il ne conçoit pas de retraite musicale tant que rythmes et mélodies continueront de battre dans son cœur. La rumba, c’est sa musique. Il la porte à bout de bras depuis près de cinquante ans. Tantôt moderne, tantôt classique comme aujourd’hui avec son dernier album Maître d’école, il continue de chanter l’amour dans ce qu’il a d’essentiel.



INTERVIEW PAPA WEMBA

Bonjour Papa Wemba… Vous venez de fêter vos 65 ans. Vous avez bientôt 50 ans de carrière et vous sortez votre 38e album, Maître d’école. Est-ce qu’après tout ce temps-là, vous avez encore le désir de faire de la musique, de vous retrouver sur scène ?

Papa Wemba : 0 vrai dire, le seul endroit qui me donne beaucoup de plaisir, c’est bien la scène. Je nage comme un poisson dans l’eau et j’ai toujours l'envie.

Votre album, Maître d’école, marque une sorte de retour à la rumba originelle. Qu’est-ce qui a motivé cette direction ?

Hier, la rumba a été critiquée parce qu’elle était détrônée par d’autres genres musicaux. Elle était là hier ; elle l’est encore aujourd’hui et demain elle le sera encore. Je me dis que je suis parmi les défenseurs de ce genre rythmique. En fait, je vais encore plus loin… Elle est la maternité de la musique africaine.

Mais avec votre groupe, dans les années 70, vous aviez créé "Zaiko Langa Langa"… Vous l’aviez dynamité cette rumba. Il y avait une forme de modernité, plutôt rock… Et là, vous êtes revenu à une forme plus traditionnelle…

De plus traditionnel, parce que chez nous elle est défendue comme ça. En fait, avec "Zaiko Langa Langa", on voulait sortir un peu de l’ordinaire. C’était l’époque des yéyés, l’époque des Beatles. Nous désirions faire quelque chose de personnel et ça avait marché. Mais aujourd’hui, on retourne beaucoup plus à la vraie rumba.

C’est quoi les fondamentaux de la vraie rumba ? C’est quoi la base ?

La base, c’est le chant, la mélodie, des phrases, des mots, et ensuite ce sont des guitares qui accompagnent.

Et vous avez respecté ces fondamentaux pour cet album ?

Oh Oui ! Je ne me suis pas écarté de ça, même si j’ai fait des petits clins d’œils parce que j’ai des oreilles à l’écoute de ce qui se passe autour de moi : piano et voix, guitare et voix…

Vous avez changé votre façon de travailler en changeant d’équipe. Les musiciens vous ont épaulé dans les arrangements. Qu’est-ce qu’ils vous ont proposé et que leur avez-vous demandé ?

Je me suis dit « Je connais mes limites. Il faudra que je m’entoure d’une équipe qui travaille avec moi. » Ainsi leur ai-je donné des directives à suivre. Le travail a tellement été concluant que le résultat est là !

Ils vous ont apporté des choses différentes par rapport à la rumba ?

Pour dire vrai, je suis vraiment resté dans la rumba, dans celle qui est faite chez nous. Je ne m’en suis pas écarté, avec sa fraîcheur.

Maître d’école est un double album avec 25 chansons. Vous aviez beaucoup de choses à dire. J’imagine qu’il a fallu faire le tri ?

Cela faisait deux ans que j’étais sur cet album. J’ai failli m’arrêter à 13 titres, mais c’est en mangeant que l’appétit vient, alors j’ai allongé, j’ai allongé et je suis arrivé à 25 titres. C’est une grande première pour moi, mais cela ne m’affole pas. Je suis très content d’avoir fait ce double album.

Pourquoi avoir appelé cet album Maître d’école ?

En fait, je trône depuis plus de trois décennies au-dessus d’une institution locale "Viva la musica Molokaï", et qui a vu défiler un bon nombre d’artistes qui font aujourd’hui l’honneur de la rumba congolaise. Alors, je me suis dit que j’étais devenu le maître d’école absolu.

En tout cas, vous êtes l’un des derniers patriarches de la musique congolaise. Tabu Ley Rochereau est mort il y a quelque temps…

Paix à son âme.

Vous vous sentez dépositaire d’une mission ?

Il est vrai que je ne peux pas m’écarter de ça. Je suis là et j’ai mes reins encore solides. Je suis encore un homme debout... En disant aux enfants que nous avions un modèle qui était là, qui est encore vivant, autant nous rapprocher de lui et apprendre tout ce qu’il avait appris de ses aînés.

De quoi parle cet album ?

L’amour, mais pas l’amour charnel, celui au juste sens du mot. Je chante même l’amour du football... Je cite même Messi !


PAPA WEMBA : OYEBI

En parlant d’amour, vous vous êtes marié au mois d’août 2014 avec Marie Rose Amazone. C’était à Kinshasa. Ce jour-là, vous avez fait un grand bal populaire… Est-ce que la fête a été belle ?

C’était un rendez-vous à ne pas manquer après 44 ans de vie commune. Nous avons décidé de sceller notre amour à l’église.

Pourquoi devant la population de Kinshasa ? Vous entretenez un rapport particulier avec eux ?

Il nous fallait ça parce qu’ils avaient hâte de voir cette union. Ils étaient là à nos débuts et il fallait leur donner cette occasion de nous voir tous les deux publiquement. C’est une femme que j’adore, avec tous les enfants…

Attention ! Voilà la question qu’il ne fallait pas poser : Combien d’enfants ? (rires)

Je suis un papa de plusieurs enfants et je les adore tous.

Vous êtes aussi un grand Sapeur… Où en est la SAPE actuellement ?

En bien ou en mal, hier, elle était critiquée. C’était un « truc » de voyou.

SAPE, ça veut dire…

La "société des ambianceurs et des personnes élégantes". Aujourd’hui, tout le monde se réclame Sapeur. Ce n’est pas que je m’en moque, mais bravo à toi papa qui a propulsé ce que je suis devenu !

Propos recueillis par S. Folin

(Cadence Info - 04/2015)


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